Le géant indien WACEM a entamé les grands travaux de construction de cimenterie intégrée à ASTRO, dans la région de Kayes. Partenaires du projet, les banques BDM et BOAD traînent les pieds. Zoom.
D’un investissement de 66 milliards de CFA, le projet de cimenterie intégrée à ASTRO, dans la région de Kayes, prend forme. L’assemblée nationale devait adopter, le 27 mai, le projet de loi autorisant l’Etat malien à participer au capital de la société mixte d’exploitation DIAMOND CEMENT Mali- SA, filiale du groupe indien WACEM. Le projet a déjà reçu l’aval du Conseil des ministres en date du 24 mars 2010.
En principe, l’Etat malien devrait libérer la bagatelle de 2,2 milliards de FCFA dans les prochains jours, soit 10% du capital, représentant son apport. Le reste est réparti entre l’actionnariat populaire (10%), le secteur privé (10%) et le promoteur indien qui contrôle 70% des actions. Par ailleurs, une autre enveloppe de 44 milliards de FCFA sous forme d’emprunts va être libérée par la Banque de Développement du Mali (BDM), chef de file du pool bancaire local, et la BOAD, partenaire stratégique du pool dans cette opération. Reste à vaincre les hésitations car, depuis la signature de la convention le 23 décembre 2008 liant l’Etat du Mali au groupe indien WACEM, les choses ne semblent avancer que du côté du promoteur qui a libéré une dizaine de milliards de FCFA, sur un apport global personnel de 15 milliards 400 millions de FCFA.
Du côté des banques et de la BOAD, « la mayonnaise tarde à prendre », et le report de la mobilisation des fonds inquiète les responsables du groupe WACEM. «A la date d’aujourd’hui, aucune des banques n’a mobilisé des fonds, malgré les assurances données par leurs administrateurs », confie une source qui requiert l’anonymat. Bien que chef de file du projet, la BDM aurait classé sans suite le projet de son apport individuel, soit 21 milliards de FCFA. Idem pour la BOAD qui s’était engagée à hauteur de 14, 3 milliards de FCFA et qui, depuis, semble vouloir gagner du temps. Pourquoi donc ces retards, alors que dans une correspondance officielle de la BDM transmise à la filiale malienne du groupe WACEM et dont « Les Afriques » a copie, il est mentionné un intérêt réel des banques pour participer à l’opération projetée, et que le montage des dossiers est bien avancé.
En fait, derrière ce yoyo de la BOAD qui tarde à boucler l’opération, les Indiens soupçonnent la main du cimentier français, Vicat, qui tire les ficelles dans l’ombre. Ce dernier veut garder son juteux marché d’approvisionnement en ciment au Mali estimé à quelque 120 milliards FCFA. Une thèse corroborée par une correspondance dont « Les Afriques » est en possession. Engagé dans une course incertaine aux élections présidentielles de son pays, le Bénin, l’actuel patron de la BOAD ferait-il déjà plus de politique que de banque ?
Source « Les Afriques »
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