La redoutable mission du Fmi s’est finalement conclue sur une nette lueur d’espoir, quoiqu’elle ait laissé dans son sillage un gênant boulet de déconvenues, de concessions et contraintes assimilables à la compromission. Surtout qu’à l’épisode tragique succédera immanquablement la dramatique série des punitions promises. C’est une des conditions posées -parmi tant d’autres- par la toute-puissante institution de Breton Wood, laquelle exige des sanctions à la proportion des indisciplines financières relevées dans les marchés incriminés ainsi que dans l’utilisation des fonds publics. La tâche ne s’annonce pas moins tragique pour les autorités, à en juger par les preuves indiscutables de gênantes connexions, la profondeur des racines régaliennes des infractions et des délits.
Suspendu pour cause de nébuleuse autour de la passation des marchés de l’avion présidentiel et des équipements de l’armée, le sort du programme Fec pour le Mali est désormais suspendu au prochain conseil d’administration du Fmi prévu pour Décembre prochain. La disponibilité dudit programme n’est apparemment qu’une question de formalité, tant la mission du Fmi s’est montrée bienveillante pour accorder un coup de pouce à notre pays. Interrogé par nos soins, en marge de la conférence de presse conjointe avec la ministre des Finances, le chef de la mission, Christian Josz, nous a d’ailleurs confié, sans ambages, son intention d’élaborer un rapport très favorable à la conclusion des première et deuxième revues du programme Fec avec le Mali.
La décision de son équipe repose notamment sur des indicateurs économiques encourageants pour l’exercice budgétaire 2014, mais aussi sur les multiples concessions faites par le Mali, dans le sillage du résultat de l’audit exigé par l’institution financière internationale à l’effet de tirer au clair les deux marchés mitigés.
A la lumière des vérifications opérées par les structures indépendantes, dont l’institution du Vérificateur général, le Fonds monétaire a obtenu du gouvernement malien une panoplie de mesures correctives à la limite de la compromission. Y figurent, ainsi que mentionné dans le communiqué rendu public par les deux parties, la publication des rapports d’audit du Végal et de la Cour cuprême, l’engagement à observer la rigueur et la discipline budgétaire par l’incorporation de toutes les dépenses publiques dans la Loi de finances, ainsi que la correction des différentes surfacturations relevées dans le marché militaire du ministère de la Défense.
Dans la même veine, il est question de régulariser les dépenses extrabudgétaires totalisant la trentaine de milliards Fcfa pour l’exercice 2014, avec notamment une incidence assez sensible sur les dépenses publiques et les indicateurs macroécono miques pour nécessiter un collectif budgétaire.
Le Budget 2014 connaîtra du coup sa deuxième retouche en l’espace de deux mois, après être passé à la correction des parlementaires en Août dernier, à cause des dépenses afférentes à l’achat de l’avion présidentiel.
Ce n’est pas tout. Au nombre des exigences du Fmi figurent, par ailleurs, en bonne place, la très sensible question des sanctions auxquelles l’institution financière mondiale semble vouloir donner une dimension pédagogique, à en juger, tout au moins, par ce passage suivant de l’accord conclu avec les autorités maliennes : «Communication relative au processus des sanctions…»
Il s’agit -il est loisible de le comprendre- de la périlleuse entreprise imposée au gouvernement, lequel s’est ainsi engagé auprès des partenaires financiers à identifier les présumés responsables de la grande magouille décelée dans le marché de la défense et à leur infliger une sanction exemplaire. Si le Fmi devait être regardant sur la justesse, l’impartialité et la sincérité des mesures punitives annoncées –c’est apparemment le cas- c’est qu’il confronte le gouvernement à une véritable tâche délicate, tant l’écheveau est emmêlé dans les connexions régaliennes à peine franchissables.
Sur quelles cibles seront donc braquées les dénonciations contenues dans le rapport d’audit ? L’équation tient visiblement de la quadrature du cercle.
Certes, il est de notoriété publique, de prime abord, que le ministre de la Défense fait figure d’ordonnateur des dépenses de son département. C’est à ce titre, selon les confidences, que le chef du département de la Défense à l’époque des faits, en l’occurrence Soumeylou Boubèye Maïga, s’est adressé à son collègue de l’hôtel des finances avec une certaine demande de garantie. A laquelle sollicitation, Mme Bouaré Fily Sissoko a répondu favorablement en faisant une description détaillée de la disponibilité des crédits budgétaires devant permettre au secteur de la défense de prendre en charge le protocole relatif au marché d’équipements.
Par ladite lettre de garantie, la ministre indique, en effet, la disponibilité de six milliards Fcfa prévus pour l’équipement des forces armées, deux-cents millions Fcfa pour l’habillement ainsi qu’une rondelette somme de vingt-trois milliards inscrits à titre de dotations supplémentaires. Ce n’est pas tout. La ministre de l’Economie et des Finances, par la même occasion, donne également des indications sur le rythme de prélèvements de dix-sept milliards Fcfa, représentant 25 % du montant total du protocole d’accord passé par le département de la Défense, soit 4,495 milliards sur plus de 6 milliards Fcfa d’inscriptions budgétaires au titre des crédits d’équipements et d’investissements, puis la bagatelle de 13 milliards Fcfa inscrits aux charges communes pour le compte des équipements de l’armée.
Qu’est-ce qui a pu influencer une telle ardeur, la générosité avec laquelle la ministre en charge des Finances oriente le département de la Défense vers une dépense aujourd’hui admise comme un extra budgétaire ? La réponse réside peut-être dans la connexion entre l’irrégularité de la dépense publique en cause et la moralité du marché y afférent.
Dans tous les cas, c’est en vertu des engagements et des garanties obtenus du trésor public, à travers le premier responsable de l’hôtel des finances, qu’une des banques les plus liquides de la place a misé sur ledit marché en acceptant de préfinancer ses bénéficiaires, moyennant naturellement intérêts, frais bancaires et commissions. La Banque Atlantique -il s’agit d’elle- a déjà consenti des avances substantielles dans ce sens, ainsi qu’en attestent les traces bancaires laissées par des représentants nationaux de Guo-Star, la société de droit française attributaire du marché par entente directe. Neuf-cents millions Fcfa. C’est le montant cumulé des chèques N° 0270839, 0270841 et 0270837 enlevés en moins d’un mois (entre le 12 Février et le 3 Mars 2014) par une seule et même personne, un certain Ousmane Bouaré, domicilié à Badalabougou Séma I. Qui est-il ? Difficile de le dire.
Il paraît clair, en revanche, que la délivrance desdits chèques entre dans le cadre d’une convention de crédit passée entre la Banque Atlantique Mali et des personnes dûment mandatées par l’Etat, sous le couvert de la dénomination très opaque de «donneurs d’ordre» et qui ne sont autres que les représentants de sociétés prestataires de service trié sur le volet.
Et, par correspondance confidentielle de Mme Bouaré Fily Sissoko au directeur général de la Banque, Niamé Traoré, le ministère des Finances, agissant au nom de l’Etat malien, engage celui-ci comme «garant» du remboursement de tous les emprunts qu’auront contractés lesdits « donneurs d’ordres» dans la fourchette du montant correspondant aux protocoles d’accord conclus avec le ministère de la Défense, soit 100 milliards Fcfa. «Je soussigné Mme Bouaré Fily Sissoko, agissant en qualité de ministre de l’Economie et des Finances de la République du Mali, représentant l’Etat malien, ci-après dénommé «le garant» dûment habilité à l’effet des présentes… Connaissance prise des conditions, notamment financières, de remboursement par les sociétés prestataires de service à l’Etat, représentées par des personnes dûment mandatées à cet effet, ci-après dénommées «les donneurs d’ordre». Tels sont entre autres les passages révélateurs de la teneur des garanties fournies par la ministre de l’Economie et des Finances à la Banque Atlantique Mali, laquelle missive mentionne par ailleurs que les engagements de l’État malien ne sauraient aucunement être affectés par l’évolution des rapports entre le département de la défense et ‘’les donneurs d’ordre’’, ni par les événements politiques ou la survenance d’éventuelles difficultés économiques.
Doit-on en déduire, par conséquent, que les mesures correctives, enclenchées ou annoncées pour faire bonne figure devant le Fmi (annulation de marchés, collectif budgétaire, entre autres), ne sont en réalité que de la poudre aux yeux au regard du caractère très contraignant des engagements de l’État malien envers l’institution bancaire, au nom et pour le compte des donneurs d’ordre. Parmi ces derniers, figurent, selon toute évidence, le conseiller à la Présidence de la République, Sidi Mohamed Kagnassy, mandataire attitré de Guo-Star pour la signature des protocoles d’accord passés avec l’Etat malien à travers le département en charge de la Défense.
Sidi Mohamed Kagnassy n’est pas que mandataire de l’attributaire principal du marché. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’intéressé, en plus de cumuler les fonctions de conseiller à la Présidence de la République, est également habilité à traiter avec tout fournisseur ou intermédiaire dans le cadre du marché de la Défense. Il tient ce mandat à partir d’une attestation dûment décerné par le directeur de cabinet du président de la République d’alors, Mamadou Camara qui, par lettre N° 0001 destinée à qui de droit, s’exprime en ces termes : «Je soussigné, M. Camara, directeur de cabinet du président de la République, certifie que Monsieur Sidi Mohamed Kagnassy et toutes les sociétés qu’il représente sont mandatés par la présidence de la République du Mali pour traiter avec tout fournisseur ou intermédiaire que ce soit, des affaires d’équipement des forces de défense et de sécurité malienne». La correspondance, qui se conclut par la mention ‘’fait pour valoir ce que de droit’’, date du 5 Novembre 2013, soit d’une dizaine de jours antérieure aux protocoles d’accord signés le 13 novembre 2013 et peut-être même antérieure à la nomination de l’intéressé comme conseiller à la présidence de la République.
Autant d’indicateurs qui portent à croire, en définitive, que les tentacules de la pieuvre, dans le sulfureux marché de la défense, se situent à des étendues beaucoup moins superficielles que celles qui apparaissent comme les responsables visibles. Or, il est si difficile que la faute entraîne des sanctions lorsque les autorités qui en détiennent les pouvoirs doivent juger de l’opportunité à ses dépens.
Affaire à suivre.
Abdrahmane Kéïta
FMI, le mea culpa du Mali
Le Ministre de l’Economie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko et le chef de la délégation du Fonds monétaire international, Chirtian Josz, ont animée une conférence de presse, vendredi dernier, dans la salle de réunion dudit ministère.
Selon le chef de la délégation, le Fonds monétaire international va débloquer pour le compte du Mali la somme de 12 millions de dollars américain.
Au cours de la conférence de presse, il été question de la reprise de l’aide du Fmi, la clarification de toutes les dépenses extrabudgétaires effectuées par le gouvernement du Mali.
A propos de l’achat de l’avion présidentiel, toutes les clarifications ont été données. A en croire le ministre Fily Sissoko, l’appareil a été payé à 20 milliards et 1 milliard Fcfa pour sa révision.
Par rapport à la loi de programmation militaire, sur 69 milliards Fcfa, il a été constaté une surfacturation de 29 milliards Fcfa par le bureau du Vérificateur général. Cette surfacturation a été détectée du coté de la banque Atlantique. Et, le ministre de l’économie et des finances de donner toute l’assurance que les coupables rendront des comptes.
Sur les 134 milliards Fcfa de dépense au niveau du ministère de la Défense, il n’y a eu seulement que 34 milliards Fcfa de crédits ouverts ramenés à 57 milliards Fcfa sur lesquels il ya eu une dépense extrabudgétaire de 7 milliards Fcfa qui a servi à la construction du terrain de l’Afro basket.
Pour le reste, le gouvernement, par la voix de la courageuse ministre Bouaré Fily, s’est désormais engagé à informer l’opinion sur toutes les dépenses de l’Etat. Le gouvernement corrige ainsi les erreurs du passé et s’engage à suivre strictement les règles qu’enseigne la discipline budgétaire.
Dans un communique, la mission de la Fmi a salué le budget que le gouvernement entend déposer à l’Assemblée nationale en octobre. Ce budget, qui constituera la base du programme Fec pour 2015, vise un déficit global de 4,4 % du Pib. Ce déficit est financé pour trois quart par les bailleurs de fonds, le reste étant couvert par le marché financier régional.
La mission se réjouit en outre du renforcement des réformes structurelles, notamment celles qui visent à améliorer l’administration fiscale, la maîtrise des dépenses, la gestion de la dette et la trésorerie.
Alhousseyni TOURE
Ladji & click: Le Mali est devenue la trainee de l’Afrique avec nos dirigeants. Ladji machin est venu avec sa gu-eule du nouveau balla faceke national. C’est lui qui Nous disait qu’il sera le champion de la lutte contre la corruption, la tranparence, rien ne sera plus pareil, les choses seront diferrentes et j’en passe. Le kankeletigui, mer- de oui le magouilleur de 1ere classe ce mec qui devient ppire que ces predecesseurs. On verra si cette gu-eule etait manipulatrice juste pour aveugler le peuple comme d’habitutde par nos presidents et politicards es-crots. Eux ils se mettent plein en poches avec leurs complices de l’argent du contribuable et des dons et financements faitent par les bailleurs de fonds. J’aimerai bien voir la suite de cette affaire, comme ladji a dit que nul ne sera au dessus de la loi en commencant par lui meme et sa click, on verra bien si sa bouche lui donnera raison. Et bien j’espere que le FMI et la BM iront jusqu’au bout cette fois ci et informeront le peuple.
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