Le premier forum, sur l’impact socio-économique de l’exploitation minière dans le cercle de Kéniéba, s’est tenu du 22au 24 novembre dernier, dans la salle de réunion de la mairie de Sitakily. C’était sous la présidence du préfet, en présence de plusieurs ressortissants du cercle résidant au Mali et à l’extérieur.
Regroupant les membres de l’association des ressortissants de Kéniéba, vivant en France (ARKF), de association des ressortissants de Kéniéba vivant au Mali, du représentant des deux sociétés minières Tamico et somilo et des travailleurs de ces deux sociétés, la population du cercle, la présidente du conseil de cercle, le sous préfet, le représentant du ministère des mines, les chefs des villages, les maires des différentes communes du cercle et le président de la commission des mines à l’assemblée Nationale. La rencontre visait à créer un esprit de dialogue et d’échanges entre les sociétés minières, les travailleurs et la population civile pour un développement harmonieux de la localité. Les thèmes débattus sont entre autre : le monde rural et les problèmes environnementaux, l’impact des routes sur le développement du cercle, l’impact des mines sur le développement du cercle et les filières sociales. Le chef de village de Sitakily, après ses mots de bienvenue, a salué cette initiative de ces fils et filles qui viennent de la France et de l’intérieur du pays. Il a aussi souligné qu’ils ont bien souhaité l’exploitation minière à l’époque, mais aujourd’hui, qu’ils souffrent de cette exploitation. Parmi les maux dont souffre la zone, il a cité entre autres : la pollution de leur environnement, l’utilisation de leur terre fertile comme zone minière, la faible représentation de la population autochtone au sein des sociétés minières.
Selon les femmes du cercle, les orpailleurs traditionnels sont régulièrement expulsés des sites qu’ils découvrent. De son côté, le docteur Niang a souligné que si rien n’est fait dans dix ans, l’eau du Falémé et les nappes phréatiques seront complètement polluées.
Malgré ce tableau sombre pour la localité, le président de l’ARKF a affirmé que le cercle présente des opportunités de développement, mais que par manque de volonté politique et la méconnaissance de la population de leurs droits, le cercle ne bénéficie pas de ces opportunités. C’est pour pallier à cette situation que l’ARKF a initié ce forum pour une conscientisation de la population sur les dangers auxquels elle est exposée. Quant au préfet de cercle, il a affirmé que la population de Kéniéba veut se réveiller et prendre leur destin en main. Pour lui, seul un esprit de dialogue et d’échanges peut permettre le développement du cercle.
Aujourd’hui, le Mali se classe au 3eme rang des producteurs d’or en Afrique, la majeur partie de cet or provient du cercle de Kéniéba sans que ce dernier n’en bénéficie. Après plus de 17 ans d’exploitation, les ressortissants du cercle déplorent le fait qu’il n’y a jamais eu de rencontre et d’échanges sur l’exploitation de ce minerai. D’après le témoignage des travailleurs de la mine, certains sont menacés verbalement. Quant aux représentants des sociétés minières, ils ont affirmé que toutes les taxes et tous les impôts, qu’ils doivent à l’Etat Malien, sont régulièrement payés. Pour sa part, le représentant du ministre a souligné que la part de l’Etat est 20℅. Ce qui concerne les autres réalisations au niveau du cercle revient à l’Etat. Ils ont expliqué également qu’ils ont fait certaines réalisations telle que : la construction des écoles, la construction des mosquées, la réalisation des forages entre autre. En dehors de ces deux sociétés, il ya la présence des orpailleurs traditionnels locaux qui n’utilisent aucun produit, mais ceux de la sous région utilisent des produits nocifs et très dangereux pour l’environnement. Pendant 3 jours d’échange et de discussion il y a eu la mise en place d’un comité de suivi, des recommandations issues de ce forum. Le président de ce comité a affirmé qu’il veillera à l’application de ces recommandations. Nous avons procédé à une visite sur le site minier de Loulo. Ils ont même fait un lac artificiel où ils ont mis 3 hippopotames et certains poissons témoins.
Bissidi Simpara