Coup de pied du ministre de l’Industrie et du Commerce dans la fourmilière du sucre. Moussa Alassane Diallo prend le taureau par les cornes.
En visite de terrain dans deux unités sucrières locales, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour sabrer la gestion financière de Sukala et NSukala qui, dira-t-il, n’ont ni rentabilité financière ni rentabilité économique. Du coup, elles sont perçues comme des boulets aux pieds de l’Etat. Dans un diagnostic sans complaisance, le ministre a dressé un tableau sombre de ces deux unités de production sucrière et les a pointées du doigt dans la crise du sucre qui prévaut aujourd’hui sur le marché malien. Le sac de 50 kilos de sucre se négocie présentement à 30 000 F CFA et le kilo au détail fait entre 600 et 650 F CFA par endroits.
Cette situation de pénurie a conduit le gouvernement à autoriser l’importation de 100 000 tonnes de sucre pour faire face à la situation et permettre un accès plus facile des populations à cette denrée. Un paradoxe pour qui sait le potentiel du Mali en la matière.
De fait, notre pays est un grand producteur de canne à sucre et possède des unités de transformation en zone Office du Niger, précisément à Dougabougou et Séribala. Et pour en avoir le cœur net, le ministre Diallo a pris son bâton de pèlerin pour constater de visu la situation.
Dans une vidéo sur les réseaux sociaux, la colère du ministre de l’Industrie et du Commerce est inversement proportionnelle au désastre financier que sont devenues Sukala et NSukala où la satisfaction des besoins des populations est reléguée au second plan face à la voracité de ceux qui sont préposés à la tâche de leur fournir du sucre.Dans les deux unités industrielles, a conclu le chef du département de l’Industrie et du Commerce, tous les bons principes de gestion administrative et financière sont foulés au pied. Conséquence : ce qui devait être un fleuron de la longue chaîne de coopération sino-malienne s’est révélée au finish un gouffre financier pour l’Etat. Mais que l’on ne s’y méprenne pas, le ministre Diallo n’entend pas laisser passer l’occasion de restaurer l’autorité de l’Etat dans le monde industriel et du commerce. Concernant les deux unités sucrières, il a d’ores et déjà annoncé des mesures fortes de restructuration (tenue d’une session du conseil d’administration avec l’appui de son collègue de l’Economie et des Finances), le redressement fiscal, le paiement des taxes dues à l’Etat… Bref, il voulait ainsi placer l’épée de Damoclès sur la tête de ceux qui auront fauté.Visiblement, Moussa Alassane Diallo, banquier chevronné et fin connaisseur des milieux d’affaires maliens, a le profil pour redresser les unités industrielles ou pour relancer le processus d’industrialisation du Mali au grand bonheur des Maliens.
En tout cas, après la volée de bois verts essuyée par Sukala et NSukala, il ne viendrait plus peut-être à l’esprit de dirigeants d’industrie publique ou parapublique de susciter la colère de l’ancien directeur général de la Banque nationale de développement agricole (BNDA). Assurément, le département de l’Industrie et du Commerce a trouvé chaussures à ses pieds.
El hadj A. B. HAIDARA