Sogem (société d’exploitation de l’énergie de Manantali). Les Maliens ignorent tout ou presque de cette structure pourtant vitale pour les trois Etats que sont le Sénégal, la Mauritanie et le Mali. Même s’il reste vrai que le mot Manantali rappelle, à chacun d’entre nous alors le nom d’un barrage. Un barrage hydroélectrique sur le fleuve Bafing, fruit d’une solidarité entre les trois Etats. Sa construction a été l’œuvre de l’OMVS, une organisation créée en vue de relever le défi de l’aménagement du bassin du fleuve Sénégal. Des bassins fluviaux, ce n’est pas ce qui manque dans notre sous-région, l’une des plus arrosées d’Afrique. Mais celui du fleuve Sénégal constitue aujourd’hui un exemple eu égard aux gigantesques ouvrages réalisés ou en cours sous la direction du Mauritanien Mohamed S. Ould Merzoug, haut commissaire de l’OMVS. La centrale hydroélectrique du barrage de Manantali est de ceux-là. Une centrale dont la construction a coûté plusieurs dizaines de milliards CFA aux trois Etats. Elle produit aujourd’hui 40 mégawatts. Un trésor ! Le Sénégal, la Mauritanie et le Mali se le partage dont 51% pour le Mali. Mais sous quelles conditions technique et financière?
Le contexte du contrat
C’est une question qui vient ce mardi d’avoir une réponse avec la signature, au siége de la Sogem à l’Aci, d’un «contrat de cession d’énergie» entre les sociétés d’électricité des trois Etats et Eskom énergie de Mannatali Sa. Eskom est une société sud africaine qui exploite, pour la Sogem, les 40 mégawatts de la centrale de Manantali. Les sociétés d’électricité des trois Etats, à travers leurs directeurs généraux étaient présents à la cérémonie de signature. Il s’agit des directeurs généraux de la Senelec (Sénégal), de la Somelec (Mauritanie) et de Edm (Mali). Cérémonie très sobre mais pleine de sens. En effet, ce contrat de cession d’énergie résout des problèmes jusqu’ici restés en suspens. Dès que les Etats ont terminé la construction de la centrale ainsi que les lignes de transport de l’électricité notamment vers les trois capitales (Dakar, Bamako et Nouakchott), la livraison aux sociétés d’électricité a commencé. Avant même qu’elle ne soit prise en charge par un contrat de cession.
Le contrat qui vient d’être signé, règle, aux dires du directeur général de la Sogem, M. Saloum Cissé : «1- Les conditions techniques auxquelles l’opérateur (en l’occurrence Eskom) s’engage à vendre aux sociétés d’électricité l’énergie produite par la centrale de Manantali, 2- les conditions économiques et financières de livraison par l’opérateur et de paiement de cette énergie aux différents points de livraison». Toujours selon M. Saloum Cissé, la signature de «cet outil juridique vient de parachever les conditions optimales de gestion de l’énergie de Manantali».
Pourquoi un contrat ?
Il a en outre qualifié ce contrat «signé dans un esprit de consensus et de solidarité» de «gage de réussite du partenariat ainsi établi» entre le producteur et le vendeur de l’électricité de Manantali.
De l’avis du président du conseil d’administration de la Sogem, le Mauritanien Mohamed Ould Nani dira que le présent contrat est l’aboutissement d’un long processus. Dans lequel se sont impliqués les autorités de tutelle (ministère en charge de l’énergie des trois Etats), les cellules Omvs, les experts et enfin les parties aux contrats, en l’occurrence Eskom et les sociétés d’électricité. La signature d’un contrat est un engagement des sociétés d’électricité en faveur de l’utilisation de l’énergie hydroélectrique. Elle est la moins coûteuse même si, dans le contexte malien par exemple l’accent a été plutôt mis sur l’énergie thermique. Or avec la flambée des prix des hydrocarbures la facture à payer par les sociétés d’électricité est devenue à la limite insupportable. La Sonelec, la Somelec et Edm sont donc à la recherche d’une électricité moins chère, comme celle de Manantali.
Par ailleurs, le partage de l’électricité entre les trois capitales pose souvent des problèmes. Certaines demandent plus et d’autres consomment moins.
(Suite de la page une) Par exemple, aujourd’hui plus de 50% de l’électricité consommée à Bamako, livrée donc par Edm.sa, nous viennent de la centrale de Manantali. Bein que la part du mali soit de 51% du total de l’énergie (40 mégawatts), des capitales comme Dakar en demande plus qu’il que prévu dans la clef de répartition de cette énergie entre les trois Etats. Celui qui demande plus doit donc payer plus au producteur. Le contrat de cession prend en charge cette règle élémentaire jusqu’ici restée en suspens.
Les mauvais payeurs à Eskom
Par plusieurs fois, le producteur Eskom a menacé de couper la fourniture de l’électricité à ces sociétés qui accumulent des arriérés de paiement. Elles consomment, livrent aux populations qui s’acquittent de leurs factures sans qu’elles même ne daignent payer aux fournisseurs premiers. Par exemple pour Edm.sa, les arriérés se sont chiffrés à plus du milliard CFA dû à Eskom. La situation pour la société sud-africaine était devenue intenable. Parce qu’en fait, elle n’avait aucun instrument juridique digne de ce nom pour entrer dans ses droits. La signature de ce contrat, à défaut de régler la question des arriérés fixe tout de même la conduite à tenir pour chacune des parties résout. C’est pourquoi le directeur général de la Sogem, M. Cissé insiste sur «le respect des droits et obligations des parties signataires… Pour ce faire, Sogem, s’engage à vous accompagner et à vous soutenir».
Belco TAMBOURA
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