Importations d''hydrocarbures au Mali : Un manque à gagner de 15 milliards pour l’Etat

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Des camions qui disparaissent dans la nature, ne laissant aucune trace dans les fichiers de l’Onap et de la Société de contrôle des importations (Cotecna), des déperditions d’une valeur marchande de plus de 62 milliards et de multiples violations des dispositions légales et réglementaires en transport d’hydrocarbures ; voilà quelques indications très représentatives du manque de lisibilité qui caractérise l’environnement des importations d’hydrocarbures au Mali.

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A l’occasion d’une mission au Sénégal, au Togo et au Bénin, dans le cadre de la collecte et de l’analyse de données statistiques relatives à l’importation d’hydrocarbures pour la période 2003-2005, le Bureau du Vérificateur général a constaté, au passage, l’absence de traçabilité des camions-citernes sur les différents corridors concernés : « Un nombre important de camions recensés dans les pays fournisseurs comme étant chargés de carburant à destination du Mali, n’ont pas pu être retracés dans les fichiers Onap-Cotecna».

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C’est l’une des premières conséquences des dysfonctionnements constatés sur les différents axes par les vérificateurs. Mais, il faut noter que la gravité des dysfonctionnements varie d’un pays à un autre,

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La douane exclue

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Au Sénégal, il a été relevé « une exclusion formelle de la douane malienne, par le Protocole d’accord Mali-Sénégal sur le transit, de toutes les opérations relatives aux hydrocarbures, contrairement aux marchandises solides ». A quoi sert alors la douane malienne en poste aux Entrepôts maliens du Sénégal (Emase) ? Selon le Végal, elle « assiste, sans voix prépondérante avec la Cotecna et les douanes sénégalaises, aux opérations de vérification, de chargement et de levée des documents R400 servant de documents de transit ».

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En plus, il a été noté que les chargements sont abandonnés « aux mains des chauffeurs à la sortie du Sénégal, sans remise effective de documents de transit aux douanes maliennes, avec tout ce que cela recouvre comme risques ».

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De toute façon, le Bureau du pétrole (douanes) de Dakar affirme ne pas recevoir « les acquits supposés être apurés et aucune opération de décharge des acquits n’est ainsi effectuée par aucune autorité de quelque ordre que ce soit au Sénégal. D’où l’impossibilité, de faire la part de ce qui est effectivement sorti du Sénégal ».

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Par ailleurs, des camions sénégalais chargent des hydrocarbures à destination du Mali, en toute violation du protocole d’entente sur les transports qui réserve cette activité aux seuls camions maliens.

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Au Togo, il a été constaté que les Entrepôts maliens au Togo (Emato) ne s’impliquent pas dans les opérations de contrôle du fret liquide comme ils le font du fret solide. Alors que, contrairement au Sénégal, il n’y a aucune disposition qui les en empêche. Finalement donc, à partir de Lomé, aucun contrôle n’est effectué sur les camions maliens qui viennent à vide au Port de Lomé pour le transport des hydrocarbures. D’ailleurs, dans le cadre de cette opération de contrôle, la douane malienne a fourni des données ne provenant pas de son système Sydonia, pourtant perfectionné. Elle s’est rabattue sur les données de Shell-Togo qui gère en réalité l’approvisionnement du Mali à partir de ponctions effectuées sur le stock de manœuvre du Togo.

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Risque de déperdition et de détournement   

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Puisque les Emato n’ont aucun rapport avec Shell-Togo, il est donc facile de comprendre la situation trouble qui règne à ce niveau. Toutes choses qui ont conduit le Végal à dire: « Un grand risque de déperdition et de détournement de destination persistent, puisque ces chargements doivent traverser le Burkina Faso, avant d’atteindre le premier poste malien, pour accomplir les formalités…et lever le Trie malien ».

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Au Port de Cotonou, le fait le plus frappant réside dans l’absence de coopération en matière de transit et de commerce entre le Mali et le Bénin, l’antenne des Emato qui y exerçait n’étant plus fonctionnelle. Ce qui empêche tout contrôle sérieux des opérations de ravitaillement à partir du Bénin.

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En définitive, les différents constats effectués sur les trois corridors incitent bien à la réflexion, en vue de trouver des solutions urgentes. Les conclusions du Végal, par leur importance, ne peuvent rester lettres mortes : « Sur les trois axes Dakar, Lomé, Cotonou, les déperditions de 2003-2005 ont porté sur 2.641 chargements d’un volume de 119.697.117 litres pour une valeur marchande de 62.568.328.446 Fcfa. Cela correspond à un manque à gagner de 15.053.185.829 Fcfa sur la base de la tarification d’août 2006 appliquée au Mali ».

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Il reste clair que, si pour une période qui s’étend sur trois années seulement, on en arrive à ce gouffre financier, les chiffres n’en deviendraient qu’effarants sur cinq, voire dix ans ou plus.

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Amadou Bamba Niang

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