Le ministre des Mines, Amadou Cissé, s’est rendu le jeudi 31 juin dans le Cercle de Bafoulabé (Kayes) pour visiter les mines de fer de Earthstone (Bafoulabé) de ciment et de marbre de Gangountéri, afin de voir dans quel cadre pérenniser et diversifier l’exploitation minière dans le plus grand respect de la société et de l’environnement. La délégation ministérielle était composée, cette fois-ci, du Directeur général de la société Earthstone, Pankaj Shah, de son associé et investisseur économique, Amadou Djigué, du Directeur général de la DNGM, des représentants de la Chambre des Mines du Mali, du SYNACOM et des autorités locales.
Le ministre des Mines, Amadou Cissé, est à pied d’œuvre dans l’exécution de la mission à lui confiée par le président de la République, Amadou Toumani Touré, à savoir celle d’augmenter la production annuelle de l’or et la diversification des ressources minières afin que les mines occupent une place de choix dans le développement économique du pays. Après l’or, les regards se tournent à présent vers le pétrole, qui reste, jusque-là, très discret, même si le premier forage est annoncé avant la fin 2011. Les cimenteries qui viennent de faire leur apparition avec deux usines en chantier, viennent réconforter les espérances du gouvernement malien, sans compter l’arrivée du fer, de l’uranium, du marbre, du manganèse, du diamant, du cuivre, du calcaire, de la bauxite et autres matériaux de construction.
Prise en charge par la société Earthstone, la délégation bamakoise a voyagé à bord d’un jet privé doté de toutes les commodités, d’une valeur de 13 milliards de FCFA, appartenant au Directeur général Pankaj Shah. Comme d’habitude, les autorités locales étaient présentes pour accueillir la délégation conduite par le ministre des Mines.
Très tôt, le lendemain, le convoi a mis le cap sur Bafoulabé. Cercle situé à environ 200 km de Kayes. Au cours de ce périple et tout au long d’une route en construction, le convoi a dû traverser le mythique fleuve Bafoulabé, à l’aide d’un bac. A l’arrivée sur le site minier de Talari, à 17 km de Bafoulabé, le ministre et son équipe ne pouvaient que constater l’avancement des travaux effectués par la société Earthstone.
Earthstone resources est une société indienne établie au Mali depuis 1998 et spécialisée dans la fabrication, l’importation et l’exportation de pierres précieuses et semi-précieuses. En 2011, l’association avec la société Kadiel pour la recherche et l’exploitation du minerai de fer va donner Kadiel-Earthstone. Le permis de recherche de fer de Talari couvre une superficie de 260 km² et actuellement neuf corps de minerai de fer à 45% ont été identifiés lors des premiers travaux, pour un total de 421 638 342 tonnes de minerai.
Pour une meilleure définition des ressources, Kadiel-Earthstone est en train de conduire des travaux de sondages carottés pour environ 1 200 m au mois d’avril, tandis qu’il est prévu de faire des sondages de 3 000, 8 000 ou même 25 000 m de forage dans les années à venir. Suite à ces travaux, des minéralisations de fer ont été localisées.
Selon le 3ème adjoint au maire, qui a fait sortir la population massivement, le site minier de Talari permettra de développer non seulement le village en question, mais le Cercle de Bafoulabé tout entier. La création d’emplois et d’infrastructures socio-sanitaires contribueront à l’amélioration du bien-être de la population, a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que l’accompagnement des autorités locales ne fera guère défaut dans le cadre du bon fonctionnement de la société Kadiel-Earthstone, en vue de produire des résultats positifs. Le chef de village enfoncera le clou en donnant l’assurance au ministre, Amadou Cissé, que les dirigeants de la société, à travers Yacouba Diaouné, n’ont jamais manqué à leur devoir de courtoisie vis-à-vis de la population.
D’après le Directeur général, Pankaj Shah, la société, qui opère dans les domaines de l’uranium à Arafat, du charbon à Ménaka et de l’or à Dindinnae, emploie près de 100 personnes et a déjà investi 5 millions de dollars, soit 2,5 milliards de FCFA. Il a précisé qu’avant l’exploitation du minerai de fer courant 2012, une usine de traitement du minerai sera installée dans l’espoir de la faire fonctionner avec le charbon de Ménaka.
Pour son principal partenaire et investisseur malien, Amadou Djigué, Earthstone est une société internationale indienne qui exerce un peu partout dans le monde dans le secteur minier en général. Kadiel-Earthstone, l’union des deux sociétés, qui est une société de droit malien créée le 26 février 2010, coopère dans le domaine du fer, a-t-il indiqué. Amadou Djigué a insisté sur le fait que l’arrivée de la société au Mali est un véritable atout pour le développement du pays et particulièrement pour les communautés éloignées. "Donc c’est une chance de travailler avec eux. Nous voyons déjà le travail effectué sur place et les résultats des premiers sondages sont positifs. Cette collaboration entre Kadiel-Earthstone et l’Etat doit être saluée et mérite toute l’attention de l’Etat malien", a-t-il soutenu.
Pour le ministre des Mines, il est d’abord nécessaire de rappeler que dans le nouveau Code minier toute société qui veut s’installer au Mali doit commencer par avoir un programme de développement social et entretenir de bonnes relations avec les populations concernées. De ce fait, il a appelé les autorités locales et les dirigeants des sociétés à se rencontrer pour asseoir des bases solides d’une collaboration fructueuse et juste. Et, c’est tout à fait l’image que véhicule la société Kadiel-Earthstone qui participe à la construction de la route Bafoulabé-Talari. Elle a offert des dizaines de sacs de riz et de mil de 50 kg et de la cola, a relevé le ministre Amadou Cissé. Au passage, la construction d’un forage a été annoncée pour doter la population d’eau potable.
En ce qui concerne le site, le ministre a souligné qu’il existe au moins douze types de minerai dans le tableau de Mendeleïev parmi lesquels le fer, élément essentiel dans la construction des bâtiments, aéroports, ponts, écoles, centre de santé, etc. Ceci révèle à quel point celui-ci rentre dans le processus de développement d’un pays tout en créant de l’emploi pour près de 2 500 personnes dans la région, a-t-il martelé. Le ministre Cissé de soutenir que l’exploitation de ce site très riche en minerai de fer d’excellente qualité, avec des centaines de millions de tonnes de réserve, se fera au moins sur 30 ans.
Sur le chemin du retour à Kayes, la délégation a fait une brève escale à Gangountéri pour voir l’usine de carreaux en construction appartenant à la société Diawara Solor. Le marbre est une matière incontournable dans la fabrication des carreaux disponible ici en quantité industrielle et à portée de main grâce au site de minerai de marbre situé à 7 km de l’usine. Il est important de souligner que les dérivés du marbre, comme le carbonate de calcium, rentrent dans la constitution des pâtes dentifrice, comprimés et aliments de bétail. La fin des travaux de construction de cette usine, ultra-moderne est prévue pour septembre 2011. Le ministre a hautement apprécié et encouragé l’initiative.
A quelques km de là, le cortège arrive sur le site de l’usine de ciment d’Astro de Gangountéri, où les dirigeants et un nombre important de travailleurs nous ont accueillis. Avec des travaux réalisés à hauteur de 75%, la construction de l’usine est presque achevée et la première production est attendue en janvier, sous l’œil vigilant du président de la République, a révélé le Directeur général de la société Diamond Cement Mali sa. Pour lui, celle-ci, associée à celle de Dio-Gare, vont produire un million de tonnes par an. Le ciment produit sera vendu à 80 000 FCFA la tonne.
Les responsables de la société indienne ont assuré le ministre Amadou Cissé que les travaux de génie civil du broyeur de gravier sont achevés et les équipements sont attendus pour l’élévation. Et que n’ayant pas obtenu l’électrification du site par EDM-sa, la société va acquérir au moins six groupes électrogènes, dont deux de 360 kva, les autres seront respectivement de 320 kva, 100 kva, 20 kva et 17,5 kva.
Même si le ministre se dit satisfait des travaux en cours, il a exhorté les dirigeants à privilégier la main d’œuvre locale, surtout quand on sait que la moitié des employés sont des étrangers. Désormais, tout porte à croire que la politique de diversification des ressources minières dans notre pays est bien partie.
Moulaye HAIDARA
* Envoyé Spécial à Kayes