Ce combustible bon marché va soulager les ménages et freiner la déforestation.
L’entreprise AFOvert, en collaboration avec l’Agence malienne pour le développement de l’énergie domestique et l’électricité rurale (AMADER), concrétise la politique nationale de gestion des ressources bois-énergie, en implantant à Niono une unité industrielle de production de bûchettes et de briquettes combustibles. Cette unité qui utilise comme matières premières la plante envahissante typha et des résidus de biomasse, prévoit de produire et diffuser 2 100 tonnes buchettes et 360 tonnes de briquettes combustibles par an. Elle a été inaugurée le 6 octobre par le ministre de l’Energie et de l’Eau, Habib Ouane. Il était, pour l’occasion, accompagné du directeur national de l’énergie et de l’eau, Sinaly Diawara, de Ismaël Oumar Touré, président directeur général de l’AMADER, de Ousmane Samassékou, président directeur général de AFOvert.
L’inauguration s’est déroulée en présence de Souleymane Sangaré, le préfet du cercle de Niono, de notabilités et de Dramane Touré, le maire de la ville qui a salué l’installation d’une infrastructure appelée à répondre aux besoins énergétiques de la population de la commune. L’entreprise AFOvert est un Groupement d’intérêt économique (GIE) né du GIE Katènè Kadji, a indiqué Ousmane Samassékou. Le projet, a-t-il expliqué, résulte d’un partenariat public-privé travaillant dans le sens des stratégies nationales du sous secteur de l’énergie domestique. Avec les 2100 tonnes de bûchettes au démarrage, l’usine va réduire à 5,7% le déficit du bilan énergétique de la ville de Niono.
Elle aura une capacité journalière de 10 tonnes et fonctionnera pendant 50 ans sans rupture de stock de biomasse. Le potentiel actuel disponible de biomasse sèche de 300 000 tonnes de typha équivaut à 8 fois le déficit de la ville Niono, estime Ousmane Samassékou. Ismaël Touré a, lui, rappelé que les dernières statistiques indiquent que l’énergie consommée par les ménages maliens pèse encore plus de 90% dans le bilan énergétique national et qu’elle provient pour près de 99% de sources d’énergies traditionnelles. De fait, la consommation de bois énergie, principale ressource énergétique des ménages, s’établit à plus de 6 millions de tonnes par an, soit la déforestation de plusieurs centaines de milliers d’hectares de forêt avec pour conséquence l’accroissement de la sécheresse et de la désertification.
La consommation d’énergie des ménages est une des premières sources d’émission de gaz à effet de serre (GES) dans notre pays et représente entre 2 et 10 millions de tonnes d’équivalent de gaz carbonique (CO2) par an, a-t-il souligné. Le bio-charbon de la plante de typha va donc aider à réduire la pression sur les forêts en allégeant la dépendance vis-à-vis du bois de chauffe et du charbon de bois utilisé par les ménages et aussi des énergies modernes telles que le gaz butane et le pétrole lampant, analysera Ismaël Touré.
Le projet a coûté globalement 124 millions de Fcfa sur lesquels l’Etat, à travers l’AMADER, a apporté une subvention de 65 millions. Le ministre Habib Ouane a estimé à ce propos que la valorisation de la biomasse s’imposait comme un défi dans le cadre de l’atténuation des effets des changements climatiques dans notre pays. Dans cette perspective, la politique de diversification des combustibles domestiques et de substitution au bois énergie se base sur l’utilisation de sources d’énergies comme le typha australis, la balle de riz, les tiges de coton et les coques d’arachide. « La biomasse, c’est l’or vert du Mali », a ainsi lancé Habib Ouane. Le ministre de l’Energie et de l’Eau a estimé que l’unité de AFOvert à Niono, avait permis de gagner une bataille contre les effets néfastes du changement climatique. « Le combat doit continuer et il est important que tous, nous travaillions à l’émergence d’autres projets innovants, notamment des projets domestiques dans le domaine de l’agriculture et de la forêt », a-t-il souhaité.
L’infrastructure est constituée de deux chaines de production, composées d’un déchiqueteur, trois convoyeurs, deux séchoirs motorisés, cinq presses à vis et deux fours de carbonisation. Ses produits seront vendus aux consommateurs à raison de 45 Fcfa le kilogramme pour les buchettes et 75 Fcfa le kilogramme pour les briquettes combustibles. En marge de cette inauguration, le ministre Ouane a visité le chantier de l’interconnexion électrique Côte d’Ivoire-Mali. Il a pu constater que les travaux évoluent suivant le calendrier. Idem un peu plus tard pour le chantier des locaux de la direction régionale de l’hydraulique de Ségou.
mercredi 12 octobre 2011