Réputé proche de l’Etat malien, le PDG de l’entreprise ORCA, Mouhamed Kawar, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a réussi avec la complicité de l’ex- ministre de l’Industrie, des Investissements et du Commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo et au mépris des règles économiques, un joli coup de poker: l’installation de l’Industrie Malienne du Fer (IMAFER-SA). Une usine présumée de fer à béton à Fougadougou sur la route de Koulikoro.
Du coup, ce sont les 5 usines maliennes du fer, qui risquent de fermer boutique. Avec à la clé, des milliers de travailleurs au chômage. Sans compter la paralysie de l’industrie malienne du bâtiment. D’où la colère des industriels de l’acier dans notre pays.
Partout, c’est la colère. L’indignation aussi. Les professionnels du fer ne décolèrent pas, face à ce qu’ils considèrent comme un deuil national en perspective. En ce sens que le fer à béton qu’IMAFER mettra sur le marché malien est fabriqué à base de la ferraille. Des débris et des vieux métaux recyclés servant de matières premières.
Un monopole de fait
A en croire les industriels maliens du fer, l’IMAFER-SA, une fonderie de ferrailles, est anti économique. Et dès qu’elle est opérationnelle, l’Etat malien contraint les 7 usines de fer de notre pays, à mettre la clé sous le paillasson. Surtout, que la nouvelle fonderie demande une exonération de 35% dans le cadre de l’exploitation de l’usine et les taxes à l’importation. Pareil pour l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux.
Ainsi que de la contribution des patentes.
Cependant, une certitude : les usines maliennes de fer fonctionnent à partir du fil métal. Une matière première recommandée par Arcelor Mittal (entreprise Ukrainienne), une référence mondiale depuis 300 ans en matière de fer.
Dans la fabrication du fer à béton, le minerai de fer à lui seul ne suffit pas. Il faut ajouter des produits chimiques. Notamment, le carbone, le manganèse, le chrome, le nickel, le cuivre, l’azote, l’arsenic…
C’est la combinaison de ses produits chimiques qui permet de fabriquer, non le fer à béton, mais la matière première servant à produire le fer à béton, à savoir le fil machine. Et contre toute attente, la nouvelle fonderie (IMAFER-SA) est autorisée à fabriquer, directement, le fer à béton avec de la ferraille.
Avec cette usine de ferraille, avec à l’appui, des avantages commerciaux à la pelle, les usines maliennes de fer seront face à une concurrence déloyale. Car, la nouvelle fonderie livrera son fer à béton fabriqué avec de la ferraille au même prix que celui confectionné avec du fil machine importé. S’y ajoutent, les frais de douane qui ne fissent pas d’augmenter sur les matières premières importées de l’occident.
De l’avis des industriels maliens du fer, l’octroi de 35% d’exo à l’Industrie Malienne du Fer constitue un monopole de fait servi, au richissime libanais Mouhamed Kawar, sur un plateau d’argent.
Du coup, les usines maliennes du fer à béton feront face à une concurrence déloyale. Dans la mesure où le fer à béton fabriqué par l’IMAFER-SA est à base de la ferraille. Contrairement, au fer à béton produit dans les autres usines de fer du pays qui ont comme matière le fil à machine obtenu à partir du minerai de fer. Conséquences : les usines de fer du Mali, risqueront de mettre la clé sous la porte. Avec à la clé, des dizaines de milliers de travailleurs au chômage. Sans compter la paralysie de l’industrie du bâtiment. Notamment, les logements sociaux, les infrastructures routières socio-sanitaires etc.
Dans notre pays, cinq usines évoluent dans le secteur du fer. Et pour les industriel maliens du fer, ce monopole de fait est anti économique et viole l’objectif de notre pays : « renforcer la compétitivité des activités économiques et financières de l’Etat malien dans le cadre d’un marché commun et concurrentiel et d’un environnement juridique rationalisé et harmonisé ».
La décision très controversée de l’ex-ministre Ahmadou Abdoulaye Diallo
Jusqu’à la dernière minute, l’installation de cette usine de ferraille (IMAFER-SA) a été gardée secrète. Notamment, au sein du département de l’industrie, des investissements et du commerce que dirigeait l’ex-ministre Ahmadou Abdoulaye Diallo, lequel redoutait la levée de boucliers des industriels maliens du fer.
Mieux le promoteur de cette usine de ferraille, Mouhamed Kawar, aurait demandé une protection sur sa production. C’est-à-dire, exiger de la Douane malienne, d’user de tous les moyens, afin de protéger la production de l’IMAFER-SA, contre les minerais de fer importés d’Europe par les cinq usines maliennes du fer. Même si la production d’IMAFER-SA est de piètre qualité. C’est pour rentabiliser cette fonderie de ferraille du richissime libanais, Mouhamed Kawar, disent les industriels maliens du fer, que les droits de douanes des matières premières (venant d’Europe) seront revus à la hausse.
Une seule question, désormais sur toutes les lèvres : le président ATT, est-il au courant de ce putsch industriel ? Difficile d’y répondre.
Une certitude : un homme d’affaires, aussi avisé, que ce richissime libanais (PDG de la société ORCA) acceptera, difficilement, d’investir 6 milliards de francs CFA dans une fonderie. Sans s’entourer du minimum de garantie du ministre malien de l’investissement.
Le bâtiment devant abriter la fonderie est en plein chantier. Par ce geste, le richissime libanais entend, dans un premier temps, exploiter 26.000 tonnes de fer à béton sur la base de la ferraille. Une matière non appropriée pour la fabrication du fer à béton. S’y ajoute, le recrutement de 300 salariés. Ce qui est de la poudre aux yeux. Car, selon l’arrêté signé par l’ex-ministre Ahmadou Abdoulaye Diallo, la fonderie n’embauchera que 135 ouvriers.
Par ailleurs, cette usine de ferraille demande à la société énergie du Mali de transporter sur 27 km, 6 MW d’électricité, afin qu’elle exploite de la ferraille. Pourtant, les autres usines de fer du Mali n’utilisent que 300 KW d’électricité par mois.
Mais selon un responsable d’EDM-SA, cette quantité d’électricité qu’IMAFER-SA demande peut servir 3 communes de la ville de Bamako. Autrement dit, poursuit notre interlocuteur, la fonderie envisage la commercialisation de l’électricité.
Et le hic, c’est que la fonderie de ferraille n’a pas été précédée d’une étude de marché encore moins environnementale.
Regroupés au sein d’un front commun, les industriels maliens du fer entendent lutter contre ce monopole de fait. Qui ne dit pas son nom.
En attendant, il envisage de saisir la justice sur les menaces que fait peser cette usine de ferraille sur leurs industries de fer.
Nous y reviendrons
Jean pierre James