A son arrivée au pouvoir, le Président ATT nourrissait déjà beaucoup de rêves pour le développement de sa chère patrie, le Mali. Un de ces rêves était de hisser notre pays au sommet du cercle très restreint des pays africains producteurs « d’or noir » (le pétrole). Mais depuis lors, 9 ans ont passé, et toujours rien. Pourra-t-il donc réaliser ce vieux rêve présidentiel d’ici la fin de son mandat qui arrive à terme dans seulement quelques mois ?
Faire jaillir le pétrole au Mali et assurer le développement du pays par cette manne pétrolière: tel est l’un des plus grands projets que le Président ATT voulait réaliser avant de « tirer sa révérence » et laisser aux mains de ses successeurs un pays où tous les ingrédients seraient réunis pour son développement et son décollage économique.
ATT voulait qu’un fait soit retenu dans les annales de l’histoire malienne : qu’il est le Président qui est parvenu à hisser le Mali au rang des pays producteurs de pétrole en Afrique. C’est pourquoi il s’est beaucoup investi pour que la recherche pétrolière, qui avait été arrêtée depuis 1985, soit relancée et se fasse dans de bonnes conditions au Mali pour attirer les investisseurs.
C’est ainsi que dans ce cadre, le Gouvernement du Mali a créé un service public rattaché au Secrétariat du ministère des Mines : il s’agit de l’Autorité pour la promotion de la recherche pétrolière (AUREP), un service public dont la principale mission est la relance de la recherche pétrolière au Mali dans le souci de diversifier l’exploitation des ressources naturelles. Aussi, pour mieux attirer les investisseurs, deux types de conventions ont été retenues au Mali : il s’agit de la Convention de partage de production et de la Convention de concession.
Dès les premières années de sa création, ce service, à travers ses efforts de promotion, a mis sur le marché 29 blocs dont 20 ont été attribués à des sociétés de recherche pétrolière à travers la signature, avec le gouvernement du Mali, de conventions de partage de production et de concession. Ces 29 blocs sont repartis sur cinq bassins sédimentaires. En 2004, une société australienne qui faisait partie de ce lot de sociétés avait promis aux plus hautes autorités du pays ses premiers forages en 2008. Les maliens voyaient ainsi leur pays entrer de plein pied dans le cercle très fermé des pays producteurs de pétrole en Afrique.
En 2008, les populations, qui s’étaient empressées d’apprendre la bonne nouvelle, ont pour une première fois été déçues puisqu’il n’en a rien été : elles ont plutôt appris que les travaux de recherche sont très bien avancés, mais qu’ils ont été ralentis par la crise financière internationale que les grandes puissances ont connues à cette époque. Des explications des responsables de l’AUREP, il ressort que cette situation a eu des incidences sur le secteur, causant ainsi des ralentissements et des dommages sur l’exécution des programmes de travaux contractuels de certaines sociétés : d’où l’abandon de certaines d’entre elles.
Toutefois, la même AUREP annoncera que par contre, certaines sociétés sont très avancées dans leur programme contractuel : il s’agit de l’association ENI/SIPEX opérant dans les blocs 1, 2, 3,4 et 9.
A l’époque, l’AUREP avait fait savoir que depuis la première année, ce groupe est à la phase d’intégration de toutes les données acquises dans le but de mieux implanter les nouveaux forages contractuels qui étaient attendus au courant du deuxième semestre 2009. A la même période, l’AUREP annonçait que des sociétés telles que la SIPEX, Mali Petroleum, Heritage, AFEX GLOBAL et PETROMA étaient également très avancées dans leurs programmes de travaux contractuels. Mais les responsables de l’AUREP affirmeront plus tard (par voie de presse) qu’en raison de la crise financière internationale, un retard avait été pris dans l’exécution des travaux.
Cependant, ils expliqueront par la même occasion, ils avaient remédié à ce retard puisqu’une nouvelle loi avait été mise en vigueur, prolongeant ainsi la période initiale de recherche de 4 à 6 ans. Ainsi, les premiers forages, qui avaient été annoncés pour 2008, devraient être prévus pour 2010. Mais l’AUREP rassurera les Maliens en informant que malgré la crise financière internationale, la recherche pétrolière au Mali se poursuivait normalement : elle assurera même que cette fois-ci, les premiers forages étaient pour le dernier semestre de 2010. Mais à cette date, le peuple malien, qui rêve toujours de pétrole, a une fois de plus été déçu. Et depuis lors, les populations attendent toujours les forages et leurs premiers puits de pétrole.
Pourtant, le Président ATT tenait de tout cœur à faire du Mali un pays producteur de pétrole, et cela, pour la postérité. A plusieurs reprises d’ailleurs, il a lié l’amélioration des conditions de vie des populations des fonctionnaires à la découverte du pétrole au Mali. On se rappelle que lors des mouvements de grève des enseignants du Supérieur, le Général- Président avait affirmé que le gouvernement se trouve dans l’impossibilité de prendre en charge toute la plateforme de revendications des enseignants, et que si le pétrole jaillissait au Mali, les autorités pourraient les prendre en charge et améliorer non seulement les conditions de vie et de travail des fonctionnaires, mais aussi celles de toute la population malienne.
Cependant, compte tenu de cette nonchalance que connaît la recherche pétrolière, de tous ces délais non respectés et de toutes ces promesses non tenues, il est difficile pour le Président ATT de réaliser son rêve pétrolier et de laisser entre les mains de son successeur un Mali producteur de pétrole, surtout que dans seulement quelques mois, son mandat constitutionnel arrivera à terme.
Dieudonné Diama