«Le rôle des banques dans le financement de l’économie » était le thème d’une conférence-débat tenue le vendredi 13 juillet au Centre Djoliba. Organisée dans le cadre des journées portes ouvertes de l’Ecole supérieure des Hautes Etudes Techniques et Commerciales (HETEC) et sponsorisée par la Banque Of Africa (BOA), la conférence fut l’occasion pour les responsables de cette institution bancaire sous-régionale de souligner leur rôle prépondérant des banques dans le financement de l’économie et les contraintes liées à leur collaboration avec les acteurs économiques.
es étudiants et autres personnes intéressées étaient venus très nombreux assister à cette conférence-débat sur « le rôle des banques dans le financement des entreprises » animée par Seydina Oumar Waïgalo, directeur de l’organisation, de la comptabilité et de l’informatique de la BOA, Sadio Cissé, directeur des relations clientèles et Cheick F. M. Kané, contrôleur général de la même banque.
La BOA qui fait partie d’un réseau de 11 banques. Ces responsables, en acceptant cet échange direct avec les étudiants, ont levé le voile sur le système bancaire malien, en général et sur cette grande banque, en particulier, qui a, à son actif, un total bilan de 100 milliards de FCFA, 5 milliards de fonds propres et 50 autres milliards d’encours de crédits.
Selon les conférenciers, «le financement bancaire est un vecteur moteur de croissance économique, de création de richesses, d’emplois ayant pour cible un secteur privé productif et formel. Cela passe par le renforcement des capacités managériales de ces entreprises et de la confiance entre opérateurs économiques et la banque». Si le secteur bancaire malien, composé de 13 banques, qui joue une part considérable dans le financement de l’économie, le contrôleur général de la BOA a dressé un constat peu reluisant. Aux dires de M. Kané, le Mali se caractérise par une économie à faible taux de bancarisation, des revenus extrêmement faibles, des banques surliquidites mais très frileuses, des opérateurs économiques qui ne respectent pas leurs engagements vis-à-vis du secteur bancaire, une faible capacité d’autofinancement, une faiblesse d’infrastructure et services de base, la rareté des ressources humaines de qualité et une justice peu favorable aux banques. Cependant, a-t–il soutenu, les atouts ne manquent pas. Il s’agit de l’existence d’opérateurs économiques entreprenants, d’un cadre politique, règlementaire et d’un environnement macro-économique favorables, un potentiel important en agro-business.
En dépit d’un tel cadre, conclut le contrôleur général de la BOA, « le financement bancaire de l’économie reste en deçà des attentes des opérateurs économiques, il représente moins de 20 % de PIB contre 70 % pour la France et 65 % pour la Tunisie ».
Le fait marquant est que ce financement réserve environ les 2/3 de ses ressources au secteur commerce alors que les secteurs productifs comme l’industrie se contentent de 7%. En terme des chiffres, au 31 décembre 2006, le secteur bancaire malien totalisait 730 milliards de FCFA. A la même date, les comptes en vue était de 400 milliards de FCFA, les comptes d’épargne de 155 milliards, les comptes à terme, 120 milliards et autres dépôts 55 milliards de FCFA. Quant aux emplois, ils étaient de 310 milliards de FCFA de crédits à court terme, 80 milliards de crédits à moyen terme, 21 milliards à long terme et 95 milliards de crédits en souffrance dont le recouvrement est compromis ou litigieux.
Les préoccupations majeures soulevées par l’assistance ont trait aux difficultés d’obtention de stages dans les banques, les difficultés de financement des projets, notamment pour les jeunes diplômés.
A propos de ce dernier, les conférenciers répondront que le problème crucial est l’apport personnel, car nombre de jeunes diplômés disposant, certes des projets souvent bien ficelés, mais manquent de fonds propres, conduisant ainsi la banque à ce méfier d’un tel financement dont elle supporte seule les risques. Or, selon les principes bancaires, les risques doivent être partagés.
Youssouf CAMAARA
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