Cette édition a porté sur «La problématique du financement des petites et moyennes entreprises: défis et opportunités», développé par le Président de l’APBEF, Moussa Alassane Diallo. Il croit fermement à la préférence nationale et pense également que «le développement économique durable et inclusif du Mali se fera avec les PME / PMI / PMA ou ne se fera pas, et apporter des réponses adaptées à la problématique du financement des PME / PMI / PMA n’est pas une urgence, mais une exigence». Nous vous proposons l’intégralité de son exposé.
Introduction
La problématique du financement des entreprises, et particulièrement celle des PME par le secteur bancaire et financier, les contraintes et les opportunités qui y sont liées, s’analysent d’une part, en fonction de l’évolution de l’environnement institutionnel et juridique, et d’autre part, en fonction des mutations économiques, financières, commerciales et technologiques en cours.
La promotion du financement des petites et moyennes entreprises pose un certains nombre de questionnements auxquels il faudra chercher des réponses adéquates:
– l’adaptation des produits et services bancaires à la couverture des besoins;
– la complémentarité des actions des banques et des institutions de micro finance sur ce segment de clientèle;
– la nécessité de mobilisation de ressources longues pour répondre au besoin d’investissement dans les équipements productifs et dans les infrastructures;
– la nécessité absolue de faire évoluer les PME vers des structures plus formelles afin de mieux les accompagner.
- Bancarisation de l’économie et intermédiation monétaire
La zone UEMOA est caractérisée par un très faible taux de bancarisation de son économie. Toutefois, la décennie 1990-2010 a amorcé un véritable changement d’orientation avec la création de nouveaux groupes bancaires à vocation panafricaine et internationale et un accroissement très significatif du nombre de guichets bancaires.
Par ailleurs, de nouveaux produits ont permis encore plus d’accessibilités à la Banque grâce aux solutions monétiques privatives et aussi à l’avènement de GIM-UMOA avec la multiplication des guichets automatiques de banque.
Même si le secteur connait en ce moment beaucoup de problèmes, la Micro finance a également beaucoup contribué à l’amélioration du taux de bancarisation en permettant à des petites entreprises dans l’informel d’accéder au financement.
- Financements bancaires des petites et moyennes entreprises au Mali
L’amélioration de l’accès au financement des entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises, constitue aujourd’hui une préoccupation croissante, tant au Mali que dans les autres pays de l’UEMOA.
Les difficultés d’accès au financement occupent une place de choix parmi les principaux obstacles auxquels sont confrontés les PME, surtout en période de démarrage des activités.
Cette problématique revêt une importance capitale pour les pays membres de l’UEMOA où le développement des PME / PMI / PMA apparaît comme l’un des facteurs stratégiques pour relever les défis de l’accélération de la croissance économique, de la création d’emplois et de la réduction de la pauvreté.
Les établissements de crédit entretiennent des relations diverses et variées avec les PME / PMI / PMA (opérations de crédit, de dépôt, de services, de conseils). A ce titre, les entreprises, en tant que structures de production de biens et de services ne sauraient trouver meilleurs partenaires que les banques et établissements financiers dans le bon déroulement de leur cycle de production.
Cette relation privilégiée entre le système bancaire et les PME / PMI / PMA est au cœur de toutes les stratégies visant à développer un tissu économique durable et compétitif.
Malgré des efforts importants réalisés au cours des dernières années dans la mise à disposition de ressources financières aux entreprises par les établissements de crédit, des incompréhensions demeurent de part et d’autres entre les deux acteurs majeurs de l’économie.
Les entreprises se plaignent:
– du difficile accès aux sources de financement bancaire, surtout au démarrage,
– de la complexité des procédures bancaires et des longs délais de réponse,
– du volume important de documents à fournir (états financiers, rapport d’activités, prévisions financières, etc.),
– des taux d’intérêt élevés,
– des garanties difficiles à fournir,
– des apports personnels difficiles à constituer.
Quant aux banques, elles déplorent :
– l’absence d’informations financières pour assoir leur décision,
– la qualité du montage financier et technique des projets (projets mal ficelés, trop optimistes),
– l’incohérence des états financiers lorsqu’ils sont disponibles,
– l’insuffisance des études de marché et leur crédibilité,
– la mauvaise appropriation du projet par son promoteur,
– la faible capacité de gestion et managériale,
– l’absence d’organisation interne et de suivi/conseil,
– les difficultés de réalisation des garanties,
Et aussi et surtout le fait que dans la plupart des cas ces entreprises reposent sur une seule personne.
2.1. Contraintes liées au financement des PME / PMI / PMA au Mali:
2.1.1. La classification des entreprises:
L’environnement économique de nos pays est marqué d’une part par la coexistence entre des entreprises formelles plus ou moins grandes et d’un secteur informel particulièrement important, constitué de petites entreprises et aussi d’entreprises familiales avec un impact très élevé sur la vie économique.
La très grande majorité de ces entreprises opèrent dans le secteur tertiaire (surtout commercial), d’autres opèrent dans les secteurs artisanal et agricole. Et une poignée d’entreprises opèrent dans le secteur industriel. Il va sans dire que les entreprises créatrices d’emplois se situent surtout dans ce dernier secteur.
La grande majorité des entreprises se caractérisent par un faible niveau de production et de bancarisation (faible connaissance des procédures et techniques bancaires), et par des chiffres d’affaires peu diversifiés. C’est pourquoi, la formation des emprunteurs apparaît comme un préalable à la réussite de toute politique de distribution du crédit en faveur des PME / PMI / PMA.
2.1.2. Commercialisation des produits:
Le circuit de commercialisation est fortement tributaire des infrastructures de transport, de conditionnement, etc. La sécurité des prix suite aux reformes des marchés fondées sur la libéralisation et l’existence de débouchés sûrs constituent aujourd’hui des défis majeurs auxquels les PME / PMI / PMA sont confrontées et avec elles les institutions de financement.
2.1.3. Statut juridique des entreprises:
La grande majorité des PME / PMI / PMA ne disposent d’aucun statut juridique. Elles ne disposent que d’une reconnaissance administrative des autorités locales ou communales. A ce titre, la problématique même de l’entreprise en tant qu’élément de droit est posée.
2.1.4. Absence de comptabilité et d’états financiers:
L’analyse du risque bancaire de la grande majorité des petites et moyennes entreprises repose en général sur des éléments physiques de l’exploitation : la production, les revenus monétaires, les charges, le cash flow.
L’absence d’une comptabilité fiable et par conséquent d’états financiers est une préoccupation majeure des banques commerciales dans le financement des PME / PMI / PMA.
2.1.5. Coût élevé du crédit aux PME / PMI / PMA:
L’analyse de la comptabilité analytique du crédit distribué par les établissements de crédit par grande catégorie de clientèle montre que les activités d’octroi de crédits en faveur des PME / PMI / PMA sont génératrices de charges financières élevées. Les coûts d’intermédiation et surtout l’environnement juridico-institutionnel explique en grande partie cette cherté vu le risque élevé d’impayés et les difficultés liées à la réalisation des garanties.
2.2. Opportunités liées au financement des PME / PMI / PMA:
2.2.1. Volume des transactions:
Les banques ont vite mesuré l’opportunité que représente la niche du financement des PME / PMI / PMA compte tenu de leur nombre et de leur importance dans l’économie. C’est pourquoi, durant la dernière décennie qui vient de s’écouler, elles en ont fait leur priorité en mettant en place des produits et services adaptés à leurs besoins en développant des outils permettant, en l’absence d’états financiers fiables, de pouvoir les évaluer et mesurer leur performance et rentabilité.
A présent ce qui est fait loin d’être suffisant et ces efforts d’adaptation à cette cible doivent se poursuivre ; surtout pour les entreprises naissantes qui n’ont pas d’antériorités permettant une quelconque évaluation.
2.2.2. Gestion de la relation clientèle:
Les banques, à travers la diversification des produits et services bancaires offerts aux PME / PMI / PMA, inscrivent beaucoup plus facilement leur relation dans la durée avec celles-ci.
Ainsi, la plupart des banques ont acquis des logiciels de gestion de la relation clientèle tout en développant des compétences internes destinées à démarcher, préserver et promouvoir leur portefeuille de crédits et services à la clientèle PME / PMI / PMA. La fidélisation de ce segment de clientèle permet à la Banque d’assurer des emplois à court, moyen et long terme dans leur portefeuille.
2.2.3. Aider à la domiciliation du chiffre d’affaires:
Pour donner plus de confiance aux banques commerciales dans le financement du secteur des entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises, il est souhaitable que les PME / PMI / PMA domicilient effectivement leurs recettes dans des comptes bancaires. C’est cette domiciliation comme cela a été évoqué plus haut qui permet de mesurer leur performance et leur régularité en l’absence de chiffres fiables.
Comme frein à cette domiciliation, ces entreprises évoquent généralement l’éloignement et l’engorgement des guichets de banque. Ces entreprises reposant surtout sur leurs promoteurs, ces derniers ont beaucoup de mal à délaisser leurs activités pour aller passer de longues heures dans les guichets.
Les banques ont bien pris toute la mesure de cette problématique. Et c’est pourquoi, elles sont toutes à la recherche de solutions alternatives pour y pallier parmi lesquelles ont peut citer entre autres le mobile banking, les versements et transferts sur les GAB, le partenariat avec les facturiers pour faciliter les paiements de factures diverses, etc. Car, il faut l’avouer, le développement du nombre de guichets et leur couverture territoriale demeurent encore très faibles malgré les efforts importants de ces dernières années.
2.2.4. Émergence des Centres de Gestion:
Les centres de gestion créés par les jeunes diplômés en comptabilité, gestion et finance sont des structures indépendantes chargées de l’encadrement des promoteurs individuels et des PME dans la tenue de leur comptabilité et de l’élaboration des états financiers.
Cette démarche assure d’une part la transparence de gestion des PME et garantit d’autre part aux banques une analyse des financements des projets sur des bases financières. Les centres de gestion contribuent fortement à la maîtrise de la situation d’endettement des entreprises. L’Etat doit encourager leur développement par des mesures très incitatives.
2.2.5. Développement des Centrales de Risque:
Au plan national, la Banque Centrale met aujourd’hui à la disposition des établissements de crédit une centrale des risques permettant de surveiller l’évolution des engagements de la clientèle et la prise de risque. Il est opportun de chercher à développer une centralisation des risques liés au financement des petites et moyennes entreprises à travers une meilleure formalisation. Cette procédure permet de limiter les cas de surendettement et par conséquent, limite le risque d’impayés.
- Perspectives de financement des entreprises par les banques
3.1. Les facteurs à prendre en compte:
Les perspectives de financement bancaire des PME / PMI / PMA doivent prendre en compte les enseignements suivants:
1°) En l’absence de comptabilité tenue par les PME, les banques doivent sortir de leur modèle économique fondé sur l’analyse du risque à partir des éléments financiers: bilans, comptes d’exploitation, plan de trésorerie pour bâtir un nouveau schéma de financement des PME / PMI / PMA axé sur la connaissance du client et de son outil de travail, la maîtrise du cash flow, la qualification du personnel bancaire dédié à l’analyse du risque PME, l’adaptation des outils, l’amélioration des procédures.
2°) La nette prédominance des crédits à court terme sur les crédits à moyen et long termes ne favorise pas les investissements productifs. La recherche de ressources longues doit être une priorité pour accompagner ce secteur dans l’acquisition d’outils de production afin d’orienter les PME vers une industrialisation plutôt que de se contenter d’acheter des marchandises pour les revendre sans transformation et sans valeur ajoutée.
3°) La problématique des garanties immobilières comme facteur de sécurisation du crédit: l’administration foncière a un gros défi à relever afin de fiabiliser encore plus les titres de propriétés remis aux banques par les entreprises. La transformation des titres précaires en titres définitifs doit être plus sécurisée et plus rapide.
Les coûts de formalisation demeurent encore très élevés et les entreprises payent un ticket et à l’entrée (formalisation à et à la sortie (radiation une fois que le prêts est soldé). ce qui constituent un gros manque à gagner pour les entreprises et obère le coût du crédit.
Par ailleurs, l’Etat peut envisager une translation des privilèges en cas de transformation d’un permis d’occuper ou d’une lettre d’attribution en hypothèque sans frais supplémentaire pour le client. Ces mesurent conjuguées permettront d’amoindrir le coût du financement dans notre pays. Beaucoup a été fait mais les enjeux restent encore importants.
4°) La professionnalisation des PME / PMI / PMA et leur accès à la commande publique: dans la mesure des possibilités, l’Etat doit encourager l’émergence d’entreprises performantes en leur réservant un certain quota dans les marchés publics (notamment dans le BTP, l’artisanat). Cette mesure boostera sans nul doute la création d’emplois.
5°) La recherche de joint venture entre les PME / PMI et les entreprises étrangères dans la réalisation de grands travaux. Elle ne sera que bénéfique pour les entreprises maliennes qui pourront que s’enrichir en expériences et améliorer leur façon de faire. Sous d’autres cieux, les entreprises étrangères sont obligées de nouer des partenariats avec des entreprises locales pour bénéficier de marchés étatiques.
6°) Le déficit en matière de gouvernement d’entreprise
7°) La collecte d’informations économiques, financières et commerciales fiables. En effet, la Direction Nationale de la statistique doit mettre à la disposition des entreprises des informations quantitatives et qualitatives fiables permettant de mieux appréhender le secteur dans lequel elles veulent se lancer ou dans lequel elles officient déjà.
Cela éviterait la redondance de projets déjà existant et à faible valeur ajoutée. Ces informations permettront également aux établissements financiers de mieux orienter leur politique de financement en ciblant mieux les besoins des entreprises.
3.2. Les enjeux et les risques à maîtriser:
Les PME jouent un rôle particulièrement important dans la croissance économique et dans la lutte contre la pauvreté et le chômage. C’est pourquoi, le financement des PME constitue une préoccupation partagée par tous les acteurs du développement socio-économique.
L’ouverture des frontières dans le cadre de l’application des accords communautaires et la mondialisation des économies entraînent aujourd’hui un défi de compétitivité des PME / PMI / PMA et par conséquent un accroissement des besoins de financement.
L’analyse des risques liés au financement des PME repose sur des mécanismes et outils qui doivent permettre à la banque de s’assurer d’une meilleure affectation de ses ressources et d’un remboursement à bonne échéance des prêts. A ce titre, la crédibilité du promoteur et la pertinence du projet assurent à la banque un recouvrement correct et régulier.
Les éléments d’appréciation ci-après paraissent importants:
1°) la collecte, le traitement et l’analyse des informations sur le client : identification, statut juridique, notoriété etc.,
2°) la qualité des relations entre le client et la banque (ancienneté, mouvements sur le compte, dénouement des précédents concours),
3°) l’analyse des revenus réguliers (montant, évolution, facteurs d’influence).
- Eléments de stratégie pour la promotion et le développement des PME / PMI / PMA
4.1. PME et Fiscalité:
Comme rappelé précédemment, le tissu économique des pays de la zone UEMOA est fortement marqué par un secteur informel dense et dynamique. La fiscalité apparaît comme le levier sur lequel nos états peuvent raisonnablement jouer pour favoriser d’abord le passage du secteur informel au secteur formel, et ensuite permettre le développement harmonieux des PME / PMI / PMA existantes.
4.2. PME et Concurrence:
L’ouverture des marchés au plan sous régional, régional et international met aujourd’hui en compétition les PME locales avec l’extérieur dans un marché mondialisé. De toute évidence, il apparaît aujourd’hui que nos entreprises n’ont pas les moyens (technique, financier, commercial, organisationnel, de gestion) de jouer cette compétition. Dès lors, il faut envisager des mesures de protection permettant une émergence de PME / PMI / PMA nationales solides.
4.3. PME et Facteurs de production:
L’accès aux facteurs de production est un élément clé du développement du secteur des PME / PMI / PMA dans un marché libéralisé. A ce titre, les politiques publiques de promotion des entreprises doivent garantir la disponibilité des facteurs à travers une meilleure organisation du commerce intérieur et extérieur. D’autre part, le coût d’accès aux facteurs conditionne grandement la productivité et la compétitivité des PME.
4.4. PME et Formation Professionnelle:
Le niveau et la qualité du chef d’Entreprise est décisif dans le succès de la PME. Aujourd’hui, le niveau moyen tant en gestion que sur le plan technique et professionnel est en général trop bas pour permettre un développement solide des PME. Les dispositifs de formation, tant de base que de perfectionnement, doivent être renforcés en particulier dans les métiers s’exerçant dans des très petites entreprises (artisanat, services etc.)
4.5. PME et Justice:
L’environnement juridique et judiciaire joue un rôle central dans tous les pays qui ont l’ambition d’émerger et de se développer. Il ne peut y avoir de promotion des PME / PMI / PMA, de développement de système financier et de transactions viables entre agents économiques que dans un Etat de droit. Cette situation doit être de nature à garantir et à préserver les intérêts des acteurs, à protéger l’épargne sans laquelle, il n’ya ni investissement, ni développement.
4.6. PME et Micro finance:
Au cours des dernières années, la micro finance a connu un véritable développement au Mali. Dès lors la promotion de la micro finance est apparue comme une alternative au financement des PME / PMI / PMA. Aussi, il faut rechercher une articulation et une complémentarité entre les Banques et les Institutions de micro finance dans le plan de financement des PME.
4.7. PME et Fonds de garanties:
L’absence de garanties est souvent évoquée par les banques et les établissements financiers comme une des causes du manque d’accès des PME / PMI / PMA aux crédits, bien qu’elle ne soit pas la seule, ni la plus importante de mon point de vue. La garantie n’est qu’un accessoire, à ce titre elle ne fonde pas véritablement une décision d’octroi de crédit.
Par contre, un fond de garantie dynamique peut permettre à de nouvelles PME d’émerger. Généralement, lorsqu’elles sont nouvellement créées, ces PME ne disposent pas de background permettant aux banques de les apprécier et de les accompagner efficacement. Ce genre de fonds existent mais n’ont pas encore prouvé toute leur efficacité.
Pour remédier à cette insuffisance, des mécanismes de garantie ont été mis en place par l’Etat, notamment le Fonds de Garantie du Secteur Privé, pour permettre aux PME d’accéder aux ressources financières dont elles ont besoin pour renforcer la qualité de leur demande de crédit vis-à-vis des banques.
4.8. PME et Réglementation Bancaire:
Le processus de libération financière menée par les autorités monétaires au cours des dernières années a permis de réaliser des progrès importants dans l’accès des populations et des PME aux services financiers dans l’espace UEMOA. Toutefois, la structure financière est restée dominée par le secteur bancaire, qui présente encore un degré de concentration jugé important.
La faiblesse de la disponibilité de l’information financière sur les entreprises, et notamment les PME, constitue une entrave à la politique de crédit des banques et favorise l’accumulation d’importants excédents de trésorerie.
C’est pourquoi, l’adaptation de la régulation du système financier aux besoins spécifiques des économies de l’UEMOA en matière de financement des PME / PMI / PMA est apparue comme une orientation stratégique majeure des autorités monétaires. Cette orientation résulte de la recommandation des Chefs d’Etat de l’Union, dans le cadre du plan d’action pour le financement des économies de l’UEMOA adopté en 2012 de mutualiser les initiatives et les moyens de l’ensemble des parties prenantes pour apporter des solutions durables à la problématique du financement des PME / PMI dans l’Union.
Ainsi, la BCEAO conduit actuellement une réflexion pour la mise en place d’un dispositif de soutien au financement des PME / PMI dans l’espace UEMOA. Ce dispositif a pour objectifs d’:
– amplifier la portée des mécanismes d’appui au financement des PME / PMI existants dans l’UEMOA,
– inciter les établissements de crédit à financer davantage les PME / PMI.
Le dispositif repose sur deux piliers:
1°) Admissibilité au refinancement de la BCEAO des créances portées par les établissements de crédit sur les PME / PMI éligibles au mécanisme,
2°) Incitation réglementaire axée sur la réduction de la pondération affectée aux créances portées sur les PME/PMI éligibles au mécanisme à 20%.
Les mesures d’accompagnement ci-après sont envisagées:
– implication des structures d’appui et d’encadrement des PME / PMI (amélioration de la gouvernance, élaboration des états financiers),
– mise en place par les Etats d’une fiscalité incitative, notamment pour les opérations de financement en capital – investissement en faveur des PME / PMI,
– création d’un compartiment dédié aux PME / PMI au sein de la BRVM,
– création d’un prix de l’établissement de crédit le plus dynamique en matière de financement des PME / PMI.
L’opérationnalisation du dispositif est envisagée pour début deuxième semestre 2015.
Conclusion
Le financement des PME / PMI / PMA constitue un véritable facteur de développement économique et social de nos pays. Il en est une condition nécessaire, mais pas suffisante. En effet, la réussite et la viabilité de toute politique de crédit en faveur des PME / PMI / PMA demeure subordonnée aux facteurs ci-après:
– amélioration de l’environnement institutionnel, fiscal et juridique,
– encadrement technique et formation des promoteurs,
– organisation de la commercialisation et débouchés des produits,
– solidité et pérennité des structures,
– adaptation des produits et services bancaires aux besoins des PME,
– mobilisation accrue de l’épargne,
– développement des centres de gestion agréés.
Lorsque ces questions sont résolues, alors le crédit peut être un puissant moyen et accélérateur du développement du secteur des PME / PMI / PMA. L’expérience bancaire montre aujourd’hui que toutes les activités économiques des PME ne sont pas bancables dans l’environnement actuel.
Si les PME ne parviennent pas à générer suffisamment de revenus pour rembourser leurs crédits et assurer l’équilibre financier, la preuve est faite qu’elles doivent, soit changer d’activité, soit être subventionnée pour tout ou partie de leurs besoins de financement.
Dans ce cas les fonds de subvention ne peuvent provenir de la banque, à moins qu’elle ne dispose de ressources spécifiques pour ce faire. Ainsi, c’est l’existence d’une activité économiquement viable et financièrement rentable qui atteste de la validité d’un système de financement des PME / PMI / PMA.