La gouvernance en Afrique se porte bien car la tendance à la bonne gouvernance est globalement positive ces cinq dernières années, selon le rapport de l’Indice Mo Ibrahim 2017. Le Mali dont la situation révèle une dégradation moyenne annuelle sur la décennie, mais avec une progression sur les cinq dernières années, est au 25è rang sur 54 pays africains en matière de gouvernance globale.
L’IIAG, créé en 2007, est communément appelé Indice Mo Ibrahim parce que c’est une initiative de la Fondation Mo Ibrahim. Quatre composantes-clés sont érigées en catégories de l’IIAG : Sécurité et État de droit, Participation et Droits humains, Développement économique durable et Développement humain. Chacune de ces catégories comporte des sous-catégories sous lesquelles sont regroupés divers indicateurs qui fournissent des mesures quantifiables des dimensions fondamentales de la gouvernance. L’IIAG se compose au total de 100 indicateurs.
Selon le rapport IIAG 2017, plusieurs pays du continent ont enregistré une progression moyenne annuelle sur les deux périodes, laquelle s’est accélérée sur les cinq dernières années : Seychelles (2è en termes de gouvernance globale), Namibie (5è) Tunisie (7è) Sénégal (10è) Maroc (12è) Kenya (13è) Tanzanie (17è) Ouganda (19è) Côte d’Ivoire (20è) Algérie (22è) Togo (26è) Égypte (31è) Nigéria (35è) Zimbabwe (40è) Guinée-Bissau (43è) RDC (48è) Soudan (50è) et Somalie (54è).
Certains pays ont connu une progression ralentie en matière de bonne gouvernance. En d’autres termes, ils ont enregistré une progression moyenne annuelle sur les deux périodes, mais sont en perte de vitesse sur les cinq dernières années : Rwanda (9è) Sao Tomé-et-Principe (11è) Bénin (14è) Burkina Faso (21è) Gabon (23è) Libéria (28è) Niger (29è) Comores (30è) Swaziland (34è) Éthiopie (36è) Guinée (39è) Guinée équatoriale (46è) et Tchad (47è).
Il y a des pays dont les performances sont « un signal d’alerte » selon le rapport car ayant connu une progression moyenne annuelle sur la décennie, mais avec une dégradation sur les cinq dernières années. C’est le cas de Maurice (1er en matière de gouvernance globale) Cap Vert (4è) Lesotho (15è) Zambie (16è) Malawi (18è) Sierra Leone (26è) Cameroun (37è) Djibouti (38è) Congo (42è) et Angola (45è).
Vient ensuite le groupe du Mali dit des pays en redressement avec une dégradation moyenne annuelle sur la décennie, mais avec une progression sur les cinq dernières années. Ils ne sont que trois : Afrique du Sud (6è en gouvernance globale) Mali (25è) et Madagascar (32è).
L’Érythrée (52è) a la particularité d’être le seul pays où la détérioration est carrément ralentie. En d’autres termes, ce pays a enregistré une dégradation moyenne annuelle sur les deux périodes, avec, en plus, un ralentissement sur les cinq dernières années.
La dernière catégorie, celle des pays à détérioration accélérée, concerne les pays avec une dégradation moyenne annuelle sur les deux périodes, empirant sur les cinq dernières années : Botswana (3è) Ghana (8è) Mozambique (23è) Gambie (33è) Mauritanie (41è) Burundi (44è) et trois pays en guerre, notamment Libye (49è) RCA (51è) et Soudan du Sud (53è).
Les performances du Mali
Pour le cas du Mali classé pays en redressement et qui pointe à la 25è place sur 54 pays africains, il est constaté une dégradation moyenne annuelle sur la décennie, mais une progression sur les cinq dernières années.
Sur les 100 critères ayant servi à l’analyse de la situation de la gouvernance dans ce pays, les trois quarts relèvent de performances moyennes.
Cependant, doit-on préciser que le Mali est arrivé 1er au niveau de deux sous critères importants, notamment pour les campagnes de santé publique avec le maximum de points (100) et il est aussi le pays le moins sous-alimenté, avec la meilleure note (100 points).
Comme autres bonnes performances remarquables, on peut retenir : 3è rang des pays de moindre exclusion sociale, 6è place pour l’accès à l’information, 7è pays de moindres violations des droits humains, 7è pour la transparence des entreprises publiques et aussi pour la réduction des disparités de revenu, 8è en matière de transfert de pouvoirs et d’engagement avec les organisations rurales, 9è pour le moins de tensions frontalières, 10è pour l’accès à la Justice et les libertés d’association et de réunion, ainsi qu’en ce qui concerne la Bureaucratie et les formalités administratives pour les entreprises ; 10è aussi en matière d’intégration régionale et pour l’Etat-civil, 11è pour le climat des investissements et aussi pour la redevabilité et la transparence en zone rurale, 12è en création d’emplois et pour les ressources du développement rural, 14è pour la politique budgétaire et celle environnementale, 15è en gestion budgétaire et aussi le pays où il y a le moins de troubles sociaux, 16è pour les moindres détournements de fonds publics et aussi pour la légitimité du processus politique, en plus des libertés individuelles et des services de santé de base, 17è pour la sécurité de la personne et pour les services d’eau et d’assainissement, 18è pour les élections libres et transparentes, 19è pour les services de police, les agences de contrôle des élections ; 19è aussi pour la politique de concurrence en matière économique et l’accès à l’eau potable améliorée, 20è en ce qui concerne les infrastructures de transport, 22è performance de l’administration publique centrale et pour l’environnement économique du secteur rural, ainsi que pour le filet de protection sociale, 25è pour l’émancipation politique des femmes.
Dans les domaines où il y a lieu d’améliorer les performances, on peut citer : la Diversification économique où le Mali n’a obtenu que 0,4 points, se classant 52è. Pour les services publics en ligne, c’est la catastrophe, avec seulement 12,7 points et un rang de 41è/54. L’enseignement où globalement le Mali n’a que 35,6 points/100 et se classe 43è et on y note une dégradation de la situation de -0,05 points ces cinq dernières années.
En matière de parité, le Mali est 45è/5’ avec seulement 40,5 points. Les experts notent une dégradation de la situation de -0,72 points sur les dix dernières années et -2,43 points sur les cinq dernières années.
Pour les services sociaux, avec une note moyenne de 54,6 points, le Mali se classe 42è et devra donc penser à des améliorations notables. D’ailleurs, il en est de même au niveau du développement humain de façon générale où avec seulement 51 points /100 (39è/54) il y a encore beaucoup de chantiers à initier.
Les autres critères qui ont contribué à un mauvais classement du Mali sont intimement liés à sa situation d’insécurité causée par le terrorisme : Criminalité élevée (39è) conflit armé interne, violence par acteurs non-étatiques; personnes déplacées internes, réfugiés politiques.
A.B. NIANG