Si le retour du Fmi, qui avait suspendu son aide au Mali, constitue un véritable ouf de soulagement pour nos plus hautes autorités, tel n’est pas le cas pour le pré-accord qui était attendu au terme du 3ème round des pourparlers d’Alger. Pendant que certains observateurs qualifient cette troisième phase des négociations en terre algérienne d’échec cuisant, même si les représentants de l’Etat ont leur propre version, la maladie à virus Ebola hante les esprits des Maliennes et des Maliens. Du coup, ce sont là deux grosses épines sous les pieds d’IBK et de son Premier ministre, Moussa Joseph Mara.
Après la découverte des malversations financières liées à l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, le Fonds monétaire international (Fmi) avait sorti sa hache en gelant sa coopération avec le Mali. Les conséquences étaient lourdes et se faisaient sentir sur le Trésor national. Dans ce contexte, comment fallait-il s’y prendre pour sortir de l’engrenage en redonnant confiance au Fmi afin qu’il reprenne sa coopération ? Telle était la difficile équation que devaient résoudre nos gouvernants. Il fallait donc tout simplement se plier aux injonctions de cette institution financière mondiale, en corrigeant le Code des marchés publics et en acceptant la publication de deux audits indépendants ayant révélé des manquements aux règlements, qui sont désormais aux mains de la justice. Ce qui a d’ailleurs contraint nos plus autorités à annuler un grand nombre de contrats passés par l’armée ou à revoir à la baisse leur facturation totale (de 266 millions à 114 millions).
Ces injonctions faites à l’Etat malien ayant été acceptées, le Fmi, quelque peu satisfait, vient de débloquer son aide au Mali, qui était gelée, afin de lui redonner un nouveau souffle. Et c’est une bagatelle de 11,7 millions de dollars de prêts qui a été débloquée en faveur des autorités de notre pays. De ce fait, ces dernières se frottent les mains, tout en saluant la bonne «compréhension et l’indulgence du Fmi», car la sanction aurait pu être plus lourde et catastrophique pour nos populations.
Si sur ce point, il n’y a désormais rien à redire puisque la coopération Fmi/Mali est relancée, mais tel n’est pas le cas des pourparlers gouvernement malien/groupes armés du septentrion. En effet, alors qu’on s’attendait à un pré-accord au terme du troisième round de ces pourparlers d’Alger, voilà qu’on nous parle d’un autre report, en janvier. C’est du moins ce qui ressort de la conférence de presse co-animée le 2 novembre dernier à l’hôtel Radisson Blu de Bamako par les représentants du gouvernement à Alger, Hamadou Konaté, ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction des Régions du Nord ; Zahabi Ould Sidi Mohamed, ministre de la Réconciliation nationale et Ousmane Sy, ministre de la Décentralisation et de la Ville.
Si les trois ministres indiquent que l’ambiance était conviviale entre les deux parties prenantes au conflit (gouvernement et groupes armés) à Alger et qu’«il y a une volonté d’aller à la paix de tous les côtés», pourquoi alors ce report ? Il y a là, à notre avis, une flagrante contradiction des conférenciers, surtout qu’ils avouent qu’il y avait des ambiguïtés à Alger. «En certains moments, on dit “Etat” au singulier ; à d’autres moments on dit “Etats” au pluriel. On parle aussi de “région intégrée”. Il se trouve que ça fait partie des points pour lesquels des questions ont été posées et des désaccords ont été exprimés», révèle le ministre Hamadou Konaté.
Comment peut-on parler en même temps «de la volonté des parties à aller de l’avant pour la paix» et soulever «des ambiguïtés» ? Que cache donc ce double langage ? Un échec qui ne dit pas son nom ? Allons-nous passer notre temps à négocier à Alger avec des groupes armés qui ne cherchent que, vaille que vaille, le séparatisme et la partition du Mali pourtant Un et Indivisible ? Non, il est temps d’arrêter ce marché de dupes auquel nous livrent l’Etat malien et la Communauté internationale. Car trop, c’est trop !
Par ailleurs, l’autre mal qui frappe de plein fouet le Mali, n’est autre que la maladie à virus Ebola. Là encore, après l’arrivée de la maladie, nos autorités, comme à l’accoutumée, s’étaient livrées à de véritables contradictions, dans leur volonté de cacher la vérité au peuple. Il a fallu que l’information, la vraie, soit donnée par l’Oms-Guinée à l’Oms-Mali, pour qu’elles s’activent. Même si elles tentent aujourd’hui de contenir la maladie qui a déjà fait des morts et des cas suspects, suite notamment à l’importation suicidaire de cet Imam mort d’Ebola à la clinique Pasteur, elles restent laxistes, alors que le peuple malien attend impatiemment de savoir ce qui s’est réellement dans ce dossier. Autant dire que les résultats de la Commission d’enquête mise en place dans ce sens ne doivent pas traîner à tomber !
Bruno E. LOMA