Développement de l’industrie : Quand l’AZI se trompe de missions !

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L’Agence pour l’aménagement des zones industriels (AZI SA), qui a été créée pour faire la promotion de l’industrie malienne, est aujourd’hui dans l’œil de cyclone. Certains industriels de notre pays pensent qu’elle n’agit pas dans l’intérêt du secteur industriel. D’agence de promotion de l’industrie, l’AZI est devenue en quelques années une agence commerciale dont le seul but est de faire des profits.

 

 

De l’avis de certains industriels, l’AZI Sa, dans sa forme actuelle, ne répond pas aux aspirations des promoteurs industriels. Une situation qui annihile tous les efforts de développement du secteur industriel. Les commerciaux de l’AZI favorisent plutôt les plus offrants. Et les industriels du pays n’ont malheureusement pas accès dans leur grande majorité aux aménagements industriels dans lesquels l’Etat est en train d’investir des milliards de FCFA. Les industriels ne font pas le poids dans les  zones industrielles aménagées. Car les frais d’attribution ne sont pas à la portée des industriels. Et pourtant, comme son nom l’indique, l’Agence pour l’aménagement des zones industrielles a été conçue pour faire la promotion du secteur industriel en facilitant l’accès des terrains aménagés aux promoteurs industriels. Aujourd’hui, après la réalisation de Dialakorobougou, le constat est tout autre. Les industriels ne sont nombreux ni à Dialakorobougou, ni dans les autres localités finies ou en projet. Des promoteurs industriels pensent même que, si la situation n’est rapidement pas prise en compte, elle peut annihiler tous les efforts de développement du secteur industriel.

 

De l’avis de l’OPI, il est bien possible de changer la donne, si les pouvoirs publics prennent en compte les 20 mesures proposées dans le livre blanc. Parmi celles-ci, il y en a une qui concerne l’Agence pour l’aménagement et la gestion des zones industrielles (AZI S.A.).

En effet, l’OPI pense que si elle est impliquée dans le processus d’attribution de parcelles à usage industriel (via le conseil d’administration de l’AZI SA), le secteur industriel pourrait mieux se porter.

Cet industriel, qui a réagi sous anonymat, se plaint de l’AZI à travers sa politique d’attribution des parcelles industrielles, jugée « trop commerciale ». « L’AZI s’est transformée en agent commercial plutôt qu’en promoteur de l’industrie. Et, c’est ce qui est regrettable… », affirme cet industriel pour qui l’AZI attribue les parcelles en mettant l’accès sur le profit. Il pense que si l’OPI était membre du conseil d’administration, les industriels auraient un droit de regard sur l’attribution des parcelles. Il estime que les parcelles sont attribuées dans une sorte de spéculation qui rend inaccessibles les parcelles industrielles. Aujourd’hui, c’est cette politique de « gain » qui freine le développement du secteur industriel et réduit considérablement la part des promoteurs industriels dans les zones industrielles aménagées telles que Dialakorobougou.

 

A l’AZI SA, l’on conteste ces accusations. Le PDG de l’AZI, Yacouba Traoré, affirme que l’agence est toujours restée légaliste dans ses transactions sans omettre son statut de société commerciale devant faire des profits. Le processus d’attribution n’a jamais été modifié. L’agence est au début et à la fin du processus. Les acquisitions sont faites avec la bénédiction de l’AZI. Yacouba Traoré se dit surpris par ses propos dans la mesure où lui-même a pris des initiatives en direction de beaucoup de promoteurs  industriels au début du projet de Dialakorobougou. De la création de l’AZI en 2000 à ce jour, les prix au mètre carré ont certes évolué, mais sont restés dans la fourchette règlementaire, indique-t-on à la direction de l’AZI. De 5000 FCFA, le mètre carré en 2002, celui-ci a atteint aujourd’hui 10 000 FCFA. « En réalité, il peut dépasser cela si l’on tient compte de certains facteurs notamment l’emplacement ou le type de parcelle… », martèle-t-il, en précisant  que l’argent payé à l’AZI représente les coûts de viabilisation et non les frais de cession. Il s’agit en réalité des frais d’attribution des parcelles et non les frais de cession. Ce sont ces frais qui sont jugés excessifs par les industriels maliens. Ils avancent des chiffres allant de 13000 FCFA à 15000 le mètre carré.

Ils estiment que les parcelles doivent revenir gratuitement aux investisseurs industriels. Si ce n’est pas le cas, les coûts doivent être incitatifs. Mais, avec l’AZI, ce sont des commerçants et autres argentiers qui se sont approprié toutes les zones industrielles viabilisées, notamment Dialakorobougou. Que les véritables destinataires sont brimés et doivent acquérir les terrains au double ou au triple de leur montant.

Pour les frais de cession, le prix du mètre carré (des parcelles de Dialakorobougou) est fixé à 955 FCFA, conformément au décret du 6 mars 2002, portant fixation des prix de cession et des redevances des terrains urbains et ruraux du domaine privé de l’Etat, à usage commercial, industriel, artisanal, de bureau, d’habitation ou autres. Ce décret fixe  à 955 F le mètre carré pour les terrains à usage industriel et artisanal de la commune de Kati.

La cession des parcelles industrielles (après règlement définitif des coûts de viabilisation) est faite par la direction nationale des domaines de l’Etat. Et dans ce cas aussi, il n’y a pas de spéculation, affirme-t-on.

L’AZI, selon un de ses responsables, ne reconnait ni surenchère, encore moins spéculation. Il estime que les frais de cession des parcelles sont négociés avec le service commercial et sont susceptibles de varier en fonction des conditions économiques du moment. « C’est ce qui n’est pas normal. Les industriels doivent avoir la priorité dans les aménagements industriels… », martèle cet autre promoteur industriel. Qui demande au gouvernement de prendre des mesures pour éviter que les industriels soient brimés dans les autres localités, notamment les aménagements de Sanankoroba (à 30 km de Bamako) qui a les mêmes caractéristiques que Dialakorobougou, mais aussi ceux de Oueléssebougou, Ségou, Kayes….

 

OPI et AZI, complémentaires

Aussi, les promoteurs industriels dénoncent l’attribution de parcelles à usage d’habitation dans les zones industrielles. Pour la direction de l’AZI SA, certains aménagements sont conçus dès le départ du projet pour abriter une zone résidentielle. C’est le cas des aménagements industriels de Dialakorobougou, de Ségou et bientôt de Sanankoroba. Ce sont des technopôles qui comprennent différents secteurs : les grandes industries ; les petites et moyennes entreprises ; les entrepôts ; le commerce et des services ; et le domaine résidentiel.

En réalité, les industriels se demandent s’il y a quelqu’un à l’AZI pour défendre leurs intérêts. C’est pourquoi, certains d’entre eux crient leur ras-le-bol et exigent l’ouverture de l’AZI directement à l’OPI. Alors, il est plus qu’au opportun que l’on saisisse le vent du changement pour faire profiter à l’industrie nationale les opportunités qui pointent à l’horizon. Les pouvoirs publics ont la responsabilité de répondre aux attentes des industriels maliens. En ouvrant le capital de l’AZI SA à l’OPI, qui est une force de propositions, le gouvernement contribuera à renforcer le secteur des industries et pourrait y compter pour accélérer le développement du secteur et naturellement créer des emplois. Apparemment, rien ne s’y oppose dans la mesure où l’AZI est une société anonyme. Et ses principaux actionnaires sont des organisations professionnelles comme l’OPI.

Idrissa Maïga

(Journal l’Aube)

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