Sababu manufacturing : Des étrangers exploitent le Mali

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L’usine Sababu Manufacturing spécialisée dans la fabrication de Tee-shirts à base du coton bio a ouvert ses portes, le mercredi 30 juin 2010. Ses promoteurs américains projettent d’exporter leurs produits chez eux, aux Etats-Unis. En plus de la main d’œuvre facile, ils utiliseront les matières premières et le sol Maliens dans le cadre d’une exploitation qui nous rappelle les mauvais souvenirs.

 

La bonne marche de cette industrie nécessite une agriculture intensive du coton dont le risque est énorme. En effet, le coton bio appauvrit le sol et le vide de toutes ses matières nutritives. D’ailleurs cette question suscite beaucoup de débats en occident. C’est pourquoi, le label ‘’coton bio’’ fait vendre presque deux fois plus cher que les produits de coton non bio encore appelé transgénique. Et l’ironie du sort, c’est en ce moment que ces gens arrivent chez nous, au Mali.

 

Le ministre malien de l’industrie, des investissements et du commerce Amadou Abdoulaye Diallo les a bien accueillis comme des acteurs du développement. Il se dit heureux parce que, selon lui, le secteur industriel s’agrandit. Ce qui n’est pas étonnant! Ces derniers temps, on ne sait plus qui dirige son ministère à sa place. Car, au lendemain de l’inauguration de Sababu manufacturing, il était interpellé à l’Assemblée nationale par le député Oumar Mariko concernant la situation de l’HUICOMA. Il a montré sa faiblesse dans le dossier. A titre d’exemple, quand l’honorable député lui a demandé si l’usine peut être nationalisée à nouveau, il n’a pas pu répondre clairement et fit entendre que ça dépend de la volonté politique.

 

S’agissant de la future entreprise d’extraction de fer de Moribabougou, il y a aussi un grand flou. Les gens ne savent pas quels intérêts le pays en tirera. Les accords ont été signés avec les exploitants indiens sans que les maires des localités ciblées (Moribabougou, N’Gabacoro et Tienfala) ne soient au courant. Le ministre doit savoir que Sababu manufacturing ne fera qu’aggraver la situation économique précaire de notre pays. Ce n’est pas pour le développement du Mali qu’elle est là, mais pour l’intérêt sordide et insatiable de ses promoteurs.

 

Comme Olivier Toumer un administrateur colonial français l’avait dit pendant la colonisation, l’occident, dit-il, pour son propre intérêt ne doit pas installer d’usines sérieuses dans le tiers monde. Il parlait surtout de l’Indonésie et de l’Afrique qui ne doivent bénéficier que des usines de transformation, pouvant mieux les servir en terme des matières premières et de matières transformées. C’est exactement le même scénario qui continue encore.

 

Nous subissons les conséquences des usines pour le bien d’autrui. Plus grave encore, nous ne possédons d’aucun moyen pour nous protéger des désastres écologiques dus aux gaz émis par ces usines à part les discours et conférences inutiles du ministre de l’environnement et de l’assainissement Tiémoko Sangaré. Ce dernier a parlé tout récemment de plantations d’arbres, de lutte contre le déboisement, de changement climatique. Mais, ne sait-il pas qu’avec l’intensification de l’agriculture industrielle les forêts seront dévastées ?

 

Déjà, nous faisons face à une crise alimentaire bien que nos dirigeants n’aiment pas qu’on le dise ainsi. Avec toutes ces terres cultivables, nous vivons d’aides alimentaires et de céréales importées parce que tout simplement ceux qui nous gouvernent trouvent que les petites industries viennent avant la nourriture. Quel gâchis et quelle erreur!

Issa Santara

 

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