La nouvelle société sucrière du Mali (N Sukala) est aujourd’hui en danger, du moins, si rien n’est fait à temps, pour la sauver de la mauvaise gouvernance dont elle souffre actuellement. Majoritaires dans le Capital social les Chinois occupent les postes de Directeur général et de la présidence du conseil d’administrions, mais ne maitrise rien dans la gestion de l’entreprise. Les postes de Directeur Général Adjoint et de Directeur des Ressources Humaines et autres sont occupés par des cadres maliens qui semblent confondre les intérêts de la société à leurs poches. Ils ne rendent compte à personne de la gestion qu’ils en font de la société. Toute chose qui a mis la Société au bord du précipice pour ne pas dire, à l’article de la mort.
Le Directeur général adjoint de la société N Sukala, Amadou Waigalo, non moins militant de dernière heure du RPM et le Directeur des ressources humaines, Adama Bolozogola se comportent comme des intouchables au sein de la société N Sukala qu’ils sont en train de gérer comme leurs a familles. Cela, sous le silence assourdissant des autorités, surtout du ministre de tutelle qui a été maintes fois interpellé par rapport à la gravité de la situation.
Protégés par des cadres du département de tutelle, ces deux personnes (amadou Waigalo et Adama Bolozogola), depuis leur nomination aux postes de DGA et DRH, refusent d’exécuter les décisions du Conseil d’administration qu’ils défient sans cesse, et font ce qu’ils veulent. Depuis quelques années, une grande partie des travailleurs tirent la sonnette d’alarme, sur le comportement malsain de ces cadres qui sont en train de détruire la société.
Non application des décisions du Conseil d’administration, abus de biens sociaux, recrutements claniques, prélèvements arbitraires sur les salaires des travailleurs, licenciements abusifs, chantages… Les mots manquent pour décrire de manière exhaustive les pratiques malsaines par lesquelles le Directeur Général Adjoint et le Directeur des Ressources Humaines terrorisent les travailleurs de N Sukala. La situation est telle qu’on a impression qu’ils ont droit de vie ou de mort sur les travailleurs de cette société.
Aujourd’hui, l’une des injustices la plus décriée à N Sukala est inapplication, à ce jour, de la nouvelle grille des salaires décidée par le Conseil d’administration en 2012. Bien que cette grille qui favorise tous les travailleurs ait été décidée par le conseil d’administration, elle n’est pas appliquée par la direction. Aujourd’hui, seuls quelques privilégiés (les travailleurs chinois, le DGA et DRH) ont vu leurs situations améliorées ces dernières années. Les autres travailleurs se trouvent exclus sans arguments et en violation des textes de la société. Plus grave, parler de cette nouvelle grille, devient un crime de lèse-majesté à N Sukala. De nombreux travailleurs ont été chassés de l’entreprise pour avoir évoqué la question.
RECRUTEMENTS CLANIQUES ET CHANTAGE SONT DEVENUS LE SPORT FAVORI DU DRH
Dans les textes et surtout le règlement de l’entreprise, un travailleur après avoir fait deux contrats à durée déterminée (CDD), mérite un contrat à durée indéterminé (CDI) si l’entreprise décide de le conserver. Ce principe n’a jamais été respecté à N Sukala où, le travailleurs est obligé d’accepter de travailler ‘’éternellement’’ sous CDD, ou il plie ses cartons pour aller voir ailleurs. En décembre 2018, plus de 2000 travailleurs titulaires de CDD ont été chassés de la boite, parce qu’ils réclamaient des CDI.
La discrimination est l’une des caractéristiques principales de N Sukala. Nos sources indiquent que Seuls les travailleurs membres du comité syndical affilié à la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) peuvent prétendre à un CDI à N Sukala. Les membres de l’autre comité syndical affilié à l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) sont considérés comme les ennemis de la société et sont traités en conséquence par la direction. La preuve, 8 chauffeurs, tous membres de ce comité syndical UNTM sont sur le point d’être licenciés pour avoir suivi le mot d’ordre de de grève décrété, la semaine dernière, par l’UNTM. Au même moment, 17 travailleurs du comité affilié à la CSTM ont bénéficié des CDI.
Les faux diplômes ainsi que les recrutements claniques et clandestins font légion à N Sukala. Le Directeur des ressources humaines, puisque c’est de lui qu’il s’agit, profite de la passivité du DG chinois pour faire qu’il veut. Le DG chinois qui ne maitrise rien, semble abandonner le sort des travailleurs maliens entre les mains des responsables maliens. Selon nos informations, la seule chose qui intéresse ce dernier (DG), c’est de voir ses compatriotes chinois bien traités. Et cela est un acquis, quand on sait que même un planton chinois est trois fois mieux payé qu’un directeur malien à N Sukala.
Aujourd’hui, il faut être un parent du DRH ou du DGA pour espérer être recruté à N Sukala ou du moins d’être bien traité. Le DRH, Adama Bolozogola n’a-t-il pas de nommé son propre fils, au poste de directeur de la sécurité de l’usine, alors que ce dernier n’a qu’un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) en dessin bâtiment. Pire, dans cette société, ce sont les non diplômés et ceux qui disposent des faux diplômes qui dictent leurs lois aux cadres. Conséquence : la société perd, chaque jour que Dieu fait, de performance.
Ce jeu du DRH n’a autre but que de monopoliser la gestion de l’entreprise. Il n’est plus loin de ce but car, selon nos sources, pour faire taire le DGA à jamais sur certains dossiers, Bolozogola aurait défié le Conseil d’administration en augmentant illégalement le salaire de celui-ci, qui passe désormais, de 8 000 000 FCFA à 1,5 millions FCFA par mois.
L’INPS RECLAME PLUS 150 MILLIONS FCFA A N.SUKALA EN SAISISSANT 3000 TONNES DE SURCRE
La sécurité sociale et les accidents de travail ne sont pas l’affaire des responsables de la société, malgré le nombre très élevé des cas d’accidents. Les accidents de travail les plus fréquents à N Sukala sont les cas de morsures de serpents, l’intoxication, les accidents de circulation. Mais il est déplorable de constater que ces travailleurs victimes d’accidents de travail ne sont jamais prises en charge par la société. La fréquence des accidents s’explique par l’absence de consignes de sécurité et le manque de matériels de protection qui ne constituent une priorité pour la direction de la société.
La société N Sukala fait partie des nombreuses sociétés qui n’inscrivent pas leurs travailleurs à la la sécurité sociale. Mais il nous est revenu que de 2012 à 2016, le DRH faisait des prélèvements sur les salaires de plus de 4000 travailleurs en guise de frais de cotisation à L’INPS. Mais en réalité, les sommes prélevées sur les salaires ne sont jamais versées à l’INPS où, les travailleurs n’ont jamais été immatriculés et ne disposent pas, non plus, de numéros de sécurité sociale. Informée, de la situation, l’INPS réclame aujourd’hui, sans succès, les prélèvements faits sur les salaires des travailleurs. Cette somme est estimée, selon nos informations, à plus de 150 millions FCFA.
Nos sources précisent également que sur les 4000 employés de N.Sukala, seulement une centaine est immatriculée à l’INPS et dispose d’un numéro de sécurité sociale. Alors, où se trouve donc l’argent prélevé sur les salaires durant ces années ? Seuls le Directeur des ressources humaines et le DGA pourront répondre à cette question. Le moins que l’on puisse dire, c’est que par rapport à cette situation, l’INPS est fautif au même titre que la direction de N Sukala. L’INPS qui peine à mettre la main sur les frais de cotisation des travailleurs, aurait, en mai 2018, saisi 3000 tonnes de sucre à N Sukala. La semaine dernière, avons-nous appris, l’INPS a encore tenté de saisir d’autres tonnes de sucre, sans succès.
Les révélations qui précèdent prouvent à suffisance que la société N Sukala n’est pas dans de bonnes mains. Ils se trouvent que les bandits qui gèrent cette société ne craignent personne. Du moins, tant qu’ils se sentiront protégés par leurs complices perchés au sommet de l’administration et du gouvernement. Et tant qu’ils continueront à graisser suffisamment les pattes des autorités de tutelle et d’autres cadres qui ont voix au chapitre.
A suivre…
Aboubacar Berthé
Source : Le Serment Du Mali