Cimenterie : La guerre aura lieu

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En principe, le premier sac de ciment de la West African Cement Mali (Wacem), sera sur le marché malien le 22 septembre 2011. Les Indiens promettent de raccourcir les délais et de le ramener au premier janvier de la même année. Ce n’est pas gratuit. En effet, si Wacem, une société indienne qui intervient au Ghana, au Burkina et au Mali, en ayant comme base le Togo a eu les anciennes installations de Diamou, elle n’a pour autant pas la tranquillité. Wacem est bousculée tous les jours par d’autres qui ne voient pas d’un bon œil l’installation d’une cimenterie au Mali.

La progression de la consommation du ciment en Afrique de l’Ouest est de l’ordre de 12% l’an. Une moyenne constatée entre 2000 et 2005. L’industrie du ciment est un secteur porteur et plein d’avenir, surtout dans les pays qui disposent de réserves accessibles importantes de gisement de calcaire. Sa valeur ajoutée et son impact socio-économique sont incontestables.

En dehors du Mali, dont le marché aiguise l’appétit des investisseurs, tous les autres pays de l’UEMOA disposent soit d’unités intégrées (extraction et broyage), soit d’unités de broyages simples.

Le Mali consomme environ entre 1 million à 1,2 million de tonnes de ciment par an, pour un coût approximatif de 100 milliards de FCFA. Ses importations proviennent principalement de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Burkina Faso (à partir du clinker importé) et du Togo, selon des chiffres du Ministère du Commerce du Mali.

Le Sénégal est le pays qui produit plus que son besoin annuel. Les deux cimenteries qui sont opérationnelles projettent de porter à l’horizon 2011, leur capacité de production à 5.500.000 tonnes de ciment. Le groupe nigérian Dangote, s’intéresse aussi au marché sénégalais.

Dans une analyse récente, la Société Financière Internationale (SFI) qui investit depuis plus de 25 ans dans le secteur du ciment en Afrique de l’Ouest a estimé à 40%, la surproduction du Sénégal, avec une production de 2,9 millions de tonnes et des exportations de 600.000 tonnes vers le Mali. Le groupe français Lafarge qui est très actif au Sénégal, a été contacté « depuis longtemps » par les autorités maliennes. « Lafarge a posé beaucoup de conditions, mais, nous avons compris que c’était pour décourager toute cimenterie au Mali », affirme un haut responsable Malien qui ajoute : « depuis qu’ils ont su que les Indiens sont intéressés, ils entreprennent tout pour que ça ne marche pas ». Ainsi, à côté des permis des Indiens, sous le couvert de nationaux, des batailles se préparent pour des gisements pourtant indispensables à Wacem. D’autres sont allés chercher des permis jusqu’à… Hombori ! « si l’on sait que l’industrie du ciment est très demanderesse en eau et en énergie, on pense bien que ces projets ne sont que des diversions », ajoute notre source.

Parmi les autres groupes étrangers récemment installés dans la sous région ouest africaine, il y a Holcim/Cibema (Suisse-Espagne), Dangote Cement (Nigeria et bientôt au Sénégal), le Groupe Vicat (France), Scancem/Heidelberg (Norvège/Allemagne), Amida (France), Lafarge (France), Stucky (Suisse), CBMC (Chine), MCM/Africa (Russie). Tout ces gens voudraient diversifier leur marché et sont prêts à tout pour faire échouer le projet malien.

Dans la convention d’établissement signée, le 23 décembre 2009, entre le gouvernement et WACEM-SA, il ressort que la production sera de 800 000 tonnes la première année, 900 000 tonnes la deuxième année et 1 million tonnes à partir de la troisième année. Cette capacité sera portée à 1,2 million tonnes en fonction des résultats d’exploitation du dépôt de calcaire. L’investissement total prévu est de 66 milliards de FCFA.  Selon les projections financières plausibles, le prix de vente carreau usine est de 80 000 FCFA par tonne à partir de Dio, contre un prix à l’importation variant actuellement entre 125 000 et 140 000 FCFA la tonne. Le projet créera 250 emplois directs et environ 1000 emplois locaux indirects. A la date d’aujourd’hui, plus de vingt cinq entreprises, dont cinq entreprises togolaises utilisant plus de 600 ouvriers, opèrent à Astro et à Dio, en vue de parachever les travaux de construction de l’usine d’Astro et du centre de broyage de Dio.

 

OPTION

 

Le 28 mai, l’Assemblée nationale a voté une loi autorisant le gouvernement à devenir actionnaire minoritaire de la nouvelle cimenterie, selon le compte rendu officiel.

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