Industrie au Mali : Un secteur à la traine

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Seul le développement du secteur manufacturier, qui est le tampon entre les secteurs primaires et tertiaire, permet de lutter contre la pauvreté urbaine et rurale et dynamiter la création d’empois dans notre pays.

 

 

Suite aux résultats obtenus, durant les deux phases de mise en œuvre du Programme de restructuration et de mise à niveau des entreprises industrielles (PRMNEI), le gouvernement du Mali s’apprête à lancer, le jeudi 13 mars 2014, à l’Hôtel Salam, la 3ème phase du programme, consacré à la consolidation des acquis. Le PRMNEI a pour objectif de créer les conditions à la relance de la production industrielle dans notre pays, promouvoir l’investissement privé dans le secteur, dynamiter la création d’emploi et améliorer la compétitivité de notre économie tant au niveau national que régional et international. Les deux premières phases du programme ont insisté sur l’amélioration de la compétitivité des entreprises, notamment en termes de productivité, de prix, d’offre, de qualité, de fiabilité des approvisionnements et de conformité aux normes des acheteurs ; le renforcement les capacités des entreprises pour mieux suivre et maîtriser l’évolution technologique pour s’adapter aux exigences de l’intégration régionale et de la compétition internationale. Elles ont favorisé l’émergence de services d’appui offrant des compétences et des qualifications nécessaires aux entreprises. Elles ont également permis la réhabilitation des entreprises disposant d’énormes potentialités de création d’emplois, de valeur ajoutée et d’exportation.

 

 

Le programme concerne les entreprises en difficulté et celle possédant un fort potentiel de croissance. Il s’intéresse particulièrement aux industries évoluant dans les filières prioritaires, aux entreprises à forte valeur ajoutée et génératrices d’emplois. Il faut rappeler que l’industrie malienne souffre des mêmes faiblesses structurelles qu’il y a 10 à 15 ans. Son tissu est faible et très peu diversifié. Le secteur est constitué d’environ 537 unités dont 14 à l’arrêt, 7 fermées. Les produits fabriqués sont très peu compétitifs en raison de leur faible qualité et du coût élevé des facteurs de production. Les capacités installées sont sous exploitées dépassant rarement les 40%. La part des produits manufacturés dans les exportations très faibles. Le taux de transformation des produits primaires demeure encore plus faible, tandis que notre pays est fortement dépendant des produits manufacturés. La contribution de l’industrie au PIB qui était de 10% en 2006. Ce chiffre, qui ne cesse de décroitre d’année en année. Actuellement, il oscille autour des 8%. L’industrie manufacturière est à 3% en moyenne.

 

 

Cette faible performance s’explique par l’hostilité et l’austérité de l’environnement des affaires, qui est peu propice à nos entreprises locales, du fait de la concurrence à la limite déloyale, qui leur sont imposées. Il y a aussi le difficile accès au financement pour soutenir l’investissement industriel et la faiblesse des structures intermédiaires d’appui aux entreprises, particulièrement en matière de conseil et d’appui technique. Il ressort de ce bilan peu élogieux, que l’objectif d’un véritable développement industriel n’est pas pour demain.

 

 

C’est pour inverser cette tendance, que l’Etat du Mali a mis en place en 2005 le Programme de restructuration et de mise à niveau des entreprises industrielles. L’objectif de ce programme qui boucle présentement sa deuxième phase d’exécution était de renforcer la compétitivité des unités industrielles existantes pour leur permettre de faire face à la concurrence née de l’ouverture des marchés suite au démantèlement tarifaire au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO. Parallèlement à ce programme, le Ministère en charge de l’industrie a conclu des contrats de performances avec certaines entreprises en difficulté pour leur permettre d’améliorer leur performance économique. Les mesures prises dans le cadre de ce dispositif ont permis d’améliorer les performances de gestion de la SONATAM, de la COMA TEX, et la réhabilitation de FITINAsa. Pour la COMATEX elles se sont traduites par l’amélioration de la qualité des produits et de l’efficacité des hommes et des machines. Le nombre de casse fils a diminué de 200 sur les continus à filer, l’efficacité des métiers à tisser s’est accrue de 15 à 25% et le taux de sous qualités des tissus imprimés est passé de 5% à 2%.

 

 

Ces résultats seraient beaucoup plus visibles si un mécanisme de financement de la restructuration et de mise à niveau était prévu. L’absence d’un tel mécanisme de financement demeure une des principales contraintes à corriger pour la réussite de l’action du Gouvernement. C’est dans ce contexte que le Ministère de l’Industrie et des Mines en s’inspirant de la vision du Président de la République de construire une économie émergente propose au financement le présent projet dont la mise en œuvre devra contribuer à améliorer l’efficacité du programme de restructuration et de mise à niveau des entreprises.

Mohamed A. Diakité

 

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