Phosphate de Tilemsi : Les limites de Toguna Agro Industrie

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Décidément, le richissime opérateur économique et promoteur de Toguna Agro Industrie, Seydou Nantoumé, a le sens des affaires même sur le dos de l’Etat. C’est du moins l’avis d’un cadre du ministère de l’Industrie qui avait été associé à la concession de l’usine de phosphate de Tilemsi dans le cercle de Bourem. Selon notre interlocuteur, au moment où Seydou Nantoumé se battait pour avoir cette entreprise, tout le monde doutait de sa capacité à la faire fonctionner.

“Il y avait eu de chaudes discussions entre nous cadres du département à l’époque au sujet de la décision des autorités de confier sans aucune exigence la gestion d’une entreprise aussi rentable à un novice. Mais, la réalité c’est que personne ne peut empêcher Nantoumé d’avoir le contrôle d’une entreprise”, nous a confié une source au département de l’Industrie.

La décision d’accorder le monopole de la gestion de l’usine phosphate de Tilemsi vient d’en haut, même si Toguna Agro Industrie ne répond pas à tous les critères pour réussir sa gestion. “A la limite, l’avis des experts du département de l’Industrie n’a pas été tenu en compte par les autorités, car elles étaient décidé à brader ce patrimoine”, nous a-t-il confié.

Si ce cadre a accepté d’évoquer ce sujet, c’est juste pour dénoncer la manière dont l’Etat a voulu se débarrasser de cette entreprise qui est plus un héritage, c’est un véritable investissement. Aussi, c’est parce que de nos jours, Seydou Nantoumé ne parvient plus à satisfaire le cahier de charge.

“Je sais qu’on va trouver des excuses pour justifier le manque de résultats dans la gestion du phosphate de Tilemsi. Mais, tout le monde est au courant qu’avant les événements de 2012, Seydou Nantoumé avait du mal à déposer un bilan en termes de production et surtout d’investissements”, déclare notre interlocuteur.

Pour preuve, il cite le fait que les installations de l’usine à Bourem ont pu échapper à la fureur des groupes armés qui ont occupé la zone. “Nous avons été conviés à faire un plaidoyer pour dire que Seydou Nantoumé peut bien faire avancer l’usine, car il y avait de nombreux investisseurs qui souhaitaient la reprendre. Si vous avez regardé récemment à la télé, un reportage a été monté de toutes pièces. L’objectif était de faire témoigner les populations pour qu’elles disent que la reprise de l’usine aide les villages de la localité”, souligne notre cadre.

Pour ce qui est de l’apport de l’usine au niveau des collectivités, notre interlocuteur doute de la relation que le PDG entretient avec certains élus. “Vous savez, Nantoumé est très intelligent, il sait bien qu’en misant sur le cousinage, il parviendra à avoir l’adhésion des populations. Aujourd’hui, même si les populations n’arrivent pas à voir les retombées de l’exploitation du phosphate, elles préfèrent se taire. Des responsables locaux sont bien traités par le PDG de Toguna”, dévoile-t-il.

S’agissant de la production, pour qui connait les potentialités du gisement, il n’y a aucun doute que l’usine de phosphate du Tilemsi est très rentable, à en croire les spécialistes. En tout cas, de sa reprise à nos jours par Seydou Nantoumé, le constat est tout autre sous l’œil complice de l’Etat. Et pour se faire désirer, Toguna Agro Industrie s’est transportée au Salon de l’agriculture de la Côte d’Ivoire.

Car, c’est une certitude : nombre d’entreprises, notamment françaises guette l’unique eldorado qui a jusque-là marché dans le vaste désert malien. Il revient à l’Etat de veiller à ce que l’acquéreur puisse remplir toutes les conditions et faire profiter des retombées de l’exploitation.

Alpha Mahamane Cissé

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