Le Mali est le 3e pays producteur d’or en Afrique. Mais les femmes Maliennes vont acheter de l’or à Dubaï. Comment renverser cette tendance ? C’est pour trouver une réponse à ces questions que le ministre du Développement industriel a rendu visite aux raffineurs d’or du pays.
Le paradoxe de l’or au Mali c’est de figurer parmi les grands producteurs africains (3 e), mais d’aller acheter sur le marché international ! Une situation désormais jugée inacceptable pour les plus hautes autorités du pays. En conséquence, elles ont décidé de voir, avec les acteurs, les voies et les moyens pour sortir le pays de cette impasse.
D’où l’idée de la création d’un ministère entièrement dévoué au Développement industriel au Mali à travers une politique de motivation des unités industrielles à produire plus en qualité irréprochable et pour le bien de tous (entreprises, travailleurs, partenaires et consommateurs).
Nommé à la tête de ce ministère, Mohamed Ali Ag Ibrahim s’est aussitôt engagé dans l’action de déblayage du terrain pour voir avec les acteurs (industriel) ce que l’Etat peut apporter pour booster les différentes unités.
C’est ainsi que le jeudi dernier, 24 novembre 2016, il s’est rendu chez deux raffineurs d’or de la place. Il s’agit notamment de Kankou Moussa raffinerie (KMR) dans la zone aéroportuaire et Raffinerie Marena gold Mali à Niamakoro.
La première tire son nom de l’empereur Malien (1312-1337) qui a porté loin le nom du Mali Kankou Moussa. Même si d’autres lui reprochent d’avoir déshabillé le Mali pour habiller des pays lointains.
La KMR utilise des machines à la pointe de la technologie, forme des techniciens Maliens de qualité (ils ont deux salles de formation) et dispose, entre autres, d’une ligne de production des bijoux.
Ainsi les Maliennes n’auront plus à sauter dans les avions pour chercher leurs parures ailleurs. La KMR est opérationnelle depuis un an seulement. Leur ambition est de mettre sur la scène mondiale un label Mali qui va faire la différence.
Le ministre Mohamed Ag Ibrahim a signifié au Directeur général, Dario Litter, que le président IBK voulait un maximum de transformation de l’or sur place. Mais, cette ambition peut se heurter à des difficultés majeures, ce challenge du label Mali doit être relevé en 2018 pour permettre aux Maliennes de se servir sur place au lieu d’aller à Dubaï ou en Inde. La KMR se distingue par une gestion italienne au sommet.
Cela est diffèrent pour la raffinerie Marena Gold Mali qui est malienne du sommet à la base. Le Directeur général, Soumaïla Siby, a rappelé au ministre Ag Ibrahim et à sa suite que sa raffinerie a été créée en 2011. Elle est donc «la toute première société privée de raffinerie d’or en activité au Mali».
Elle disposerait de site à Kéniéba, Kadiolo, etc. Le niveau d’investissement est, selon M. Siby, de plus de 1,2 milliards francs CFA. Elle emploie permanemment 22 personnes, dont 6 femmes.
Le principal atour de la KMR reste l’accession du pays au label Mali. Il compte sur le gouvernement pour cette certification qui va permettre à l’or du Mali de briller à l’international. Une plus-value sur lequel le gouvernement ne peut pas naturellement cracher !
Tientiguiba Danté
Le ministre du développement industriel à Kita
Bientôt du ciment de qualité en quantité et moins cher
Pour la concrétisation de la politique de l’habitat du Mali, il faut du ciment de qualité en quantité et à prix abordable. Pour réaliser ces impératifs, le ministre du Développement industriel, Mohamed Ali Ag Ibrahim, s’est rendu chez les «cimentiers» du cercle de Kita le 22 novembre dernier.
Mohamed Ali Ag Ibrahim a visité le projet de ciment d’Afrique Mali (CIMAF) de Diago et la cimenterie Diamond-cement Mali (DCM) de Diabare.
Le Mali est «totalement en reconstruction» le ministre du Développement industriel a tenu à faire le déplacement pour voir comment les choses se passent sur le terrain afin de permettre aux plus hautes autorités du pays de prendre les dispositions d’appui nécessaires pour satisfaire toutes les parties impliquées et concernées. Les échanges avec ces opérateurs industriels ont essentiellement porté sur la pérennisation de la production, la qualité du produit, une production satisfaisante pour satisfaire les besoins nationaux à prix raisonnable, la protection des travailleurs… Par rapport à ce dernier point, le ministre Ag Ibrahim a donné des consignes fermes. Tout comme il a beaucoup insisté sur le respect de l’environnement. Il est allé jusqu’à avertir les responsables de la DCM que si cette exigeant n’était pas satisfaite, le président IBK ne mettrait pas les pieds chez eux.
Diamond-cement Mali (DCM, une filiale de WACEM SA) est une société d’origine indienne qui produit du ciment dans d’autres pays africains (Togo, Ghana, Burkina Faso, Guinée-Conakry, Niger, Congo Brazzaville…). Elle a commencé à produire ici au Mali en janvier 2013 ! Cinq ans après la signature de la convention d’établissement et les routines administratives trop longues ! Cette cimenterie a une capacité de production d’un million de tonnes de ciment par an.
Mais, elle n’a pas encore atteint cette vitesse de croisière à cause de nombreux facteurs comme la concurrence déloyale des importations.
A noter que le ciment et le sucre du Mali sont logés aux mêmes enseignes dans ce domaine, la concurrence déloyale des importations qui est un handicap sérieux dans leur quête de compétitivité.
L’arrivée de DCM sur le marché malien a permis de baisser le prix du ciment.
«Lorsque nous nous sommes installés, le prix du ciment était à 140 000 franc CFA la tonne. Aujourd’hui, il est de 87 000 F CFA. Et les prix vont encore baisser si l’interconnexion de Diamou a lieu», affirme Ibrahim Dibo, administrateur de la société. A noter que cette cimenterie a aussi créé 578 emplois fixes avec contrats, fiches de paie et inscription à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS).
Les journaliers et les temporaires sont au nombre 181. La transparence étant de mise, la société à mis la grille des salaires à la disposition de la presse. L’usine, «un modèle de coopération sud-sud», va produire pendant 30 ans.
Quant à ciment d’Afrique (CIMAF/Mali), il est au stade de projet. Toutefois, des installations neuves et modernes sont en place. Idem pour les différentes catégories de travailleurs. «Nous sommes au stade de la prospection», a répondu le directeur général du projet, M. Allaoui, au ministre du développement industriel, Mohamed Ali Ag Ibrahim. Le projet est donc en passe de devenir une réalité et ses responsables ont même discuté de l’inauguration avec le ministre.
Le CIMAF est un «joyau industriel» qui prend ses racines au Maroc et fait des branches dans 13 pays africains. Un seul marocain travaille pour le CIMAF comme pour prouver, si besoin en était, que le transfert de savoir-faire est au cœur de ce partenariat. Pour le ministre du Développement industriel, ce projet est «un bel exemple de coopération sud-sud».
La pose de la première pierre de CIMAF a eu lieu en février 2014 et l’unité industrielle entrera bientôt en production. Avec 25 milliards de franc CFA d’investissement et un «millier d’emplois fixes», l’usine va produire un million de tonnes de ciment par an.
C’est dire que le Mali va bientôt avoir une capacité de production de 2 millions de tonnes de ciment par an parce que le gouvernement a retroussé les manches pour y apporter sa part d’efforts. La presse a vu le processus de fabrication et de contrôle de bout en bout qui va résoudre les problèmes de pénuries et de prix.
Pour le grand bonheur des Maliens et, sans doute, pour le grand malheur des spéculateurs. Ces importateurs qui ne voient que leurs poches. Et si le gouvernement accélérait l’allure, l’interconnexion de Diamou… !
Tientiguiba Danté