Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a présidé, le jeudi dernier au Parc des expositions de Bamako, la cérémonie d’ouverture du Salon du Made in Mali qui durera jusqu’au 1er décembre prochain. C’était en présence du Premier ministre, Boubou Cissé, des membres du gouvernement et de plusieurs personnalités de marque. L’événement est organisé dans le cadre des festivités de la Journée de l’industrialisation de l’Afrique décrétée par les Nations unies le 20 novembre de chaque année.
Le salon prévoyait 77 stands repartis comme donc 18 dans stands C et D, 35 dans stands E et 6 dans stands F. A cela il faut ajouter les stands A et B dont le premier était destiné pour l’espace Sugu et le second pour la cérémonie d’ouverture. L’espace réservé par l’exposant dans les stands A, B, C, D, F, G, H, I était 20/50 (1000 mètre carré) et seul l’espace du stand E. était 40/50 (2000 mètre carré). Au regard cette organisation du plan du site et la participation masses des industriels qui avait soif de montrer leurs produits au monde entier, on pouvait dire l’organisation ce salon a réussi son pari.
Après les mots de bienvenue du maire de la Commune V, Amadou Ouattara, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), Youssouf Bathily, a exprimé sa gratitude aux autorités du pays pour l’organisation chaque année de cette activité. Il a rappelé que le président de la République a placé son second mandat sous le signe de la promotion de l’entrepreneuriat et l’emploi des jeunes et des femmes. Pour lui, on ne peut parler de promotion de l’emploi des jeunes et des femmes sans envisager au préalable un développement économique équilibré soutenu par une industrialisation qui est la voie la plus appropriée pour créer de la richesse et l’emploi durable.
Selon le président de la CCIM, notre secteur industriel traverse des difficultés qui sont relatives, entre autres, à l’accès au financement, au coût élevé des emprunts dont la durée n’est pas adaptée au projet d’investissement nécessitant des délais plus longs, au coût d’acquisition des espaces très élevé des zones industrielles, au coût élevé des facteurs de production, à la concurrence déloyale, etc. Pour soutenir véritablement l’industrie malienne et favoriser son développement, il propose entre autres, d’envisager les voies et moyens pour faciliter l’accès aux zones industrielles, la mise en place d’une banque d’investissement plus adaptée au financement des industries, la mise en place de mécanismes de lutte contre la concurrence déloyale, etc. Aussi, il a demandé aux autorités de porter une attention particulière au secteur industriel comme elles l’ont fait pour l’agriculture qui reçoit 15% du budget.
Quant à Cyril Achcar, le président de l’Organisation patronale des industriels du Mali, il a remercié le chef de l’État pour sa volonté de promouvoir l’industrie nationale dans sa vision du Mali émergent. Il a évoqué ensuite le plan de travail de son organisation connu sous le nom de Livre blanc de l’industrie qui est un recueil plein de solutions synthétisant la situation industrielle du Mali. Lequel recueil propose également 24 solutions de relance de l’industrie nourries par les différentes rencontres et les difficultés rencontrées à l’occasion des 44 années de pratique de la transformation industrielle nationale depuis le 7 juillet 1975 que l’OPI existe.
De son côté, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mohamed Ag Erlaf, a reconnu que l’industrie malienne connaît certains problèmes, notamment l’obsolescence des infrastructures. Et la zone industrielle de Sotuba en est la parfaite illustration. Pour lui, elle est non seulement obsolète en termes d’urbanisme mais aussi technologique et totalement inadaptée aujourd’hui aux objectifs qu’ils veulent atteindre avec une industrialisation moderne.
Le second problème que le ministre Ag Erlaf a évoqué est le coût de l’énergie qui rend totalement improductive toute action industrielle, la mauvaise qualité de la production et la faible articulation entre l’industrie, la recherche et les autres secteurs de l’économie. Selon lui, malgré les efforts, le Mali est un pays en guerre et si tel n’était pas le cas, il aurait pu beaucoup faire pour son industrie et les autres domaines.
Après la coupure du ruban symbolique et la visite guidée des stands, le président de la République s’est dit heureux de ce qu’il a vu en visitant ce salon. «Ce que j’ai vu en visitant ce salon, on dit chez nous, vaut d’être rendu à la maison, tant j’ai été émerveillé par le savoir-faire malien, par la calme et sereine maîtrise des techniques modernes», a indiqué Ibrahim Boubacar Keïta. Pour lui, cela est un parcours de débutant sûrement, d’industrie naissante mais qui promet beaucoup. Et surtout, une cerise sur le gâteau, le chef de l’État dit avoir vu une unité qui transforme les déchets plastiques en objets utiles et utilitaires.
Selon le président de la République, ces genres de projets doivent se multiplier et faire en sorte que notre environnement s’assainisse quotidiennement de la plus belle des façons. Car les déchets au Mali maintenant sont devenus un problème brûlant de santé publique. «J’ai vu donc l’habileté des Maliens, je l’avais déjà constatée lors du Salon de l’artisanat et ici au plan industriel également… C’est cela le Mali de demain, c’est cela le Mali de mes vœux, le Mali que je souhaite et le Mali qui sera», a ajouté le chef de l’État. Ibrahim Boubacar Keïta a dit avoir noté les préoccupations des industriels. Cependant, par rapport au marché sous-régional, il dira que certaines décisions communautaires malheureusement s’imposent à nous bien qu’elles plombent notre industrie nationale naissante par rapport notamment aux pays côtiers.
Le président Keïta a expliqué aux industriels que si l’accent est mis sur l’agriculture, c’est précisément pour que les industriels maliens aient de la matière première. La promotion de l’agriculture malienne, selon lui, permet aujourd’hui d’avoir cela. «Au total, une bonne impression de ce qui est à l’œuvre au Mali et qui doit être encouragé et que nous encouragerons par des mesures structurelles, par des mesures financières, par des accompagnements également dans le domaine du foncier», a-t-il indiqué.
Mamadou DOLO