Tiona Mathieu Koné, Directeur de la communication de l’EDM-SA : «La société est confrontée à des difficultés de fonctionnement»

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Depuis un certain temps, les clients de l’Energie du Mali (EDM) font face à des délestages. Pour mieux informer l’opinion nationale sur cette situation difficile, nous avons approché le Directeur de la communication d’EDM-SA, Tiona Mathieu Koné. Dans l’interview qui suit, il fait le point de la situation qui n’est pas sans conséquences sur les activités quotidiennes de la population.

Tiona Mathieu Koné

Quelles sont aujourd’hui les causes de ces délestages ?
Je remercie le Prétoire pour l’intérêt porté à EDM sa. C’est vrai que depuis début mars, le sort de la société est confronté à des difficultés de fonctionnement.
Je vais vous rappeler que la ville de Bamako, puisqu’on est à Bamako, et tant d’autres villes comme Yanfoliya, Fana, Ségou, Diola, Kita, Kayes, Markala, Baguinéda, Koulikoro, etc. sont sur le réseau interconnecté de l’EDM.
C’est-à-dire que leur électricité provient de deux sources.  D’abord l’électricité produite par les barrages : la part du Mali à Manantali, un barrage qui n’appartient pas seulement au Mali, plus l’électricité provenant de Sélingué et de Sotuba. Ensuite à cela, il faut ajouter l’électricité produite par les centrales thermiques de Dar-Salam (commune III), Sirakoro (commune VI) et Balingué (commune I zone industrielle).  Il n’est un secret pour personne que l’hivernage de l’année dernière a été médiocre, la pluviométrie a été insuffisante.
Les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs peuvent en témoigner. Donc cela a conduit l’EDM-SA à constater que les charges de retenue des barrages ne permettent pas de tirer comme d’habitude le maximum de production énergétique dans les quartiers où se trouvent ces ouvrages.  D’où une consommation excessive en combustible (gaz oil et fuel lourd) pour compléter le manque à produire des barrages.Les coupures interviennent seulement de jour. Mais pour vous donner une idée, nous dépensons près de 300 millions de franc CFA par jour pour pouvoir maintenir le fonctionnement de la nuit, parce que la nuit il n’y a pas de délestage.
C’est avec ce que nous économisons en combustible le jour, à travers les coupures tournantes, que nous faisons fonctionner tout le système la nuit.
Mais si on devait fonctionner de jour et comme de nuit, sans coupure, cela conduirait à une dépense de 540 Millions de Francs CFA. Donc le poids financier est lourd, et la société n’a pas les moyens de faire face à cette dépense actuellement. De plus, la situation sociopolitique de notre pays est devenue un peu compliquée parce que tout simplement il y a eu des menaces d’embargo, ce qui a un peu handicapé la cadence de ravitaillement en combustible. Ensuite, comme on le dit, «l’argent à peur du bruit» et nos fournisseurs n’ont pas voulu prendre de risques majeurs.  Alors la cadence de ravitaillement a été un peu mal menée.  Mais depuis un bon moment, nous sommes en train de voir comment nous rattraper, cependant, cela n’est pas facile parce que c’est de grosses quantités de combustibles. Actuellement, le scénario I qui est de fonctionner entièrement la nuit et de couper le jour, nous amène à consommer 410.000 litres, soit une dépense de près de 300 millions de Francs CFA/Jour.
Pour payer le gaz oil et les autres combustibles, si nous devions inverser la cadence et maintenir l’électricité de jour comme de nuit, cela nous aurait amené à consommer un million de litres de gaz oil, soit une dépense de 540 millions de Francs CFA/Jour.
Voilà ce qui fait le déséquilibre qui amène à faire des choix, le temps de corriger progressivement les choses.  Je vous rappelle que l’Etat, bien avant l’année 2012, avait fait un accord d’appui à l’EDM-SA de l’ordre de quelques 46 milliards. Cela, parce que nous avions fait l’analyse et savions que la pluviométrie ayant été déficitaire, le gaz oil sera plus cher sur les marchés internationaux et que ce passage de la saison chaude allait être très problématique. C’est pourquoi l’Etat avait promis un appui financier à l’EDM-SA. Mais entre temps, d’autres crises sont survenues notamment la guerre au nord. Et l’Etat a eu d’autres urgences. Et nous savions aussi que les autorités au plus haut niveau partagent nos soucis d’éviter des dysfonctionnements majeurs à l’EDM-SA.
Depuis quand ce délestage a commencé et quels sont les quartiers concernés ?
Depuis Mars. Mais l’analyse était faite déjà que nous allons avoir des difficultés pendant la période de la chaleur. C’est-à-dire Mars, Avril et Mai mois pendant lesquels les barrages ne donnent pas leur pleine capacité.
Quels sont les quartiers concernés ?
Tous les quartiers sont concernés quand on parle de la coupure par rotation, c’est-à-dire toutes les zones de Bamako.  Nous prenons les dispositions parce que même si les centrales thermiques sont arrêtées, l’électricité continue grâce aux barrages. Aussi, nous veillons à ce que les usines, les stations de production d’eau ne manquent pas d’électricité, pas pour longtemps en tout cas, et nous veillons également à ce que les hôpitaux et d’autres zones sensibles soient épargnés pour des raisons que vous comprenez.
Donc toutes les zones de Bamako, divisées par 4 à 7, sont concernées. Certaines, le matin, les autres, le soir. Mais dans tous les cas, le soir à partir de 18h30-19h, toute la ville est alimentée pour des raisons évidentes que chacun comprend, à savoir que l’obscurité est source d’insécurité, que ces désagrément sont énormes pour ceux qui travaillent, que ça cause des pertes pour certaines entreprises. C’est vraiment ensemble que nous demandons cet accompagnement parce qu’il y a des années que le Mali était sorti de ça.
Vous savez, les tarifs n’ont pas suffert, c’est une option politique de l’état et de la commission de régularisation.  Alors aujourd’hui, pour vous donner une idée, ce que nous produisons en électricité nous revient à 130f de coût de production du KW et nous le revendons à 90f. S’il n’y a pas de mesure d’accompagnement, cela est intenable pour EDM-SA. L’Etat avaient promis cet appui mais s’il y a eu d’autre urgence, nous le comprenons.
Mais voilà la situation dans laquelle nous sommes : les fournisseurs attendent le paiement, l’EDM-SA fait ce qu’elle peut, l’Etat fait ce qu’il peut. Donc ce n’est pas un manque de professionnalisme ni de patriotisme mais un problème financier, et aussi technique du point de vue de la fourniture en combustibles.
Est-ce que les autres localités du Mali sont aussi confrontées à cette situation ?
Comme je vous l’ai dit, le fonctionnement sur le réseau interconnecté comprend 14 à 15 villes. D’autres villes telles que Bougouni, Gao, Kidal, Mopti, San, Kangaba, etc. fonctionnent uniquement à partir de combustibles. Vous comprendriez qu’il y ait des difficultés d’approvisionnement en combustible mais nous communiquons pour dire aux uns et aux autres que nous osons espérer que la solution ne tardera pas. Et nous demandons aux uns et aux autres de nous accompagner par leur compréhension et leur appui. Tout est fait pour que, dans tous les centres, personne ne manque d’électricité la nuit. Cependant nous avons vu aussi que des activités se passent la nuit, avec des pointes de consommation terrible. Mais nous comprenons et nous ne pouvons pas dire aux uns et aux autres de ne pas travailler du tout.  Ce qu’il ne pourra pas faire le jour, il le fera la nuit.
Mais encore on peut leur faire appel pour des efforts économiques d’électricité parce que si on a 4 à 5 climatiseurs, on peut ne faire fonctionner que deux et ton voisin en profitera. Car s’il y a saturation, on est tous pénalisés. Alors nous demandons encore pardon aux usagers parce que c’est un moment passager .Je pense que si l’hivernage devient précoce et que le niveau d’eau des barrages remonte, si l’EDM-SA est appuyée financièrement, je pense que les choses rentreront vite dans l’ordre et ce sera grâce à l’apport de tous
Quelles sont les dispositions prises par l’EDM-SA pour faire face à cette situation ?
Les dispositions prises par l’EDM-SA c’est de tout mettre en œuvre, vous voyez bien que tout est fait pour que les choses ne se dégradent pas. Je le dis bien, les cadres nationaux que nous sommes, n’avons aucun intérêt à manquer d’engagement parce que nous vivons parmi vous, nos familles sont parmi vous dans les quartiers.
Donc on ne peut pas jouer, comme le dit, «à faire le malin ou bien à une méchanceté», ce qui ne s’explique pas.  Nous n’avons pas un village d’EDM-SA à part, nous sommes parmi la population donc nos familles et nous mêmes nous souffrons de ces coupures tournantes, heureusement passagères, d’ailleurs. On s’en sortira avec l’accompagnement de tous, à commencer par l’Etat. Nous présentons à notre clientèle toutes nos excuses pendant cette période de difficulté.
Propos recueillis par
Bintou Camara

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10 COMMENTAIRES

  1. l ‘edm est entrain par ces délestages de pre.parer les mentalités à accepter une augmentation future des tarifs edm au mali.
    le dernier conseil d ‘administration de la dite société a décidé une augmentation courant 2012.
    maintenant on fait tout pour montrer que l ‘edm a des problèmes

  2. Cest le momemnt de reverser les tonnes d’argent que vous avez ramassé pendant la bonne periode.
    La gestion c’est çà. Prevoir et anticiper.
    Les problemes de delestages EDM sa les plus graves étaient en 99 et 2000. Depuis lors, tout est en ordre. On a fait des bénéfices,non? Donc le moment ou jamais de montrer à la population que EDM ce n’est pas que l’anarque, mais aussi l’accompagnement de la population dans sa marche vers le development.

    Nous avons eu à payer plus de 200 000F CFA pour avoir des compteurs.
    A sallam

  3. C’est l’ocasion de le dire. Dès le jour ou on se rend a l’EDM pour deposé sa demande, commence les harnaques.
    Celui qui doit venir faire le devis doit être gressé, celui qui après le dévis doit venir installer le compteur lui aussi…Honte a vous.

  4. bon article. Mais désormais il faudra informer un peu tôt la population. Ce ne sont pas les canaux qui manquent de le faire. On pourrait se préparer psychologiquement

  5. C’est indeniable que l’EDM a des problèmes, mais tous ses problèmes ne sont-ils pas liés prioritairement à la gestion d’EDM SA? L’electricité est très chère au Mali par rapport à beaucoup de pays africains. pourtant ce sont les mêmes sources de production: barages et hydrocarbures. Le coût des hydrocarbures est connu. Alors pourquoi c’est chez nous que c’est plus chère? Aussi il est inexact de dire que l’electricité est vendu à 90 F le kw, nous qui payons nos factures savent combien ça coûte. On a appris un moment, il y avait un monsieur qui aurait demontré que les prix pratiqués sont exorbitants, malheureusement, curieusement il mourra après avoir bu un verre de thé à la malienne. Aussi les relevés ne sont pas fideles, plusieurs familles disposent de climatiseurs frauduleusement branchés, les agents EDM abusent de leur statut. Conclusion: assainir la situation, les prix seront moindres et les caisses satisfaisantes.

  6. Comme l’a si bien dit le responsable de la communication de EDM-SA, c’est l’ unique occasion de savoir faire preuve de patriotisme à l’égard de notre pays afin de surmonter les difficultés actuelles. Tous les maliens sont interpellés.

      • Au nom du caprice de petits dirigeants qui veulent se donner de l’importance on sépare le payement des factures d’eau et d’ électricité pour emmerder les clients qui ont autres choses a faire que de courir après les agences et perdre leur temps .Ont na vraiment mal compris l’assimilation et restons Noirs bon teint.

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