Projet de cimenterie du Mali à l'article de la mort : Paris, Dakar et Abidjan complotent contre le Mali

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Le jeudi 27 mai, les élus de la nation ont, à l’unanimité, autorisé la participation de l’Etat au capital social de la société d’Economie Mixte, dénommée Diamond Cement Mali, en abrégé DCM-sa. Cette participation est fixée à 10%, soit 2,2 milliards de FCFA. Elle est libérée en nature et correspond à la valeur du périmètre mis en exploitation.

Ce qu’il faut savoir, c’est que le capital de cette nouvelle entreprise, qui était de 500 millions de FCFA sera porté à 22 milliards de nos francs. Il est ainsi réparti : partenaire stratégique (70%), Etat (10%), privé malien (10%) et actionnariat populaire (10%). Ici, le partenaire stratégique, c’est Wacem – sa, une société ayant une solide expérience en matière de fabrication de ciment en Inde et en Afrique, notamment au Togo (Fortia Cement Togo), au Burkina Faso (Diamond Cement Burkina) et au Gahana (Diamont Cement Ghana) et prochainement au Mali (Diamond Cement Mali).

Seulement voilà : la cimenterie du Mali, qui nécessitera des investissements à hauteur de 66 milliards de FCFA, pourrait ne pas voir le jour, après l’engagement de l’Etat et les mises de près de 10 milliards de nos francs que Wacem -sa a investi sur les deux sites de l’usine : Astron (Diamou) et Dio (Kati). Et pour cause : les Français, en l’occurrence Vicat Sagar, qui a ses usines de ciment à Dakar et à Abidjan, et qui approvisionne le Mali, est en train de se battre comme un beau diable pour faire échec à la cimenterie du Mali.

D’abord, Vicat Sagar,  avec la complicité de Dakar et d’Abidjan a monté un dossier, expédié à Lomé, à la BOAD pour tenter de prouver que le Mali n’a pas besoin d’une usine de ciment et que le Sénégal et la Côte d’Ivoire possède suffisamment de ciment pour continuer à approvisionner le Mali. Effets immédiats, le financement des 14,3 milliards de nos francs que cette institution bancaire sous-régionale devrait dégager est compromis. Le dossier, que les experts de la BOAD ont trouvé bancable, est mis dans les oubliettes de la BOAD, sous pression de Paris, Dakar et Abidjan. La BDM-sa, tête d’un pool bancaire, de son côté, peine à mettre sur place le montant convenu, sur la base d’un protocole d’accord (44 milliards de FCFA, y compris les 14,3 de la BOAD). Ce qui pourrait engendrer l’arrêt momentané ou total des travaux, pourtant bien partis. Ce retard dans le déblocage des fonds, pourrait également retarder les échéances de janvier 2011 pour l’usine de broyage de Dio et septembre de la même année pour le premier sac de ciment.

Ensuite, Vicat Sagar a misé sur un opérateur économique bien connu de la place pour déstabiliser Diamond Cement Mali. En effet, cet homme d’affaires a pris contact avec les plus hautes autorités du Mali afin qu’on lui attribue le site de Djikoye, ancien gisement exploité par la cimenterie de Diamou, situé à 5 km de Astro (site de Diamond Cement Mali). Djikoye a une réserve de près de 5 millions de tonnes de calcaire, l’une des composantes de la matière première du ciment. Et le ministre en charge des Mines, Abou-Bakar Traoré, semble être séduit par cet opérateur économique malien. Si l’ancien ministre des Finances accède à cette demande, il signera l’acte de décès de la cimenterie du Mali, puisque sans matière première, il n’y aura point d’usine.

Cet homme d’affaires, qui veut mettre la main sur le calcaire malien, au profit  dit-il, des usines du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et bien sûr du Mali, est en mission commandée des Français. Le calcaire malien doit être exclusivement exploité par des usines maliennes (Hombori est en route), sinon à quoi servent des investissements de 66 milliards de nos francs pour 25 voire 30 ans. Que non. Il faudrait que Diamond Cement Mali ait au moins une durée de vie de 120 à 150 ans. Alors que si Abou-Bakar attribue ce site de calcaire à un commerçant pour exploitation, il n’y a aucun doute, qu’il en vendra aux pays voisins. Il a été mis en mission pour cela.

Enfin, Vicat Sagar, qui ne veut pas que le Mali ait son usine de Ciment a proposé aux autorités maliennes également de construire une nouvelle usine de ciment à Kayes pour à la fois capter le calcaire malien et tirer la probable usine de cimenterie du Mali vers le bas.      

Comme vous le constatez, Vicat Sagar est en train de faire feu de tout bois pour torpiller Diamond Cement Mali. Pourquoi n’a-t-elle pas depuis fort longtemps songé à créer une cimenterie au Mali, pendant qu’elle était solidement implantée à Dakar et à Abidjan ? Vicat Sagar veut faire du Mali un pays consommateur. Sans aucune production. Il est vrai qu’avec Diamont Cement Mali, ses chiffres d’affaires vont diminuer. Mais… ! Les Maliens achèteront le ciment à moins cher, il y aura des emplois pour les jeunes ruraux et autres diplômés. Le trésor, les impôts, l’INPS et autres services  de l’assiette de l’Etat trouveront leur compte.

Bamako est donc avertie : toutes les propositions " intéressantes " de Vicat Sagar, soutenue par  Dakar, Abidjan, Paris, BOAD et l’opérateur économique malien, ne sont ni plus ni moins qu’une déstabilisation programmée du projet de cimenterie du Mali. La balle  est donc dans le camp d’ATT, qui doit être prudent et vigilant vis-à-vis de ses ministres, en charge du dossier. Sinon, il ne verra pas le premier sac de ciment  qu’il a promis aux maliens, en septembre 2001.

A suivre.

Chahana Takiou

 

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