Depuis le lundi 1er septembre 2015, le Comité syndical national des Impôts du Mali a déclenché une grève illimitée sur toute l’étendue du territoire. Elle est, selon nos informations, bien suivie par les militants. A Bamako, les centres des impôts II, III et IV, que nous avons visités, sont restés désespérément vides.
Le Secrétaire général adjoint du Centre II des Impôts, Alpha Maiga, nous a déclaré: «oui, la grève a été observée par l’ensemble des agents. Vous-mêmes vous le voyez. Toutes les portes sont fermées. Il n’y a que la présence du Chef de centre et de sa secrétaire, plus les gardes, pour assurer un minimum de service, comme prévu par la loi.
La grève est aussi bien observée sur toute l’étendue du territoire. Des preuves, nous en avons. Nous les avons reçues par l’intermédiaire de nos différents Secrétaires généraux, qui sont en contact avec tous leurs collègues des autres régions et cercles du Mali.
Nos revendications portent sur 13 points. Sur ces points de revendication, nous en avons laissé huit à une date ultérieure. Si on parvient a à satisfaire les cinq points restants, nous allons suspendre notre mouvement. Pour le moment, la Commission est en pourparlers avec le Cabinet du ministère des Finances, bien que le ministre Mamadou Igor Diarra soit absent. Il y a de l’espoir».
Son camarade du Centre IV, Mamadou Diakité, a pour sa part affirmé: «bien sûr, la grève a été observée par l’ensemble des travailleurs des Impôts du Centre IV. Vous-mêmes, vous le voyez, toutes les portes sont fermées. Il n’y a que les agent de sécurité, le Chef de centre et sa secrétaire, pour assurer le minimum, comme les textes l’ont prévu.
La grève est aussi observée sur toute l’étendue du territoire national, de Kayes à Kidal. On est informé de cela minute par minute par nos collaborateurs des régions et des cercles. Nous maintenons notre décision de grève jusqu’à ce que le Gouvernement nous propose quelque chose.
Nous ne sommes pas des va-t-en-guerre, nous sommes toujours ouverts au dialogue. Mais c’est le ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra qui ne veut pas discuter avec nous. Un ministre qui ne parle pas avec ses collaborateurs, c’est vraiment grave.
Le syndicat n’est l’ennemi de quiconque, il est là pour la défense de ses intérêts moraux et matériels, comme prévoit le droit. Nous avons tout fait pour éviter cette grève illimitée, mais nous n’avons pas été entendus. Nous avons laissé tomber huit points et mis sur le tapis les cinq autres, le plan de carrière, le statut particulier, l’arrêté, le décret et la participation du syndicat aux briefings. Les deux jours de grève ont couté à l’Etat 2 milliards de FCFA».
Au Centre III des Impôts, le Chef du centre a refusé de recevoir la presse. Côté gouvernemental, il nous est revenu que des instructions ont été données pour qu’au niveau du Trésor, on envisage une éventuelle ponction sur les salaires des grévistes. Les négociations boutent, nous a-t-on dit, sur la prime.
Le taux actuel est de 0,60%. Le Gouvernement propose qu’il soit ramené à 0,90%, soit une majoration de 50%. Un autre blocage se situe au niveau des pénalités. Le taux actuel est de 28%. Le Gouvernement accepte de le ramener à 45%, soit une augmentation de 61%. Seulement voilà: le syndicat exige comme date d’application janvier 2015, soit une sorte de rétroactivité, ce que le Gouvernement refuse.
Le statut particulier et le plan de carrière seront bientôt introduits en Conseil des ministres pour être adoptés et acheminés sur la table de l’Assemblée nationale. Mais, à ce niveau également, le syndicat ne parle pas le même langage que le pouvoir et exige qu’il soit adopté dès la semaine prochaine, une exigence syndicale qui met mal à l’aise le pouvoir.
Comme on le voit, on n’est pas loin d’un accord, même si, de part et d’autre, on essaie toujours de faire monter les enchères. A suivre.
Adama Bamba