Sur les causes du délestage : Les révélations de la ministre de l’énergie et de l’eau

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Ces derniers mois, la fourniture de l’électricité est fortement perturbée en plusieurs endroits du pays. La situation, devenue intenable pour les agents économiques, mobilise les efforts au sommet de l’État. Le comité de crise qui tente d’y trouver une solution est présidé par le président de la Transition en personne. C’est dire l’intérêt que les autorités actuelles attachent à cette question sensible. Et rien qu’en neuf mois (janvier à septembre 2023), 106 milliards de Fcfa ont été mobilisés par l’État au profit de l’Énergie du Mali (EDM-SA) pour qu’elle puisse assurer la fourniture de l’électricité . L’état a également investi plus de 140 milliards Fcfa pour reconstituer le capital de l’EDM-SA.

Cet effort financier colossal était censé permettre à l’Énergie du Mali de sortir du gouffre dans lequel elle est plongée du fait de pratiques mafieuses que les pouvoirs publics ont choisi de mettre à la connaissance du public. Invitée mardi dernier sur le plateau de la télévision nationale, la ministre de l’Énergie et de l’Eau, Mme Bintou Camara, a révélé l’existence d’un réseau d’agents et de fournisseurs véritables qui détourneraient le carburant destiné au fonctionnement des centrales thermiques.

À noter que les deux grosses centrales (Sirakoro et Balingué) peuvent carburateur au carburant, qui a été délaissé au profit du gasoil pour des raisons que les Maliens savent désormais : « Le carburant est un carburant lourd qui ne peut être utilisé par des véhicules. Donc, difficile de trouver des acheteurs. Alors que le gasoil, là il ya à boire et à manger», a expliqué la ministre chargée de l’Énergie. En d’autres termes, il est facile de trouver sur le marché des entrepreneurs pour le gasoil.

Il avait été mis en place un système de gestion et de contrôle des fournitures de citernes qui arrivent au niveau de EDM. Les citernes sont d’abord enregistrées au niveau de Balingué, puis dispatchées vers les autres centrales. Malheureusement, toutes les citernes n’atteignent pas leurs destinations finales. «En seulement quatre jours, 59 citernes ont disparu entre Balingué et les différentes centrales de Bamako», a révélé le ministre. Et d’ajouter : «Ces manquants, nous les qualifions de vol.» Ce carburant détourné est revenu aux stations de la place ou aux unités industrielles à des prix beaucoup moins chers.

Il n’y a pas que le vol du carburant. Les contrôles ont également permis de découvrir des pratiques peu orthodoxes au niveau de la facturation. En effet, les récépissés de réception sont souvent facturés deux, voire trois fois. Ainsi, une seule livraison est payée plusieurs fois. Ce qui représente un manque à gagner pour l’EDM-Sa. Ce n’est pas tout. «Sur un seul fournisseur, et en seulement deux mois de contrôle, nous avons constaté qu’il y a 1,6 milliard de Fcfa de facturation supplémentaire. Sur un deuxième fournisseur, nous avons constaté 52 factures supplémentaires pour un montant de 18 milliards Fcfa uniquement pour l’année 2022», a révélé Mme Bintou Camara, précisant que l’EDM compte à ce jour 800 fournisseurs auxquels elle doit plus de 600 milliards. de Fcfa.

Ce sont ces pratiques qui empêchent l’EDM- Sa de produire suffisamment pour satisfaire la demande en électricité. Mais, a assuré la ministre, les fautifs vont répondre de leurs actes. Et pour la bonne marche de l’EDM-Sa, les contrats de gestion du carburant sont en train d’être mis en place. Ce qui permettra de connaître au temps T, la quantité de carburant mais aussi de faire le stockage et de livrer ainsi diminuer les coupures.

Des solutions sont également envisagées pour augmenter les recettes et diminuer les charges de fonctionnement. Cette diminution des charges se fera au niveau des ressources humaines. Actuellement, selon Mme Bintou Camara, l’EDM-Sa compte près de 3.000 agents dont 500 stagiaires. Tous ceux qui ne viennent pas travailler seront licenciés, at-elle prévenu. Les agents bénéficiant de remise sur factures (ils ne payent que 10% de leur consommation mensuelle) et qui se permettent de monnayer cet avantage sont également dans le viseur de la ministre chargé de l’Énergie.

Les autorités sont déterminées à mettre un frein à la mauvaise gestion au niveau de l’EDM et de faire en sorte que la rigueur y soit de mise. Parallèlement, elles envisagent un basculement vers l’énergie verte (centrales solaires et éoliennes). Et pour y arriver, le Mali compte sur l’expertise et le soutien de la Russie. Déjà, des accords ont été signés dans ce sens. La ministre de l’Énergie et de l’Eau n’a pas manqué de présenter ses excuses à toute la population pour ces coupures intempestives.

Rédaction Bailleur

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2 COMMENTAIRES

  1. Voilà une Dame comme ministre digne de confiance à la tête d’un ministère truffé d’employés malhonnêtes et inconscients qui doivent être sanctionnés et emprisonnés. Ce sont les conséquences de la soit disant démocratie. On a fait partir Moussa Traoré pour piller davantage le Mali et ses dignes fils.

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