Même si l’usine Barika Tigi a pu donner quelques emplois à certains jeunes du quartier, force est de constater que beaucoup d’autres meurent dans le silence à cause de l’odeur nauséabonde et piquant qui se dégage aux alentours.
Et pourtant, pendant l’installation de la structure, certains avaient pris leur courage à deux mains pour dénoncer tout ce que cela pouvait engendrer comme mal à la population. Il s’agissait entre autres de leur exposition à des produits toxiques et à des bruits incessants. C’est pourquoi d’ailleurs les jeunes réunis en association se sont imposés et ont même cassé les murs de l’entreprise plusieurs fois malgré l’autorisation du patron de la société SODEMA de Alain Achkar qui fabrique Barika tigi. Ce n’est pas tout, le gouverneur de Bamako Ibrahim Féfé Koné ayant été clairvoyant sur la question, avait même par décision n°550 du 8 décembre annulé l’autorisation de construire.
Que s’est-il passé entre temps ?
L’on croyait tous qu’avec ce décret tenu en toute responsabilité par le gouverneur, le richissime Achkar allait transporter son usine ailleurs. Mais hélas, la société a amené cette décision auprès du tribunal administratif où et elle obtiendra gain de cause par le jugement n°260 du 2 juin 2011. Depuis lors, la société a pu reprendre les travaux sur la base de la grosse de jugement du tribunal administratif et s’est implanté confortablement.
Aujourd’hui, des années ont passé mais les problèmes persistent. Lors du ravitaillement de la soude caustique à l’usine, c’est le sauve qui peut. Pour qui connait ce produit qui, transformé en poussière ou en brume en suspension dans l’air cause des graves irritations du nez et de la gorge. Le contact aussi avec la peau peut causer de la douleur, des rougeurs, des brûlures et des vésications. Or, c’est l’élément premier dans la fabrication du savon. Difficile d’avoir une respiration à la normale, nous témoigne un jeune du quartier que nous avons croisé devant une salle de jeu. Une thèse affirmée par son ami aussi qui va loin en expliquant que le Libanais profite de la situation précaire des habitants du quartier pour régner en roi. « Lorsque nos ainés se sont opposés il y’a des années à la construction de l’usine, Achkar a tout fait pour s’entendre avec la justice et par finir, ils ont construit l’usine, sans se soucier de notre santé.
Ce n’est pas que l’odeur suffocante qui nous dérange, témoigne un chef de famille proche de l’usine, souvent à des heures tardives, nous attendons de bruit à l’intérieur de l’usine. Cet homme qui semble avoir visité le Liban jure sur tout, qu’on ne verra jamais au Liban une usine dans un rayon proche comme au Mali. ‘’ Mais au Mali, tout est permis, le laxisme des plus hautes autorités a atteint son paroxysme. Je sais que l’implantation des usines sans ce quartier en est pour beaucoup, à la maladie des habitants. ‘’
Au sein de l’usine, aucun responsable n’a été juste trouvé sur place pour nous donner des explications aux différentes accusations qui leur sont faites. Mais déjà au sein du quartier, certains jeunes influents promettent de continuer à sonner l’alarme. Et si après tout cela, rien n’est fait, ils souhaitent procéder autrement.
A suivre !
Abdourahmane Doucouré