Gouvernance financière : Les bons points du Mali

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Tous les six mois, l’Uemoa produit un rapport sur la situation financière et économique dans chacun de ses Etats-membres, avec un accent particulier sur ce qu’on appelle les critères de convergence. Il y en a huit dont quatre essentiels : le solde budgétaire, le taux d’inflation, le taux d’endettement, la non accumulation d’arriérés de dettes.

Ce rapport dit de « la surveillance multilatérale de l’Uemoa» concerne l’année écoulée et le dernier sur l’état de l’Union présenté aux ministres des finances de l’Uemoa en juin dernier. Pour l’institution basée à Ouagadougou, le Mali est simplement le premier de la classe. Il est le seul à avoir respecté six des fameux critères de convergence dont les quatre critères essentiels cités plus haut et deux de second rang dont le ratio de la masse salariale (34%) et le ratio des investissements sur les ressources intérieures (24,4%).

 

 

Satisfecit                             

Le solde budgétaire de base qui correspond à la part du budget financée sur les ressources intérieures est, en effet, de 3 contre 2.4 pour la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau (0.4%). Pour les six autres pays Uemoa, ce solde est inférieur à la normale. Le taux de croissance économique de la zone Uemoa était de 2.9%. Mais au Mali, selon le même rapport, il était de 4,5%, suivi d’assez loin par la Côte d’Ivoire (3.8%), le Burkina Faso (3.2%), le Togo (3.1%), la Guinée Bissau (3%), le Bénin (2.7%), le Sénégal (1.5%) et le Niger (-0.9%). Deux facteurs expliqueraient la performance malienne : une production agricole record de plus de 5 millions de tonnes, une augmentation de 5% par rapport à l’année précédente ainsi qu’un bon cours de l’or. Pour le taux d’endettement, la norme est égale ou inférieure à 70% du PIB, le Mali vient en quatrième position après le Niger (24.3%), le Bénin (26.7%) et le Burkina Faso (27.6%) et le Sénégal (28.3%).                             

Pour ce qui est de la maîtrise de l’inflation, la norme est de 3% – la moyenne Uemoa de 1.1% – le Mali fait bien (2.2%) mieux que le Niger (4.3%) et le Burkina Faso (2.6%), autant que le Bénin (2.2%) mais moins bien que la Côte d’Ivoire (1%), le Sénégal (-1.1%).                          

Tous les pays ont un satisfecit en ce qui concerne la non accumulation d’arriérés de paiement : ils paieraient tous leurs dettes plus ou moins à temps.                                     

Un petit avertissement cependant : le Mali n’a pas respecté le critère du solde extérieur courant et celui de la pression fiscale. Mais on ne peut pas tout et c’est pourquoi, le 16 juillet dernier, le Fonds Monétaire International, dans sa lettre d’instructions spéciales au gouvernement malien, n’a pas fait dans la demi-teinte. Encourageant le Mali à plus de performances dans le domaine fiscal et de la maîtrise des dépenses publiques, l’administrateur se réjouit « de l’excellente performance de l’économie malienne qui a été rendue possible par une gestion macroéconomique adéquate ainsi que des récoltes et des prix à l’exportation favorables ».  

 

Ce qu’il faut améliorer     

De plus, lors de la réunion IDA, le mois dernier, qui se tenait pour la première fois dans un pays francophone, les bons points ont été délivrés au Mali sous les appréciations du président Abdoulaye Wade. L’aide budgétaire consentie par la seule Banque Mondiale au Mali est de 36 milliards de nos francs en 2010 auxquels il faut ajouter 20 autres milliards représentant la contribution des autres partenaires.

L’Etat reconnaît toutefois un déficit budgétaire global de 293 milliards CFA en 2010 ainsi que des instances de paiement par le Trésor public qui s’élevaient à 55,2 milliards à la fin 2010. La meilleure nouvelle dans le domaine économique reste le financement obtenu ce mois mais recherché depuis 1997 du projet sucrier de Markala. Une centaine de milliards de nos francs, principalement par la BAD, avec « 8000 emplois directs et 32 emplois directs » et un objectif : faire du Mali, un exportateur de sucre.                       

S’il est incontestable qu’au regard de nos partenaires, le Mali évolue vers le cercle vertueux, le FMI ne donne pas du tout dans la complaisance. Il recommande plus de transparence dans la gestion du budget. Il « souhaite » aussi et surtout que notre pays améliore la gestion de sa trésorerie, évite l’accumulation des instances de paiement, et fasse bien mieux en ce qui concerne l’assainissement du climat des affaires.   

Adam Thiam


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