Organisation patronale des industriels (OPI) : A l’heure du plaidoyer et de la reconnaissance…

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Le ministre  Mamadou G. Diarra et Cyril Achcar (G-D)
Le ministre Mamadou G. Diarra et Cyril Achcar (G-D)

A cette occasion, le président de l’OPI, Cyril Achcar, n’est pas passé par mille chemins pour exposer aux autorités et à l’assistance les préoccupations des industriels maliens. Pour mettre chacun devant ses responsabilités, il a introduit ses propos par une citation d’un ancien président américain, Abraham Lincoln : « Lorsque nous achetons des biens manufacturés à l’extérieur, nous avons les biens, et les étrangers ont l’argent. Mais lorsque nous achetons des biens chez nous, nous avons à la fois les biens et l’argent ». C’est en fait la problématique de l’industrialisation du Mali. Notre pays ne profite pas de la plus-value de ses matières premières. Au contraire, cette plus-value enrichit d’autres pays. Alors, « Que faire pour que cette situation change et que les ressources naturelles servent véritablement au développement du pays ? », s’interroge le président de l’OPI. Qui donne lui-même une réponse : « La bonne gouvernance et la transparence dans la gestion sont considérées comme principal remède à ce problème. Sans doute ! Mais, le vrai problème réside dans le fait que, nous exportons encore et toujours nos ressources naturelles sans leur conférer par la transformation industrielle, la valeur ajoutée ».

Pour parachever ce qu’il appelle un « état de dysfonctionnement », Cyril Achcar rappelle le déficit de la balance commerciale : plus de 400 milliards de FCFA en moyenne ces trois dernières années. C’est l’équivalent, dit-il, de l’aide publique au développement. « Ce que les pays amis du Mali donnent d’un côté nous le rejetons de l’autre pour alimenter les économies des pays fournisseurs de notre consommation nationale… », a regretté Cyril Achcar. Qui tire la sonnette sur la situation actuelle : « Plus grave : il y a eu un recul de l’industrialisation, la part de la manufacture dans le PIB qui était  de 10% en 2010, a chuté de près de la moitié en s’établissant à 5%… ». Avec une telle faiblesse de production, le patron des industriels de notre pays est catégorique : « le secteur industriel est incapable d’exploiter les opportunités offertes par les marchés des pays industrialisés… ».

Evoquant les handicaps de notre industrie, le président de l’OPI cite, pèle mêle, les facteurs à l’origine de cette faible industrialisation, notamment des infrastructures déficientes (routes et énergie) ; une main-d’œuvre insuffisamment qualifiée ; des problèmes de financement ; la contrebande, la concurrence déloyale, la fraude ; et les poids de la fiscalité sur le secteur formel. Mais malgré les difficultés, « le Mali n’a pas d’autre choix que de poursuivre l’industrialisation car les pays émergents sont justement ceux qui se sont engagés fermement dans cette voie, parce qu’elle demeure la seule voie qui conduit triomphalement au développement et à la prospérité partagée… », a affirmé le président de l’OPI. Qui est convaincu que l’industrialisation reste donc incontournable… Et c’est pourquoi, le bureau de l’OPI, dirigé par Cyril Achcar, a présenté un programme de mandature, intitulé le « Livre Blanc » de l’Industrie malienne en juin 2013 en prélude à  l’élection présidentielle de la même année. Le document vise deux objectifs principaux à savoir rompre avec la désindustrialisation du Mali et le repositionner au meilleur niveau sous régional. Car « un pays qui n’a pas d’industrie est un pays qui n’a pas d’avenir…. », a martelé le président de l’Organisation patronale des industriels.

 

Fond de garantie : demi-solution

Mais l’OPI garde l’espoir qu’avec la normalité retrouvée avec la signature de l’accord de paix, les gouvernants comprendront que le développement du Mali réside dans la transformation de nos matières premières locales.

Aussi, le président de l’OPI regrette l’arrêt d’une trentaine d’unités industrielles. Tout ce qui leur manque, c’est l’accompagnement financier de l’Etat. D’où cette réflexion du patron des industriels : « Il appartient à l’Etat d’influencer leur redémarrage. Cela s’appelle les missions régaliennes d’un Etat et cela permettra de relancer l’emploi. Le fond de garantie est une demi solution, il manque le fond d’investissement pour que la politique industrielle soit régalienne. ».

Le ministre de la Promotion des Investissements et du Secteur privé, Me Mamadou Gaoussou Diarra, a rappelé les initiatives du département en charge de l’industrie dans la promotion industrielle, depuis l’arrivée du président IBK aux affaires. Il a, entre autres, cité la signature d’un contrat de performance entre l’Etat et des structures industrielles. Me Gaoussou Diarra dit partager les préoccupations de l’OPI, mais souhaite que les industriels aussi fournissent des efforts pour qu’ensemble l’Etat et le secteur privé relèvent le défi de l’industrialisation.

La cérémonie d’ouverture a été marquée également par la remise de diplômes de reconnaissance à trois personnalités ayant œuvré pour la promotion de l’industrie au Mali. Il s’agit de Moussa Diakité, ancien modérateur Etat-Secteur privé, Antoumane N’Diaye, ancien ministre ; et Tiena Coulibaly, ancien ministre et actuel ambassadeur du Mali aux USA.

Idrissa Maïga

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