Défis d’industrialisation au Mali : L’OPI dans la dynamique d’un Mali émergent

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« Le simple fait de faire travailler les usines du Mali permettra d’atteindre l’objectif de 30 000 emplois supplémentaires en 5 ans si les usines travaillent en deux équipes et si nous travaillons en 3 équipes alors nous avons 60 000 emplois supplémentaires ». Telle est la conviction du président de l’Organisation Patronale des Industriels du Mali (OPI), Mr. Cyril ACHCAR partagée avec un auditoire averti et intéressé de décideurs politiques et d’hommes d’affaires. C’était à la faveur de leur Assemblée Générale ordinaire, tenue le samedi 1er août 2015 dans la salle de conférences du Conseil National du Patronat, placée sous la présidence du ministre de la Promotion des Investissements et du Secteur Privé, Mamadou Gaoussou Diarra, représentant son homologue de l’Industrie et du Commerce. C’était en présence d’un parterre de personnalités, dont l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, et l’ancien ministre de la Promotion des Investissements et actuel secrétaire général adjoint de la présidence, Moustapha Ben Barka. Le président du collège transitoire de la CCIM Mamoudou Tieny Konaté, le 1er vice-président du CNPM Mamadou Sinsy Coulibaly, pour ne citer que ceux-ci étaient aussi de la rencontre.

Cette prise de position du président de l’OPI traduit la volonté de ses pairs à hisser le secteur industriel malien à la hauteur des enjeux sous régionaux, notamment approcher la taille du secteur industriel ivoirien, sénégalais, ghanéen. Il s’agit de porter la part de l’industrie dans le Produit intérieur brut (PIB) à environ 10% à 20%. Notons qu’au cours de cette Assemblée Générale, consacrée essentiellement sur le rapport d’activités 2014 et les perspectives, l’OPI a fait une évaluation à mi-parcours de son livre blanc sur l’industrie malienne, retraçant les principales difficultés auxquelles elle fait face. Ainsi, l’AG a été sanctionnée par une batterie de propositions de solutions, qui recommandent un certain nombre de reformes majeures permettant de booster la part de la manufacture dans le PIB.

L’urgence d’une promotion industrielle

Pour Cyril Achcar, le Mali n’a pas d’autre choix que de promouvoir l’industrialisation qui est en recul avec 500 unités de transformation industrielle dont seulement une centaine dans le secteur formel, comparativement à la Côte-D’ivoire et au Sénégal qui comptent respectivement 6000 et 3000 unités de transformation.

Il ressort donc du livre blanc de l’OPI, que la part de la manufacture dans le PIB, qui était de 10% en 2010 est en chute libre. Actuellement, il s’est établi à seulement 5%, un seuil inquiétant ne pouvant assurer nullement la création d’emplois encore moins de richesse. Le paradoxe de la suprématie du Mali en culture de coton et sa dépendance au marché extérieur pour son équipement vestimentaire crève les yeux. Bien que notre pays excelle dans la production du coton en Afrique, il continue d’importer des pagnes, des t-shirts, des balzins ainsi que d’autres produits dérivés du coton, sans compter les friperies vestimentaires estimées, dont les statistiques d’importation, en milliards de FCFA. Le Mali ne transforme sur place que 2% du coton produit sur place. Le constat général qui se dégage donc de cette faiblesse est suffisamment alarmant pour nécessiter une intervention d’urgence. Signalons que le Mali est le premier pays importateur des produits industriels de l’espace Uemoa. Le manque d’industrialisation impacte non seulement sur le secteur de l’emploi, qui s’affaisse au jour le jour, mais surtout sur la balance commerciale, qui est fortement déficitaire de plus de trois cent quatre vingt (380) milliards  de nos francs.

Rappelons que l’industrie au Mali souffre énormément du déficit d’infrastructures de base telles les routes et l’énergie, l’insuffisance de main d’œuvre qualifiée, le problème récurrent de financement, la contrebande, la concurrence déloyale, la fraude et le poids fiscal.

Les solutions de relance de l’industrie malienne

Face à ce constat, l’actuel bureau de l’OPI dirigé par Cyril Achcar de la société GMM a amorcé depuis 2013 un vaste programme de relance de l’industrie malienne en préconisant des solutions tout à la fois conjoncturelles et structurelles. Comme solutions conjoncturelles, l’OPI préconise, entre autres, la  réduction du taux de TVA à 5% sur les produits manufacturés et non importés, la suppression de la taxe sur les activités financières,  la relecture du décret 299P-RM du 03 juin portant sur la répartition des produits des amendes (confiscation, pénalité, les frais de poursuites et de primes sur les recettes budgétaires). Aussi la redynamisation des structures techniques chargées de la fraude et de la concurrence  déloyale, l’application rigoureuse des valeurs de référence aux produits non originaires.

Au plan structurel, le stimulus des investissements, notamment dans le domaine énergétique, agro-industrie et dans l’industrie manufacturière, passe par une accélération de la mise en place d’un fonds de garantie et d’un fonds d’investissement national pour les entreprises industrielles. Il nécessite aussi la suppression de l’entreposage privé (régime suspensif) à l’entrée des produits finis qui concurrencent l’industrie nationale, la réduction des tarifs d’électricité pour les entreprises industrielles, l’abaissement des impôts sur les sociétés à 25% au lieu de 30%.

L’OPI inscrit son plan de reconquête industrielle dans le partenariat public-privé-PTF dénommé « la politique des 4P » pour rompre avec la désindustrialisation au Mali et repositionner notre pays à un meilleur niveau sous régional. Le mécanisme de cette composante consiste à la création de nouvelles unités dans 22 filières porteuses du développement industriel. Ces filières sont, entre autres, le bétail viande, le lait, les cuirs et peaux, le mil-sorgho, le maïs-blé, le riz, l’échalote, la mangue, la tomate, le haricot vert, le poids sucré, la pomme de terre, l’hibiscus, le karité, le sésame, le soja, le coton, le poisson, la gomme arabique, l’avicole, l’arachide, le thé et les matériaux de construction…

Daniel KOURIBA

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1 commentaire

  1. Toutes les entreprises qui veulent s’installer au Mali doit payer ses impôt et taxe, aussi il ne faut pas envahir le Mali avec les entreprises étranger et toutes entreprise étranger non membre de la zone CEDEAO doit avoir des autorisations et une carte de séjour d’un an renouvelable ce que nous les malienne sont victime de ça en Europe surtout en France. Nous les Malienne d’extérieur nous sommes victimes de système de carte de séjour, paiement de taxe et impôt trop élevé et nous demandons au gouvernement du Mali de faire de la même. Un homme sans dignité est un homme maudit donc nous les Africains nous ne sommes pas maudit, il faut que l’Afrique se réveille

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