Jusqu’ici, les spécialistes et experts de la sécurité dans le Sahel n’arrivent pas à dire avec précision qui finance le terrorisme. Mais une chose est sûre, les devises étrangères sont quasi courantes avec les djihadistes que le Franc FCA.
Selon Niagalé Bagayoko, la présidente de l’Africain Security Secteur Network (ASSN) ça dépend de ce qu’il faut entendre par financement du terrorisme dans le Sahel. A en croire la présidente du ASSN, une partie importante des ressources financières est collectée localement puis échangée soit en dollars ou en euros. En plus des sommes collectées localement, nous savons que les groupes djihadistes reçoivent des sommes de l’extérieur via la Libye ou l’Algérie. « Ces sommes reçues de l’extérieur, c’est évident qu’elles soient transmises en devises étrangères », a précisé Niagalé Bagayoko. « Ces devises pourraient expliquer une connivence entre les réseaux de trafics et ces groupes », martèle-t-elle.
En d’autres termes, les groupes terroristes optent pour les devises étrangères que le Franc CFA parce qu’en terme de parité, le dollar et l’euro pèsent beaucoup sur le marché mondial que le Franc CFA. Dans le Sahel même les animaux volés, saisis ou récupérés en guise de taxes sont vendus au Nigeria ou en Afrique centrale. Les djihadistes prennent des devises étrangères qu’ils ramènent au retour, d’après Mme Bagayoko.
Ousmane Mahamane
MICRO-TROTTOIR
Qu’en pensez-vous du F CFA ?
Beaucoup de Bamakois désapprouvent le F CFA. Ils proposent la création d’une nouvelle monnaie propre à l’Afrique.
Sur un ton commun, la majorité de nos interlocuteurs désapprouvent le F CFA par les pays africains. Ils proposent la création de notre propre monnaie.
Malick Diarra : (comptable)
Le franc CFA est instauré par les Français pour exploiter les Africains. CFA veut dire Communauté financière d’Afrique. C’est toujours l’exploitation, mais cette fois-ci économique. Tant que nous consommons le CFA, on sera toujours à la merci des blancs. La Mauritanie, la Guinée, le Nigeria sont autonomes, car ils ne sont pas liés au franc CFA. Pour être libre, nous devons quitter cette monnaie de colonisation car nous avons des ressources qui peuvent nous garantir la création de notre propre monnaie.
Alia Sow : (boutiquier)
Le Mali n’est pas encore indépendant car être indépendant et consommer la monnaie d’autrui, parler la langue d’autrui n’est pas une indépendance à mes yeux. Le CFA commence à 5 francs alors que chez, ils ont des centimes. Pourquoi ne pas créer notre propre monnaie ? Ils nous exploitent n’importe comment. Il faut créer l’Eco, une monnaie du Mali. Nous devrons vivre désormais par nos propres moyens.
Mariam Coulibaly : (ménagère et vendeuse de condiments)
Le franc CFA est un obstacle pour le développement des pays africains. Tant que nous consommons le franc CFA, notre indépendance reste un serpent de mer. Nous sommes toujours colonisés sous d’autres formes. C’est à dire que l’État français a des parts sur le franc CFA et plus loin encore ils ont surévalué de 10 % de sa valeur. Nous avons également un déficit au niveau de l’exportation de nos matières premières ainsi que dans tout le système d’échange commercial international. Une monnaie que nous achetons avec eux pour toujours être liés à la France.
Mohamed Diarra : (étudiant)
Le problème est l’arrimage du CFA à l’euro donc forcément les pays de la zone souffrent d’un problème de compétitivité prix à l’exportation. Comme nous le savons tous, une monnaie forte agit comme une taxe sur les exploitations et une subvention pour les importations. Ce qui est difficile voire même impossible pour l’équilibre de la balance.
Propos recueillis par
Boubacar Sidiki Diarra
(stagiaire)
