Depuis longtemps, des voix s’élèvent pour dénoncer l’emprise du franc CFA sur certains Etats africains. A cet effet, Dr Lamine Keita, économiste, Mamari Biton Coulibaly, militant contre le FCFA, Dr Modibo Mao Macalou et Oumar Koné ont animé une conférence débat ce samedi 16 décembre 2017 au Carrefour des jeunes.
” La France recueille chaque année 14 mille milliards de franc CFA aux pays africains de la zone CFA “ affirme Dr Modibo Mao Macalou, conférencier. Pendant au moins trois heures, les conférenciers ont expliqué le franc CFA en long, en large, en profondeur devant un public soucieux de son avenir.
En effet, M. Macalou souligne qu’un accord monétaire lie la France aux pays de la zone CFA. Selon cet accord la France retient 50% de la devise des pays de la zone CFA. Pour cause, elle garantit la CFA. La France garantit la convertibilité illimitée du F CFA, son transfert illimité, la centralisation des devises et la fixité de la parité. Si la parité est fixe (1 euro=655,87), la centralisation est faite sur le dos des pays consommateurs.
Pis, Mamari Biton Coulibaly dira que la convertibilité évoquée par l’accord monétaire n’est qu’un prétexte pour l’ancien colon d’exploiter ses anciennes colonies. Sinon, il affirme que le F CFA n’est pas convertible en France à plus forte raison que dans les autres pays européens. Aussi, le F CFA de la zone BCEAO est inconvertible de celui de l’Afrique Centrale. Encore pire, M. Coulibaly confirme que le transfert se fait à sens unique. Certes, pour lui, les pays de la zone CFA transfèrent de l’argent vers l’extérieur comme de l’intérieur. Mais la France fait exception en matière de taxe sur le transfert d’argent. Toujours selon Mamari Biton Coulibaly, les trois entreprises françaises, Total, PMU et Orange, exportent chaque jour au moins 1 milliard (recette du jour) vers la France par Air France. Avant d’ajouter que l’euro de même que le dollar marchent sans garantie. Bref, pour ce dernier, le F CFA génère 4 problèmes. Le déficit d’échange intercommu-nautaire avec une économie extravertie. Tue la compétitivité des Etats de la zone. Le sous financement de l’économie car les devises mises à la disposition des Etats sont insuffisantes. Ce qui entraine un manque de croissance économique.
Toutefois, Dr Lamine Keita avait expliqué, auparavant, le concept de la monnaie et les enjeux de la dévaluation. Pour lui, la monnaie est un instrument de mesure pour faciliter les échanges. Mais cet instrument est aujourd’hui utilisé dans un autre cadre. Ce qui fait qu’à travers le F CFA, la France continue sa tyrannie sur ces anciennes colonies.
Yacouba TRAORE