Gel des avoirs du Mali à la BCEAO : Le scénario catastrophe peut être déjoué

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Il faut savoir qu’à  part les avoirs liquides de l’Etat et de ses démembrements détenus dans des caisses et autres coffres-forts, l’essentiel des dépôts du Gouvernement se trouve logé dans le système bancaire et notamment à la Banque centrale. C’est pourquoi, les sanctions seront d’autant plus sensibles que la proportion des ressources détenues par la Bceao serait plus forte.

Le siege de la BCEAO sur les rives du fleuve Niger a Bamako

Si les sanctions financières concernent uniquement le gel des avoirs de l’Etat détenu par la Bceao, l’Etat pourra continuer à fonctionner à minima sur les ressources disponibles dans les banques commerciales. Les salaires pourront être payés normalement sur une certaine période à condition que ces dépôts de l’Etat soient  suffisants pour ce faire. Par contre la dette intérieure et la dette extérieure risquent de ne pas être financées, en raison de l’effet d’éviction des dépenses non essentielles.

Pour la dette intérieure, son absence de règlement va entraîner des difficultés insurmontables pour les opérateurs économiques qui sont généralement les fournisseurs de l’Etat. Par effet d’entraînement, ces opérateurs ne pourront aussi honorer leurs engagements vis-à-vis  de leurs partenaires extérieurs qui sont souvent leurs fournisseurs.

Un autre fait est que, si les entreprises nationales ont eu accès au crédit bancaire pour réaliser leurs différentes opérations consécutives aux marchés conclus avec l’Etat, comme par exemple livrer  des équipements, matières et fournitures ou même effectuer des prestations de services, par faute de règlement des factures par l’Etat, ces entreprises ne pourront jamais solder leurs comptes vis-à-vis des banques. Leurs créances deviendront très vite des créances toxiques et les banques  vont être obligées de les provisionner. En réalité, ces créances passeront tout simplement en pertes et profits.

Evidemment, l’on peut rétorquer que des banques seraient bien tentées d’intenter des actions en recouvrement de leurs créances auprès d’entreprises débitrices. Mais nous serons dans une situation particulière où les débiteurs, en cascade, auront mis la clé sous le paillasson. Si une banque tenterait le recouvrement dans ces conditions, ce serait pour enrichir les avocats et les huissiers qui interviendraient dans la procédure. En d’autres termes, cette banque alourdirait ses charges inutilement et rendrait encore plus compliquée sa situation financière déjà fragilisée par les créances toxiques.

En peu de temps, la situation ira de Charybde en Scylla et c’est tout le système financier qui va s’écrouler. Parce que, dans nos pays, l’Etat reste le premier agent économique dont dépendent essentiellement les entreprises.

En plus, l’aide budgétaire se tarissant, les ressources du budget de l’Etat seront fondées sur les Impôts, essentiellement, la douane ne générant plus aucune ressource du fait de l’embargo matérialisé par la fermeture des frontières terrestres avec les pays voisins. Conséquence immédiate : l’Etat ne pourra plus assurer ses dépenses régaliennes dont celles éminemment cruciales en cette période d’invasion par des rebelles : les dépenses relatives à la défense du territoire. Imaginons alors un Mali où ni les fonctionnaires, ni les soldats ne pourront percevoir leur salaire à la fin du mois.

En ce qui concerne l’approvisionnement des ménages en denrées de première nécessité, notons que, au fil des jours, les stocks de produits importés vont  baisser progressivement et s’épuiseront  pour atteindre le niveau zéro, sauf s’il y a  des fuites dans le système de fermeture des frontières terrestres.  Parmi les  produits stratégiques dont il faut surveiller la disponibilité,  figure le carburant dont la pénurie affectera tous les domaines de l’activité économique en provoquant, ipso facto, une série de hausse de prix des prix. En effet, les prix vont grimper d’abord au niveau des activités de transport avant que ne se généralise un surenchérissement des  coûts de production et par conséquent une hausse vertigineuse des prix  des biens et services.

Les activités ludiques vont s’estomper et même disparaitre tels que les nombreux festivals.

Les hôpitaux, privés d’électricité pour assurer les soins chirurgicaux et alimenter les  couveuses,  deviendront des mouroirs. La population sera ainsi asphyxiée et cherchera à sortir de l’étreinte, peut-être en se rebellant contre la junte qui sera ainsi considérée comme la source de tous ses maux. C’est un des objectifs majeurs visés par ces mesures de la Cedeao contre le Mali. Effectivement, des troubles sociaux vont éclater pour s’étendre à l’ensemble de la société. Sans compter l’amplification de la violence urbaine, l’aggravation de l’insécurité, la dépravation des mœurs et, à l’ extrême, la religion étant le dernier refuge ou le grand prétexte dans pareils cas, il peut y avoir l’apparition de gangs islamiques antagonistes faisant régner la loi du plus fort. Et ce n’est d’ailleurs pas exclu que des groupes islamistes tentent de prendre le pouvoir par les armes.

Un pont aérien sera mis en place pour évacuer les ressortissants étrangers. Les Maliens se mettront à se battre dans les coins de rue. Ce sera le chaos.

Le Mali renouera avec les diktats islamistes des Ançar dîne, ouvrant ainsi la voie à l’occupation du pays par  une forte vague d’islamisme conquérant et fondamentaliste. En le disant, nous ne voulons pas alarmistes, mais bien au contraires très réalistes car, d’ores et déjà, ce sont les islamistes qui remplissent les stades au moindre appel de leur guide. Mais auront-ils la sagesse des chefs des confréries religieuses du Sénégal qui ont développé un islam tolérant ? Nul ne sait.

Par ailleurs, il n’est pas hasardeux de dire que le Mali est à la veille d’une véritable mutation car ayant déjà pris la partie hostile et aride du pays, la tentation est grande pour les envahisseurs de s’accaparer du Sud, fertile.

Il y aura un Mali avant embargo et un Mali après embargo qui va ressembler a une société frappée par l’apocalypse. Plus rien ne sera plus comme avant, le pays étant maudit avec un poids de pauvreté incommensurable.

Pourtant, le pire peut encore être évité.

Tard vaut mieux que jamais et nous rêvons de ce scenario de fin de crise : la junte remet d’ores et déjà le pouvoir aux civils et négocie l’amnistie. La Cedeao arrive sur l’aéroport de Mopti et déploie ses contingents lourdement armés et aide les forces armées maliennes à chasser la rébellion des localités qu’elle occupe au nord du Mali.

Plus précisément, le Nord est reconquis avec une armée malienne requinquée. Tessalit et Tinezawaten  sont sécurisés pour couper la  retraite à la rébellion et aux groupes armés. Le Niger et la Mauritanie massent des unités combattantes à leurs frontières et les villes de  Kidal,  Gao et Tombouctou sont reprises. Il ne restera plus qu’à nettoyer proprement les espaces. Le Mali unifié se dotera d’une nouvelle gouvernance avec de nouveaux hommes et l’intégrité du territoire sera défendue par une armée reformée et républicaine.

Nous pensons qu’en ce moment, pour être passé si près du gouffre, le Mali comprendra que son salut viendra d’hommes vertueux qui rendent une justice irréprochable, respectent les lois et règlements, ont l’aversion de la corruption et cultivent une démocratie sincère.

C’est le Mali de nos rêves, des droits de l’homme.

Birama FALL

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2 COMMENTAIRES

  1. ”Tard vaut mieux que jamais et nous rêvons de ce scenario de fin de crise : la junte remet d’ores et déjà le pouvoir aux civils et négocie l’amnistie. La Cedeao arrive sur l’aéroport de Mopti et déploie ses contingents lourdement armés et aide les forces armées maliennes à chasser la rébellion des localités qu’elle occupe au nord du Mali.

    Plus précisément, le Nord est reconquis avec une armée malienne requinquée. Tessalit et Tinezawaten sont sécurisés pour couper la retraite à la rébellion et aux groupes armés. Le Niger et la Mauritanie massent des unités combattantes à leurs frontières et les villes de Kidal, Gao et Tombouctou sont reprises. Il ne restera plus qu’à nettoyer proprement les espaces. Le Mali unifié se dotera d’une nouvelle gouvernance avec de nouveaux hommes et l’intégrité du territoire sera défendue par une armée reformée et républicaine.

    Nous pensons qu’en ce moment, pour être passé si près du gouffre, le Mali comprendra que son salut viendra d’hommes vertueux qui rendent une justice irréprochable, respectent les lois et règlements, ont l’aversion de la corruption et cultivent une démocratie sincère.

    C’est le Mali de nos rêves, des droits de l’homme.”

    Rien a ajouter mon frere. Article intelligent et bien ecrit. Surtout que tu as souligne l’essentiel qu’on entend tres peu, y compris dans la bouche des politiciens: la reunification du Mali sans autonomie ou independance deguisee d’une region quelconque comme le prone la France.

  2. Excellente analyse de sortie de crise. Mieux vaut tard que jamais.La diaspora malienne que nous constituons est tres preoccupee par cette crise ou on ignore qui est qui et qui fait quoi. Le peuple malien est pris en hotage. D’un cote le peuple est persecute par la guerre au nord et de l’autre il est sous le poids d’un embarco qui vas cause beaucoup de misere voire beaucoup de morts. Maliens de l’interieur comme de l’exterieur unissons nous et faisons taire les calculs politiciens pour sauver Maliba.

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