L’initiative «30 – 15» pour doter l’industrie malienne de ressources humaines de qualité

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En partenariat avec la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), l’Organisation Patronale des Industriels (OPI) et 30 entreprises de la place, «Nègè Blon» (la Maison des Métaux) vient de lancer l’initiative «30 – 15». Objectif: former des ressources humaines de qualité pour satisfaire les besoins de l’industrie malienne, notamment dans les secteurs de la chaudronnerie, de la tuyauterie et de la soudure.

C’est en marge des Journées Maliennes de la Chaudronnerie, dont les activités se sont étalées sur les 16 et 17 décembre dernier, que le programme 30 – 15 a été lancé.

Des journées qui auront été meublées, entre autres, par la visite des projets pédagogiques des apprenants de Nègè Blon à Niamana (cuves, entonnoirs, tuyauterie…), la visite de la décortiqueuse et de l’extractrice CNSL pour les produits de cueillette, en collaboration avec l‘entreprise Bio-Mali, la remise de certificats de qualification professionnelle à 5 ouvriers de Fofy Industrie et le discours de lancement de la formation professionnelle 2014 – 2015 par le ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle.

A entendre les principaux animateurs de la conférence de presse, qui aura été l’un des temps forts de l’événement, cette initiative est, incontestablement, à marquer d’une pierre blanche dans les annales de l’industrialisation et de la formation professionnelle au Mali.

Qu’il s’agisse du Président du Collège transitoire de la CCIM, Mamadou Tiény Konaté, du Président de l’Organisation Patronale des Industriels, Cyril Achcar, ou du PDG des entreprises Sud Agro-Industrie (Sudagri) et Sud Coton et Textile (Sucotex), Mohamed Diarra, parrain de l’initiative, tous ont été unanimes à saluer Nègè Blon pour la pertinence et le caractère salutaire de cette initiative.

D’autant qu’à la lumière des chiffres communiqués par le Président de l’OPI, sur le plan de l’industrialisation, qui est pourtant le passage obligé pour tout décollage économique, la situation n’est guère reluisante pour le Mali. Loin s’en faut. Dans l’espace UEMOA, pendant que la Côte d’Ivoire et le Sénégal affichent respectivement 6 000 et 3 000 unités industrielles, le Mali se contente de seulement… 400 unités.

De là à faire un vibrant plaidoyer pour que les pouvoirs publics prennent en compte les préoccupations des opérateurs économiques du secteur de l’industrie, contenues dans un Livre blanc en 21 points, parmi lesquels 10 solutions sont disponibles, il n’y a qu’un pas, que Cyril Achcar a allègrement franchi.

D’autant que l’importation des équipements et autres produits manufacturiers susceptibles d’être fabriqués sur place fait perdre au Mali chaque année 380 milliards de FCFA, soit presque l’équivalent de l’Aide publique au développement (APD, 400 milliards de FCFA).

Le déficit de formation fait partie des facteurs de cette mal gouvernance économique. Ce qui oblige les opérateurs économiques (certainement la mort dans l’âme) à recourir à la main d’œuvre étrangère (ghanéenne, togolaise, béninoise…),  nettement plus qualifiée.

Ce programme de formation impactera au double plan économique et social. Car, parmi les bénéficiaires, une large place est accordée aux déscolarisés. Il permettra, du coup, de résoudre l’épineux et non moins lancinant problème de l’inéquation entre l’emploi et la formation professionnelle.

Dans le cadre de son partenariat avec Nègè Blon, la CCIM s’est engagée dans un plan d’action de développement de l’apprentissage dans la maintenance industrielle. Elle y est entrée pour promouvoir l’apprentissage dans le sous-secteur de la chaudronnerie, de la tuyauterie et de la soudure, où la demande en main d’œuvre  qualifiée est forte pour les entreprises de manufacture: agroalimentaire, imprimerie, mines…

Ce partenariat vise deux objectifs. En premier lieu, il s’agit de qualifier près de 480 jeunes, d’ici à trois ans, dans différents corps de métiers de la chaudronnerie, dont au moins 60% intègrera le monde du travail. En deuxième lieu, il s’agit d’organiser l’apprentissage par alternance, dans le sous-secteur chaudronnerie, comme une étape de la mise en place d’un système national d’apprentissage dans le secteur industriel.

La première cohorte d’apprenants a été sélectionnée et mise en formation au cours de la rentrée de la formation professionnelle 2014 – 2015. Le Président de l’Association qui a mis en place Nègè Blon, Abdel Kader Dicko, s’est surtout  réjoui à l’idée que plusieurs personnes, d’horizons divers, puissent tisser un partenariat avec la noble ambition d’assurer le décollage industriel de leur pays.

Yaya Sidibé         

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