Organisation patronale des industriels : Le programme de tous les espoirs

0

Mis en place le 20 octobre 2012, le nouveau bureau de l’Organisation patronale des industriels (Opi) a conçu un programme triennal 2013-2015 qui donne les espoirs d’une relance industrielle au Mali. Convaincue que le développement sans industrialisation est impossible, l’équipe que dirige le directeur général des Grands moulins du Mali, Cyril Achcar entend en faire son cheval de bataille afin de « Ramener l’industrie malienne à la normalité », et de placer le Mali en tête des pays de l’hinterland. Un challenge réalisable au bout de dix-neuf mesures d’accompagnement.

 En prenant les commandes de l’Opi, Cyril Achcar savait le challenge alléchant, mais aussi le défi lourd à relever. D’autant plus lourd qu’il faut remettre le secteur industriel malien sur les rails dans un contexte où les chiffres sur la situation économique du pays sont ahurissants.

Illustration : L’industrie pèse 4% dans le Produit intérieur brut ; le taux de croissance était de 5% avant le coup d’Etat du 22 mars 2012; celui de chômage est de 30% ; environ un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté ; l’indicateur de développement humain est parmi les plus faibles (0.34) ; le budget de l’Etat est financé à hauteur de 40% par des aides publiques au développement ; et le Mali fait partie des 49 pays les moins avancés.

Dans le secteur industriel proprement dit, le déficit de la balance commerciale (-346 milliards CFA, 2011) fait ressortir que le Mali est un pays importateur net de produits industriels, le premier pays importateur de l’Uemoa. Pire, le pays compte seulement environ 81 industries dignes de ce nom alors que le Sénégal en compte 1000 et la Côte d’Ivoire 2000.

C’est pourquoi, le bureau de l’Opi fonde sa vision stratégique sur l’industrialisation à outrance du Mali. Pour deux raisons fondamentales. Primo, un développement sans industrialisation est impossible. Secundo, une industrie forte crée des richesses et des emplois et améliore le niveau de vie des citoyens.

Pour ce faire, il a dressé un Programme 2013-2015 qui, s’il est mis en œuvre, placerait le Mali en tête des pays de l’hinterland. Pourquoi le Mali ne réussirait-il pas là où des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont réussi ?

L’ambition majeure de l’Opi aujourd’hui, c’est de ramener l’industrie malienne à la normalité, c’est-à-dire une industrie qui pèse entre 10% à 20% du Pib contre moins de 4% aujourd’hui. Car, la continentalité du Mali n’est pas une fatalité, ce handicap pouvant être transformé en atout.

Globalement, il s’agira de mettre en œuvre des réformes conjoncturelles, et des réformes structurelles ; de ramener l’industrie au rang de priorité nationale ; et de régionaliser la problématique industrielle du Mali au niveau de l’hinterland.

Spécifiquement, le bureau de l’Opi a identifié une vingtaine de mesures concrètes d’accompagnement qui devraient sonner la relance de l’industrialisation du pays. Ces mesures  tournent autour de la Tva qui sera réduite à 5% uniquement pour les produits manufacturés et non importés ; la suppression de l’Acompte sur divers impôts et taxes (Adit) pour les intrants des produits manufacturés et de la Taxe sur les activités financières (Taf) ; la mise en place d’un fond de garantie pour les industriels ; l’application des 31 mesures d’urgence de sauvegarde de l’industrie malienne ; la suppression de l’entrepôt privé (régime suspensif) à l’entrée des produits finis qui concurrence l’industrie nationale. L’application de l’article 9 nouveau de l’Uemoa sur les règles d’origine engendrerait pour le Mali des recettes de 100 milliards de FCFA.

Le bureau entend également jouer sur l’abaissement de l’impôt sur les sociétés à 25% au lieu de 30% actuellement en vigueur ; l’aménagement des zones industrielles ; l’interdiction de l’attribution de parcelles à usage d’habitation dans les zones industrielles et l’annulation de celles déjà attribuées ; la réduction du coût de cession des parcelles des zones industrielles l’implication de l’Opi dans le processus de cession ; et la baisse du tarif de l’électricité pour les entreprises industrielles.

Les initiateurs du Programme 2013-2015 attachent aussi une importance particulière à la relecture du décret 299/P- RM du 3 juin 2002 portant sur la répartition des produits amendes, confiscations, pénalités, frais de poursuite et de primes sur les recettes budgétaires ; à l’application du Tarif extérieur commun (Tec) aux produits frauduleusement originaires de l’Uemoa et de la Cedeao ; et au changement de pays de perception des droits sur les matières premières des produits industriels originaires de l’Uemoa. Les droits doivent se payer dans le pays de consommation et non plus dans le pays de production.

Il est aussi question dans le Programme d’activités de l’Opi, d’appliquer rigoureusement les valeurs de référence aux produits non originaires ; d’accélérer la mise en place d’un  fonds de garantie et d’un fonds d’investissement national pour les entreprises industrielles ; d’instituer un comité de conciliation fiscale pour les entreprises industrielles ; d’améliorer la qualité des ressources humaines par la formation et l’alternance en entreprise ; de défiscaliser l’emploi, un emploi formel revient à deux emplois informel ; et enfin d’orienter l’appui des structures publiques d’aide à l’emploi vers les principaux contributeurs.

Chacune de ces mesures d’accompagnement fera l’objet d’un traitement plus approfondi dans une série d’articles que nous ouvrons à partir de la semaine prochain.

Sékou Tamboura

 

Commentaires via Facebook :