L’importation de certains intrants agricoles de qualité douteuse risque de compromettre dangereusement la campagne agricole. La subvention accordée par le président de la République pour soulager les paysans et rentabiliser leurs activités, est utilisée par des opérateurs économiques pour importer des engrais non recommandables. A la lumière des résultats d’analyses de qualité, menée sur le plan international, l’importation des produits de la société italienne TIMAC est apparue comme une opération doublement incriminée : la fraude qu’elle occasionne crée un manque à gagner important au Trésor public, et compromet la compétitivité de la production nationale.
Si rien n’est fait pour arrêter l’importation et le déversement des produits inefficaces sur les champs, le scandale qui se profile à l’horizon comporte le risque de compromettre la campagne agricole et de provoquer d’énormes manques à gagner au niveau du trésor public. Comme il est de coutume, les subventions accordées font l’objet de supputations de toutes sortes. Si ce n’est pas purement de l’arnaque organisée en se servant de faux documents fabriqués par des fournisseurs, afin de soutirer à l’Etat, des milliards de francs CFA pour des intrants jamais livrés, c’est des fausses déclarations à la douane, comme c’est le cas cette année, pour payer moins de taxes. Ainsi, au lieu d’être à cheval sur le contenu de leur cahier de charge, précisant « des quantités d’intrants répondant à des spécificités techniques énumérées », certains bénéficiaires des appels d’offres se croyant plus malins ont misé sur « des produits de qualité douteuse », expliquent nos sources proches du dossier. « Des réserves de taille sont soulevées par certains adjudicataires concernant la qualité des produits de la société italienne TIMAC », indiquent nos sources. Au niveau du cordon douanier, alors que les engrais importés hors UEMOA sont taxés à 7,5 % de droits et taxes, les matières premières le sont à 2, 5 %. Selon nos sources, certaines de ces importations sont faites sur la base de fausses déclarations (matières premières à la place de produits intrants). Ce qui entraine pour le trésor public, un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de CFA. Ce faisant, ils engrangent d’énormes bénéfices sur des tonnages importants. Ce qui est une concurrence déloyale entrainant des prix très bas de ces intrants de mauvaise qualité.
S’intéressant au processus de production de la société TIMAC, les autres adjudicataires sur la base d’analyses effectuées, d’abord au plan national, ensuite au plan international à la SGS à Abidjan, ont confirmé leurs soupçons : la qualité des intrants est mauvaise. La conséquence est qu’aucun des produits ne répond aux normes exigées pour la qualité des intrants. D’où la faiblesse des prix proposés. L’analyses de ces intrants indiquent également une teneur en métaux lourds nettement supérieure aux normes, faisant planer des risques certains sur la santé des utilisateurs. Compte tenu de ces facteurs, la question d’intrants mérite une attention particulière de nos autorités qui doivent procéder à des analyses minutieuses de ces produits pour la réussite de la campagne agricole.
Le sort incertain des unités nationales
Ces importateurs des produits de TIMAC, exercent sans tenir compte des conséquences de leurs activités sur la production nationale, alors que le Mali compte trois unités industrielles produisant des intrants, qui emploient près de 600 personnes. Ce sont: SOGEFERT dans la troisième région (Sikasso), TOGUNA à Bamako, et DPA dans la quatrième région (Ségou). La concurrence déloyale à laquelle se livrent certains opérateurs maliens, important illégalement certains produits a forcement de graves conséquences sur la sécurité de l’emploi au Mali en général, et sur le devenir de nos unités de production en particulier.