Au cours d’une assemblée extraordinaire, tenue hier 14 mars 2018 au sein de la Direction Générale de l’Energie du Mali-SA (EDM-SA), les travailleurs, par la voix de leurs responsables syndicaux, ont exprimé leur colère face à l’immixtion du ministère de tutelle dans les affaires internes de la société visant à menacer sa survie. Pour protester contre cette situation, les travailleurs décident d’observer une grève de 48 heures dont le préavis sera déposé à partir de la semaine prochaine.
Cette rencontre, initiée par les membres de l’intersyndical, à savoir : le Syndicat national de la construction civile, des mines et de l’énergie (SYNACOME) et le Syndicat Unique des Travailleurs de l’Eau et de l’Électricité (SUTEELEC), s’est déroulée en présence de plusieurs travailleurs de la Direction Générale et des autres agences du District de Bamako. Objectif, inviter l’ensemble du personnel à se donner la main pour sauver l’EDM-SA. « L’existence de l’EDM-SA est menacée. La situation n’est pas facile et nous devons y faire face », a déclaré Baba Daou, Secrétaire Général du SYNACOME.
Selon lui, ce combat n’a pas pour but de défendre une personne, mais il s’agit d’assurer l’avancée de la société tout en garantissant les intérêts de tous les travailleurs. Pour la survie de la société, avance-t-il, nous avons fait un mémorandum qui a été adressé, le 11 novembre 2017, au ministre de l’Energie et de l’Eau. Dans ce document, les syndicalistes expliquent au ministre de tutelle les difficultés financières auxquelles la société est actuellement confrontée et qui sont consécutives à la vente à perte de l’électricité. « Aujourd’hui, l’électricité est produite à 130 F CFA et vendue à moins de 100F CFA le KW », a-t-il précisé.
Les responsables de l’intersyndical dénoncent également le changement imprédictible à la tête de la société. « L’EDM est devenue une poule aux œufs d’or. Chaque ministre qui vient nomme son Directeur pour enrichir son parti ou sa société et laisse les travailleurs dans le désarroi. Cela ne peut pas continuer. Nous allons nous battre pour la survie de nos familles », a précisé Abdoulaye Cissé, Secrétaire Général du SUTEELEC.
En général, ce mémorandum exige de grands investissements dans le secteur de l’énergie au Mali, la stabilité de la gouvernance de la société, la présence des partenaires sociaux dans le conseil d’administration et l’application de tous les protocoles d’accord relatifs au secteur de l’électricité.
Sur la question, les rencontres entre le département de tutelle et les syndicalistes se sont terminées en queue de poisson.
« Le jour où le ministre nous a reçus, nous avons compris enfin que nous dérangeons. Ces discussions n’ont rien donné et aujourd’hui, nous sommes face à une violation réelle du mémorandum proposé», a souligné Abdoulaye Cissé.
Selon Boubacar Témé, membre du SUTEELEC, il y a actuellement une rupture de dialogue entre le ministère et l’EDM-SA. « Après la réunion du 11 novembre 2017, nous devrions rencontrer encore le ministre en décembre 2017. Mais malheureusement, c’est un ancien agent de l’EDM, une dame nommée Chargée de mission, qui a représenté le ministre dans les échanges avec nous. Notre délégation composée de Directeurs et agents techniques, a décidé de reporter la réunion et demandé à la chargée de mission de la reprogrammer selon la disponibilité du ministre. Depuis lors, aucune réunion ne s’est tenue. Finalement, le ministère ne nous répond plus. Donc, c’est pour vous dire que le courant ne passe plus entre le syndicat et le département », a-t-il déclaré.
A l’issue de l’Assemblée, Abdoulaye Cissé a proposé aux travailleurs le dépôt d’un préavis de grève de 48 heures à partir de la semaine prochaine, ce qui a été vite accepté.
Ousmane Ballo
Ça va affuter l’appétit des Véolia, Suez et autres Total…
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