Violation des procédures et de l’éthique à l’EDM-SA par le directeur général : Placé “hors de ses prérogatives”, la tête du DGA mise à prix ! “Case Constructions” au cœur d’un scandale de 27 groupes électrogènes

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Pour s’être opposé au payement de deux chèques d’un montant de près de 200 millions de F CFA à deux fournisseurs pour des marchés non conformes en violation des procédures, la tête du directeur général adjoint de l’Energie du Mali (EDM-SA), Samba Ben Moussa Diakité, est désormais mise à prix. On lui a retiré la co-signature des chèques par le directeur général, Koureissi Konaré. Cette situation risque de détériorer l’atmosphère sociale au sein de la boite. Sans compter que la société se trouve aujourd’hui dans une zone de turbulences à cause de la mauvaise gouvernance avec plusieurs milliards de F CFA de dettes dues aux fournisseurs. De juillet 2022, date de la nomination du nouveau directeur général à aujourd’hui, l’EDM-SA doit 258 milliards F CFA aux fournisseurs, rien que pour les carburants. Au même moment, la société “Case Constructions”, appartenant à un certain Sanogo, est citée dans un scandale de marchés de 27 groupes électrogènes, qui ne répondent pas aux normes, selon certains techniciens.

ien ne va aujourd’hui au sein de la société Energie du Mali (EDM-SA). L’entreprise, selon nos informations, est confrontée à une crise managériale sans précédent. Et l’actuel directeur général, Koureissi Konaré, est accusé par beaucoup de cadres et agents d'”incapacité” à sortir l’EDM-SA de l’ornière. Sa gestion est décriée. Et l’atmosphère sociale est délétère, conséquence de l’esprit de “clan” qui a pris une proportion jusque-là inégalée.

A la faveur du conseil d’administration du 27 octobre 2022, l’EDM-SA a connu un changement de son organigramme sectoriel. Il a été décidé de supprimer le poste de directeur général adjoint Pôle technique, qui était occupé par Mahamadoun Guindo, qui est devenu du coup conseiller énergie et technique. L’autre poste de directeur général adjoint “Pôle administration et finances”, géré par Samba Ben Moussa Diakité, a été par conséquent renforcé.

Ainsi, il a en charge le département administratif et financier, le département finances et trésorerie, le département comptabilité et le département contrôle, gestion et budget. Malheureusement, il n’a jamais pu faire correctement son travail dans la mesure où les recommandations du conseil d’administration n’ont pas été respectées par le directeur général.

Pis, ce dernier a sorti une note d’information contraire, quelques jours après la tenue du conseil d’administration, soit le 7 novembre 2022, en ces termes : “Le directeur général informe les directeurs et les chefs de département que toutes les structures sont rattachées au directeur général en attendant la finalisation des organigrammes sectoriels et leur répartition entre la direction générale et la direction générale adjointe. Le directeur général attache du prix à l’application des présentes dispositions et instruit aux responsables hiérarchiques, chacun en ce qui le concerne, de veiller à leur application”.

Une astuce pour écarter de la gestion de la société son adjoint dont la seule prérogative était la co-signature des chèques par le directeur général lui-même. Là aussi, il y a problème. Samba Ben Diakité est toujours regardant sur certaines dépenses non “opportunes” et le payement de factures non “urgentes”.

Machines hors normes

Tant et si bien que les deux personnes ne parlent plus le même langage. Jusqu’à l’affaire du payement de deux chèques à deux fournisseurs en date du 10 mai 2023. Il s’agit d’un chèque au nom de “Aïcha Niang Commerce Général” d’un montant de 98 128 801 F CFA à titre d’acompte pour un marché de groupe électrogène et d’un autre chèque de 100 millions F CFA au nom de “Entreprise Maliba Service”.

Visiblement, ces deux sociétés appartiennent à la même personne, selon nos informations.  Malheureusement, le directeur général adjoint a émis des réserves pour le paiement de ces deux chèques avec des arguments solides. Ce que Koureissi Konaré n’a pas apprécié.

Pour manifester son mécontentement, il vient d’écarter Samba Ben Moussa de la signature des chèques. Désormais, c’est le directeur administratif et financier et le directeur général qui signent les chèques. Et il est annoncé la tenue d’un conseil d’administration dans les prochains jours avec comme ordre du jour le changement de l’organigramme de l’EDM-SA.

Cette affaire s’ajoute à d’autres problèmes au sein de la structure à cause des délestages dus au manque de carburants. A vrai dire, l’EDM-SA a des factures impayées à des fournisseurs, malgré les efforts déployés par les autorités de la Transition pour soutenir la boite.

Depuis l’arrivée de Koureissi en juillet 2022, le montant de la dette des fournisseurs a quadruplé. En mars 2023, ce montant s’élevait à 258 milliards F CFA qu’il faudrait éponger pour que les Maliens puissent avoir de l’électricité à profusion.

En plus de cette affaire d’impayés, l’EDM-SA se trouve confrontée à d’autres scandales concernant des marchés de groupes électrogènes qui ne répondent pas aux normes requises.

Aujourd’hui, la société “Case Constructions” appartenant à un certain Sanogo est cité dans un marché de 27 groupes électrogènes de plusieurs milliards de nos francs dont certains techniciens de l’EDM-SA ne cessent de dénoncer la qualité. Nos sources indiquent que le fournisseur disposerait aujourd’hui d’une vingtaine de sociétés pour faire des marchés avec l’EDM-SA.

       El Hadj A.B. HAIDARA

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3 COMMENTAIRES

  1. Comme dans la mythologie grecque, je pense qu’il faudrait une force herculéenne pour nettoyer les écuries d’Augias au niveau d’EDM SA. Voila une société qui a du plomb dans l’aile depuis des lustres à cause de sa gouvernance sociale et politique. Et personne n’a encore trouvé la solution.
    Y aurait-il une collusion entre la direction générale et les fournisseurs-puisque le DG adjoint refuse de signer les chèques? Le conseil d’administration devrait agir en demandant un audit ou une vérification. Mais hélas, au Mali les administrateurs ne sont là que pour les jetons de présence.
    Le don de soi n’est plus la règle au Mali. Pour cela il faut remonter à Modibo Keita ou Moussa Traoré.
    Il reste au peuple de s’emparer de la gestion d’EDM. Si l’on restait vent debout contre ces mauvaises pratiques, l’on serait forcément entendu au sommet de l’Etat par un certain Assimi Goita.

  2. La crise s’aggrave avec la tension de trésorerie généralisée. On arrive à peine à faire face aux dépenses de fonctionnement (carburant, fournitures de bureau, salaire, etc). Les centrales thermiques de l’EDM-sa ne sont pas suffisamment approvisionnées en carburant pour assurer la fourniture régulière de électricité. Les moyens financiers manquent pour investir dans les énergies renouvelables.
    Par ailleurs, les projets d’infrastructures socio-économiques ( route, pont, école, hôpital) sont à l’arrêt et les infrastructures existantes sont de plus en plus vétustes.

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