Journée de l’industrialisation de l’Afrique 2017 couplée au salon du ” made in Mali ” : L’industrie malienne scrutée sous le prisme de son écosystème

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L’édition 2017 de la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique couplée au salon industriel du ” Made in Mali ” a été mise à profit par l’Organisation patronale des industriels (Opi), pour inviter les acteurs de l’industrie malienne, les pouvoirs publics, les formateurs et les professionnels des secteurs bancaire et financier du Mali à cogiter sur le thème combien stratégique de ” L’écosystème de l’industrie au Mali “. C’était le samedi 09 décembre au Parc des expositions de Bamako – où se tenait le Salon – sous la présidence du Premier ministre représenté par le ministre de la Défense et des anciens combattants, Tiéna Coulibaly, en présence de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Professeur Assétou Founè Samaké Migan et du ministre du Développement industriel, Mouhamed Ali Ag Ibrahim, qui a pris une part active aux travaux en tant que paneliste.

A l’occasion de cette matinée studieuse, l’écosystème de l’industrie au Mali a été scruté sous le prisme de quatre thèmes représentant chacun un panel introduit par des professionnels aguerris.

Mais tout d’abord, lors de son mot de bienvenue par lequel il a remercié l’assistance d’avoir effectué le déplacement afin de participer à ce panel qui clôture la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique, le président de l’Opi, Cyril Achcar, a exprimé ses attentes de ” débats francs, sincères et constructifs “. Il n’a pas été déçu car de l’avis d’un industriel : ” Ce fut comme des états-généraux de l’industrie malienne réalisés en une seule matinée. Les débats étaient de très haut niveau et ont permis de disséquer tous les problèmes majeurs de l’industrie malienne afin de tenter d’y apporter des réponses “.

A l’actif des industriels, il faut reconnaître que contrairement à bien des rencontres du genre transformées en grand-messes où ça vole dans tous les sens sans la moindre cohérence, l’ordre et la discipline ont régné pendant tout au long des débats soutenus par des interventions aussi pertinentes les unes que les autres.

D’emblée, le premier sujet traité a campé la préoccupation essentielle du jour en faisant un diagnostic sans complaisance de l’industrie malienne. Présenté par M. Lanfia Camara, au nom du panel qui regroupait, outre lui, Youssouf Traoré Dg de la Sonatam et Boubacar Tandia Pdg des Ets Tandia et frères, cet exposé était axé sur : ” Ecosystème de l’industrie au Mali : Etat des lieux et opportunités “.

Du sombre tableau qui en est ressorti, le panel a fait des propositions pour renverser la tendance, notamment : augmenter le budget d’investissement en le multipliant par 10 pour avoir une dotation satisfaisante en infrastructures ; baisser l’impôt sur les sociétés comme par exemple ramener la TVA pour les produits maliens non importés ; relire les textes de l’Uemoa et de la Cédéao qui défavorisent les industriels des pays de l’Hinterland comme le Mali ; booster le consommer malien ; orienter la commande publique vers les industries nationales ; favoriser le développer des marchés financiers et l’accès au crédit ; construire un marché régional solide pour libérer le potentiel manufacturier, etc.

Moussa Alassane Diallo, Pdg de la Bnda : ” On ne se décrète pas industriel du jour au lendemain… “

Le deuxième exposé, très attendu était ainsi intitulé : “Difficulté de financement de l’industrie malienne”. Présenté par Moussa Alassane Diallo, Président directeur général de la Bnda, décidément très en verve parce qu’en terrain connu. Il sera appuyé par le directeur général de la Bim-sa, Hassem Ouastani, lui aussi très à l’aise lorsqu’il s’agit de parler de financement par le secteur bancaire de l’économie en général et de l’industrie en particulier. Ils seront complétés par le directeur national de la Bcéao au Mali qui a aussi pointé le doigt sur certaines contraintes au financement de l’industrie.

Il ressort de ces exposés que la difficulté de financement de l’industrie ne se pose pas pour les grandes entreprises structurées, mais surtout pour des Pmi car 80 % des Pmi sont dans le secteur informel et par conséquent ne tiennent pas une comptabilité aux normes permettant au Banquier d’étudier les risques. Les outils que possèdent les banques n’étant donc pas adaptés à la réalité, il est donc demandé de ” faire la Banque autrement en sortant du bureau pour aller à la rencontre du client en le trouvant dans ses réalités” dixit Moussa Alassane Diallo

Il y a aussi que les banques ne financent pas très souvent, selon Moussa Alassane Diallo, parce les porteurs de projet ne sont pas professionnels : “On se décrète pas industriel du jour au lendemain car pour l’être il y a des paramètres à maîtriser et il y a très peu de cabinets spécialisés pour structurer le financement industriel” a-t-il précisé, avant d’ajouter que “le Banquier ne finance pas s’il n’est pas assuré de l’existence d’un marché pouvant produire un chiffre d’affaires”. Cela veut dire que le choix de l’outil industriel n’est souvent pas à la hauteur et à ce niveau “les banques ont perdu beaucoup d’argent” révèle Moussa Alassane Diallo qui souligne au passage le manque de ressources humaines qualifiées au niveau des entreprises industrielles.

Hassan Ouastani, Dg de la Bim-sa : ” Sur 10 projets financés, 9 n’ont pas fonctionné “

  1. Ouastani, après avoir partagé l’expérience de sa banque qui est le premier partenaire financier du sous-secteur industriel de l’huilerie, a fait remarquer que “le financement bancaire dans l’agrobusiness est à 4%. C’est trop faible” alors que le Mali recèle d’innombrables opportunités dans ce domaine. Il relèvera, au passage, que “le crédit qui ne se rembourse pas au Mali est le double de celui de la sous-région”. Il y a donc, de la part des acteurs du secteur privé malien, un problème de comportement. Il se trouve aussi que, de l’expérience de Hassan Ouastani “sur 10 projets financés, 9 n’ont pas fonctionné. Les gens confondent l’idée de projet et le projet lui-même que le promoteur ne maîtrise pas souvent “.

Konzo Traoré, directeur national de la Bcéao : ” Au Mali, ce sont  les banquiers qui perdent souvent les procès “

Le directeur national de la Bcéao, M Traoré, sans vouloir s’étendre sur des aspects traités par ses devanciers, a apporté des contributions remarquables. Il précisera que pour le coût du crédit, estimé élevé, c’est dû à deux éléments que le Banquier facture : le facteur temps et le risque. Il a relevé qu’au niveau du risque il faut inclure en bonne place la gestion des contentieux car dans l’environnement des affaires au Mali “ce sont les banquiers qui perdent souvent les procès” dira-t-il. L’occasion était bonne pour lui de parler de l’innovation qu’est l’ouverture d’un Bureau d’information lequel joue un rôle important dans l’accès au financement des activités.

Les problèmes de la filière lait vont s’inviter dans les débats et il a été convenu de la nécessité de mener des études pour aller vers la baisse du coût de production des industries laitières afin qu’elles puissent davantage absorber le lait produit localement par le sous-secteur de l’élevage.

La ministre de l’Enseignement supérieur interpellée pour la formation

Pour la formation, il est reconnu la nécessité de la mise en place d’un cadre de concertation entre les formateurs et les industriels pour régler la question récurrente de la non adéquation formation-emploi car il n’y en a pas.

Ce qui permettra de prendre en compte toutes les préoccupations afférentes au thème qui était prévu sur “La formation technique et professionnelle au Mali”. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Professeur Assétou Founè Samaké Migan, présente aux travaux, a été ainsi interpellée pour donner suite à cette recommandation.

En réponse aux préoccupations soulevés sur le coût de l’énergie, le Dg de la Bim-sa a fait remarquer que l’Edm-sa vend déjà sa production à perte et compter sur une subvention de l’Etat pour faire la compensation. S’il faut demander à l’Edm-sa de baisser encore le prix de vente du courant, se posera le problème d’un énorme manque à gagner. Qui va le supporter ? Reste alors la grande question. C’est pourquoi, il préconise de se tourner vers le mix énergie. En d’autres termes, il propose de diversifier les sources énergétiques.

Nécessité d’avoir des cabinets spécialisés dans la structuration du financement des industries

Moussa Alassane Diallo, de son côté, a interpellé le ministre du Développement industriel sur la nécessité d’avoir plusieurs cabinets spécialisés dans l’accompagnement des industriels pour monter leurs dossiers et surtout pour structurer leur financement afin de permettre au Banquier d’avoir de la lisibilité pour pouvoir intervenir.

750 milliards de dollars pour le marché de la viande Halal

Hassan Ouastani a fait une annonce de taille : “Le marché mondial de la viande halal pèse aujourd’hui 750 milliards de dollars. Si le Mali, avec ses potentialités dans ce domaine prenait seulement 1% de ce marché…”. Il y a donc un vaste chantier à construire par l’industrie malienne à ce niveau-là.

Le dernier thème discuté portait sur “Le rôle d’encadrement de l’Etat”. Ce qui a permis au ministre Mouhamed Ali Ag Ibrahim de répondre à certaines interpellations, mais aussi et surtout de bien s’expliquer, notamment sur le programme d’accélération du développement industriel que son département a mis en œuvre et qui intéresse déjà des partenaires du Mali désormais prêts à accompagner l’Etat dans la création de conditions favorables pour le développement industriel.

                                    A.B. NIANG 

État et opérateurs économiques maliens / investisseurs italiens :

Formalisation de l’intention de partenariat en attendant les projets structurants

Samedi dernier, 9 décembre, a eu lieu dans la salle de délibérations du Conseil national du patronat du Mali (Cnpm) la signature du protocole d’accord qui formalise l’intention de renforcement de partenariat entre d’une part le gouvernement et les opérateurs économiques du Mali et d’autre part les investisseurs italiens de la Confidustria Assafrica & Méditerraneo.

Le président du Cnpm, Mamadou Sinsi Coulibaly, de préciser que cette signature de protocole d’accord est l’aboutissement d’un processus enclenché depuis trois mois avec la Banque mondiale, notamment la prise de contact avec plusieurs districts d’organisations d’entreprises en Italie et l’Ambassade de ce pays sur place pour établir de solides liens de partenariat. Il révèle que c’est suite à un lobbying du secteur privé malien que la Banque mondiale a donc décidé d’envoyer à nos opérateurs économiques un expert pour les assister. “La Banque mondiale et le ministre du Développement industriel sont témoins par leur présence à cette signature que le Mali est un pays sûr et leurs investissements seront protégés” dixit le président du Cnpm, qui précise que le secteur prive malien est convaincu de l’apport que peut leur apporter les partenaires italiens après avoir visité des entreprises italiennes qui présentent des ressemblances avec les nôtres. Certaines de ces entreprises visitées, note-t-il, sont des entreprises leaders dans leur domaine et “sont à la 15è génération, alors que nous en sommes à la première”.

Au nom des investisseurs italiens, M. Pier Luigi d’Agata, Président directeur général de la Confidustria Assafrica & Méditerraneo rappelle qu’après sa participation au Forum des investissements de Bamako qui traduit la volonté forte du gouvernement de développer les industries du Mali qui a plein de potentialités, c’est avec une grande joie qu’il signe cet accord de partenariat qui permet de transformer davantage les produits du Mali sur place au lieu de les exporter en l’état. Il a rappelé que l’Italie étant le 7è pays industrialisé du monde et le 2è en Europe après l’Allemagne, le modèle italien d’entreprises est l’un des plus performants et se trouve parmi les modèles qui offrent le plus d’emplois dans le monde.

“La collaboration démarre à partir de janvier 2018 et va se traduire par de la formation, des joint-ventures, etc. ” précise M. Pier Luigi d’Agata qui rappelle que “le rôle du ministère du Développement industriel est fondamental pour accompagner la collaboration”.

Le Représentant de la Banque mondiale à cette cérémonie fait remarquer que “c’est encourageant que des Italiens dotés d’une expertise mondiale s’engagent dans un partenariat pour permettre de transformer des potentialités énormes du Mali”. En effet, il a cité quelques domaines dans lesquels les Italiens pourraient apporter leur expertise comme le cuir, le recyclage, etc. Le Consul d’Italie au Mali, présent à la cérémonie, a exprimé “sa grande joie et ose espérer la signature, dans peu de temps, d’accords concrets “.

Le ministre du Développement industriel, Mouhamed Ali Ag Ibrahim, a précisé que ce partenariat est en conformité avec la vision du chef de l’Etat que les matières premières ne soient plus exportées sans être transformées. Ensuite, il a remercié le Cnpm pour “la complicité entre l’Etat et le secteur privé”.

Ensuite, a eu lieu la signature du document portant protocole d’accord pour formaliser l’intention des parties de renforcer le partenariat entre l’Etat du Mali, les opérateurs économiques maliens et les investisseurs italiens afin de susciter la réalisation de projets industriels structurants. Comme dirait l’autre, investisseurs italiens et opérateurs économiques maliens ont pris date avec l’histoire qui est le meilleur juge.                            

                                                                                                   A.B. NIANG

 

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