Franc malien-franc CFA-ECO : Sur quel pied danser ?

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Le franc malien fut la monnaie du Mali entre le 1er juillet 1962 et le 1er juillet 1984, remplaçant le franc CFA pendant cette période. Monnaie non convertible, de valeur initiale égale à celle d’un franc CFA, le franc malien a dû être dévalué dès 1963. Une nouvelle dévaluation a eu lieu le 6 mai 1967. Ainsi, la création de la nouvelle monnaie ECO est source de nombreuses préoccupations pour la population malienne et cela, dans tous les secteurs.

Le Mali, dès son accession à l’indépendance en 1960, a exprimé sa volonté de réaliser l’unité africaine, au prix de l’abandon partiel ou total de sa souveraineté nationale. Deux ans après, il quitta le franc CFA pour créer sa propre monnaie nationale appelée le franc malien. Selon Mohamed Ag Hamani, ancien Premier ministre, « la question monétaire reste une question de « chasse gardée » pour seulement les initiés, en l’occurrence les banques centrales et les institutions spécialisées ; alors qu’elle devrait être accessible à toutes les populations parce qu’elle passe, pourrait être et est en réalité l’expression de la volonté des Etats. La monnaie est d’abord une question de souveraineté des Etats ».

Après le coup d’Etat de 1968 et quelques difficultés liées à la gestion de sa monnaie nationale, le Mali fait son retour dans la zone CFA le 17 février 1984. En outre, l’annonce de la création de l’ECO, la monnaie unique de la Cedeao, suscite déjà une série d’interrogations, d’interprétations et d’inquiétudes de la population malienne en général et des secteurs privé et civil en particulier. L’ancien Premier ministre dit également qu’on dénote un manque de communication pour permettre aux populations de s’approprier cette question. On est également appelé à se poser la question de savoir si l’existence, la création d’une monnaie unique permettra de résoudre les problèmes économiques réels auxquels la sous-région Cedeao est  confrontée. « Nous avons déjà l’exemple du CFA dans la zone Uemoa, nous continuons à avoir des problèmes économiques très importants et l’existence de la monnaie peut aider à résoudre les problèmes, mais les problèmes économiques réels, le niveau de développement des Etats et  le niveau des échanges entre les pays concernés est une question importante qu’il faut aborder sur d’autres plans que seulement ceux de la monnaie », affirme-t-il.

Concernant le nom et le signe de la future monnaie commune, le sommet a instruit le président de la commission de la Cedeao de constituer un groupe de travail qui doit comprendre les représentants des banques centrales dans les domaines ci-après : design, graphisme, économie, histoire, anthropologie, sociologie, sciences politiques, signes monétaires ou droit. Ce groupe sera chargé de proposer des noms et des signes pour la future monnaie unique au Comité ministériel.

Selon Reiné Tamsoba, membre du FMI, « pour qu’une monnaie marche, il faut montrer son importance, mettre la population en confiance car, c’est elle qui dirige la politique. Tout le monde reconnait que le problème est complexe, il faut mener une politique autour de chaque Etat de pouvoir gérer le choc et surtout l’ampleur des choses. La création de cette nouvelle monnaie doit être beaucoup plus avantageuse pour le pays ; elle doit permettre de répondre à cette question de souveraineté. On est déjà dans la création de l’ECO, donc il faut essayer de faire moins de dégâts », affirma l’ancien ministre Ag Hamani.

Lors de la cinquante-cinquième session ordinaire tenue le 29 juin 2019 à Abuja (Nigéria), la conférence a adopté le régime de change flexible, assorti d’un cadre de politique monétaire axé sur le ciblage de l’inflation ; elle a également retenu le terme ECO pour le nom de la monnaie unique de la Cedeao.

Emma Fifamè NOUNAWON

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