Une bonne et une mauvaise nouvelle. D’abord la bonne : c’est désormais la paix des braves entre le Mali et le Fonds Monétaire internationale. La mauvaise : des têtes vont tomber !
«Koulouba se dégonfle en toute souveraineté». Ainsi, avions nous titré notre livraison du mardi 23 septembre dernier («La Sentinelle» N°55). Et l’actualité nous a réconfortés. Le Mali a bel et bien cédé sur tous les points avec le FMI. C’était la condition sine qua none pour la reprise de la collaboration d’avec les institutions financières et monétaires internationales et mêmes avec les autres partenaires bilatéraux. Il n’y a évidemment pas de honte en cela. Le Mali vaut bien quelques petites humiliations. La bêtise aurait été de persister sur une prétendue souveraineté.
Rappelons, en tout état de cause, que le contentieux entre les deux parties portait notamment sur des dépenses extrabudgétaires relatives à l’achat sans appel d’offre de l’avion présidentiel à hauteur de 20 milliards F CFA et d’équipements militaires pour un peu moins de 65 milliards F CFA.
A propos, les deux entités ont décidé d’enterrer la hache de guerre. Mais à conditions, pour le gouvernement malien de: publier les deux rapports indépendants d’audit sur les transactions; communiquer le processus de sanctions; corriger la surfacturation des contrats militaires; appliquer des contrôles rigoureux aux futurs marchés militaires; et incorporer toutes les dépenses extrabudgétaires au budget de l’État en vue de leur élimination à l’avenir (lire communiqué).
Ce n’est pas tout, pour la reprise effective des décaissements (deuxième revue du programme FEC), la mission doit d’abord soumettre son rapport à l’approbation du Conseil d’administration du FMI lequel statuera en décembre 2014.
Auparavant, l’Etat du Mali doit faire la lumière sur cette autre indiscipline, voire ce tripatouillage budgétaire. Une affaire qui porte sur de présumés cas de surfacturation relative à l’achat de matériels militaires dont le marché a été attribué à la société GUO-SARL. Le promoteur de la structure n’est autre que Sidi Mohamed Kagnassy et non moins conseiller à la Présidence de la République. La surfacturation porte sur 29 milliards F CFA. A propos, le FMI exige «la correction des surfacturations» en question.
Il demande en outre que des sanctions soient appliquées et leur processus communiqué. En clair, que les présumés auteurs de détournement et/ou de surfacturation soient punis et que cela se sache.
Bien entendu, l’Etat du Mali a accepté le principe et s’est engagé à exécuter toutes les recommandations des visiteurs. A cet égard, il faut très logiquement s’attendre à une… chasse aux sorcières dans les tous les prochains jours.
B.S. Diarra
Déclaration de la communication du FMI :
Communiqué de presse n° 14/438 – 25 septembre 2014
Une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par M. Christian Josz a séjourné à Bamako du 11 au 25 septembre pour mener des entretiens dans la perspective des première et deuxième revues du programme économique des autorités appuyé par la facilité élargie de crédit (FEC) du FMI et approuvé en décembre 2013.
La mission a été reçue en audience par le Président de la République, M. Ibrahim Boubacar Keïta, et a rencontré le Premier Ministre, M. Moussa Mara, le Ministre de l’Économie et des finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, le Directeur national de la BCEAO, M. Konzo Traoré, le Président de la Cour suprême, M. Nouhoum Tapily, le Président de la Section des comptes de la Cour suprême, M. Kloussama Goita, le Vérificateur général, M. Amadou Touré, et des représentants de l’Assemblée nationale, de la société civile, des syndicats, du secteur privé et des partenaires techniques et financiers du Mali.
Au terme de la mission, M. Josz a rendu publique la déclaration suivante :
«En 2014, l’économie malienne renoue avec sa trajectoire de croissance normale, avec un produit intérieur brut (PIB) réel qui progresse de 5.8 %. En 2012, le taux de croissance avait été nul en raison de la crise sécuritaire et en 2013 il n’avait été que de 1,7 % par suite des mauvaises récoltes.
L’inflation reste faible, se situant à 1 %, après un niveau de
-0,6 % en 2013. Les projections pour 2015 misent sur une croissance réelle qui devrait se maintenir aux alentours de 5.5 %, et sur une inflation qui devrait rester nettement inférieure à l’objectif de 3 % de la banque centrale.
La mission est parvenue à un accord qui permettra de proposer la conclusion des première et deuxième revues du programme FEC. Ces revues seront soumises à l’approbation du Conseil d’administration du FMI en décembre 2014.
Les problèmes relatifs aux dépenses extrabudgétaires — liées à un avion présidentiel et à un contrat militaire — qui avaient retardé la première revue, initialement programmée pour juin, ont été résolus. Cette résolution s’est déclinée comme suit :
Publication des deux rapports indépendants d’audit sur ces transactions;
Communication relative aux processus de sanctions;
Correction de la surfacturation des contrats militaires;
Application de contrôles rigoureux aux futurs marchés militaires;
Et incorporation de toutes les dépenses extrabudgétaires au budget de l’État et leur élimination à l’avenir.
“Le gouvernement va très bientôt soumettre une nouvelle
Loi de finances rectificative à l’Assemblée nationale pour régulariser les dépenses extrabudgétaires pour un montant de 30 milliards de FCFA à financer par un recours au marché financier régional. Cet ajout portera le déficit budgétaire global à 5,8 pour cent du PIB, à comparer à 5,2 pourcent dans la Loi de finances rectificative approuvée en août.
La mission salue le budget que le gouvernement entend déposer à l’Assemblée nationale en octobre. Ce budget, qui constituera la base du programme FEC pour 2015, vise un déficit global de 4,4 % du PIB. Le déficit est financé pour trois quarts par l’appui des bailleurs de fonds, le reste étant couvert par le marché financier régional.
La mission se réjouit en outre du renforcement des réformes structurelles, notamment celles qui visent améliorer l’administration fiscale, la maîtrise des dépenses et la gestion de la dette et de la trésorerie.
La mission souhaite remercier les autorités de l’excellente organisation des échanges, de la fourniture d’un ample volume d’informations et de l’esprit franc et productif qui a animé les entretiens».
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