La nouvelle, qui n’a pas semblé surprendre les usagers, a été rendue publique la semaine dernière par le président de la Commission de régulation d’eau et d’électricité (CREE), Moctar Touré, à la faveur d’une conférence de presse qu’il a animée au siège de l’Institution à Badalabougou. Elle fait suite à une communication verbale présentée par le ministre de l’Energie et de l’eau, Maka Tounkara devant le Conseil des ministres le 6 février dernier.
Pourtant, il y a environ une décennie, c’est la CREE, qui s’était opposée à toute augmentation. Elle avait conseillé en son temps le gouvernement d’Amadou Toumani Touré, de geler les augmentations de tarifs alors proposés à la hausse dans le cahier de charge soumis et accepté par des repreneurs en concession.
Mieux, elle a même encouragé le gouvernement à aller vers une baisse des tarifs d’eau et d’électricité.
Bien entendu, un Chef de l’Etat qui avait souci de sa réélection ne pouvait que recevoir la mesure à bras le corps. Or, dans les clauses de la concession, la révision des tarifs faisait partie des conditions posées par le partenaire stratégique, le groupe franco-canadien Saur international, qui s’était engagé à remettre l’entreprise sur les “fils”.
Le plan de relance prévoyait ainsi un calendrier d’augmentation des tarifs sur une période de cinq ans au bout de laquelle la société (EDM-SA) atteindra à nouveau l’équilibre des comptes. Ce qui lui permettrait de réaliser d’importants investissements en vue de renouveler les installations de l’entreprise et à terme, sortir l’entreprise de la dépendance vis-à-vis des subventions publiques en appliquant la réalité des prix.
Dans le schéma proposé à l’époque par les repreneurs, il était prévu plus tard des ajustements à la baisse des prix au bout d’un certain temps en fonction du coût de la vie. En outre, les repreneurs comptaient lever des fonds sur le marché financier pour réaliser les nouveaux chantiers de rénovation qu’ils s’apprêtaient à lancer, courant 2004 et 2005.
Autre temps, autres mœurs ?
Mais devant la pression politique de l’époque, ils ont dû renoncer au projet et se sont même retires de la société.
L’Etat du Mali, principal actionnaire de la société avait crû pouvoir se tirer d’affaire avec son partenaire minoritaire (le Groupe Aga Kan). Hélas, c’était sans compter avec le mouvement du marché international des hydrocarbures.
Depuis, près qu’une décennie, les prix des hydrocarbures sont devenus insaisissables.
Conséquence : l’entreprise ne fait que subir des pertes.
La crise politique et institutionnelle qui s’est mue en crise économique et qui s’est invitée dans la situation n’a fait qu’empirer les choses.
Le retrait des partenaires techniques et financiers a creusé le déficit public obligeant l’Etat à revoir tous les chapitres du budget, notamment ceux consacrés aux subventions publiques.
La rénovation des installations alors négligée par les gouvernants, qui manquaient de réalisme économique, constitue à ce jour la vraie plaie de l’entreprise et qui est à l’origine des ajustements actuels.
Selon le ministre de l’énergie et de l’eau, Makan Tounkara, “le processus d’interconnexion avec la Côte d’Ivoire est presque terminé, mais de nouvelles contraintes ont apparu”.
Il s’agit de l’incapacité de nos installations à supporter les charges envoyées par la source en Côte d’Ivoire.
Selon les techniciens, nos installations actuelles ne peuvent supporter ni mêmes les charges minimales mises en ligne. Il faut donc rénover toutes nos installations.
N’est-ce pas un nouveau souci financier pour les Pouvoirs publics ?
Les ajustements ainsi proposés visent donc à mettre en phase les coûts actuels de l’eau et de l’électricité au Mali avec la réalité économique afin de soulager non seulement le Trésor public, mais surtout les caisses des deux entreprises. Car, les gaps de trésoreries ont jusque-là été financés par les contribuables sur des ressources publiques afin d’établir l’équilibre des comptes des deux entreprises.
Selon Moctar Touré de la CREE, en dépit des dizaines de milliards de FCFA que l’Etat injecte dans le secteur les deux sociétés sont dans l’agonie, surtout EDM-SA qui vit presque dans une situation de cessation paiement.
Elle doit en effet à ses fournisseurs près de 40 milliards de FCFA et dans le court terme, elle doit honorer des engagements auprès de certaines banques de la place pour un montant d’environ 30 milliards de FCFA.
Le dépérissement de la trésorerie de l’entreprise résulterait des charges croissantes des combustibles destinées à approvisionner les centrales thermiques.
Les factures énergétiques sont ainsi passées de 8,4 milliards de FCFA en 2003 à près de 65 milliards de FCFA en 2011.
En perte de crédibilité auprès des partenaires ces derniers mois, EDM-SA est obligée d’acheter cash ses fournisseurs pour se faire approvisionner en hydrocarbures.
A ce stade de difficulté, nul doute que l’entreprise marchait droit au mur.
Les machines risqueraient de s’arrêter un jour, si l’Etat restait insensible au cri de détresse.
La mesure, qui prend effet a compter de la fin de ce mois de février, vise à terme à mettre à flot les comptes d’EDM-SA et de la SOMAGEP-SA pour leur permettre de faire face à l’instabilité des prix des hydrocarbures sur le marché mondial, desserrer un peu l’étau autour des ressources publiques injectées dans le secteur sous forme de subvention et maintenir les services publics de l’eau et de l’électricité au profit des usagers. Bien entendu, les mesures peuvent entraîner des grincements de dents. Car, par ces temps, il n’est pas du tout aisé de demander à des usagers qui sont déjà à bout de souffle de supporter, des charges supplémentaires.
D’où le maintien des tarifs réservés à la tranche dite sociale. Ce sont des abonnés de premier niveau. Ils concernent les consommateurs abonnés aux compteurs 2 fils de 5 ampères dont la consommation est comprise entre 0 et 50 KWH. Cette catégorie de consommateurs ne subira pas de changement dans les tarifs appliqués.
L’augmentation concerne les consommations supérieures à 50 KWH.
Ainsi, pour la seconde tranche du tarif social, c’est-à-dire les consommations comprises entre 51 et 100 KWH, l’augmentation est de 3 %.
Les abonnements dits normaux (branchement de 10 ampères avec une consommation de 0 à 200 KWH) augmentent de 3 % également, tandis que la seconde tranche (plus de 200 KWH) augmente de 5 %.
Les charges de location et entretien de compteur restent inchangées. Les tarifs dits « industriels » ainsi que l’éclairage public vont augmenter de 7%.
A noter que, le changement est plus ou moins sensible concernant l’eau. La tranche sociale, dont le plafonnement allait jusqu’à 20 m3, baissera à 10 m3. Quant au tarif, il restera inchangé soit 113 FCFA le mètre cube. L’objectif est d’inciter les usagers à adopter un comportement citoyen en évitant le gaspillage.
Moussa Diarra
Essayez de tater dans le domaine du solaire,vent, comme l’eau ne nous a pas reussi
Une deception , trahison…………
La crise est générale, tout le monde a des problèmes avec le pouvoir d’achat, et c’est ce moment que l’on choisi pour aller dans le sens d’une augmentation des tarifs d’eau et d’électricité. Il faudra donc s’attendre à une augmentation en chaine de certains produits et services, sans compter la réaction des syndicats qui en toute logique devraient réclamer une augmentation. Une augmentation ne ferait qu’encourager la fraude, dont les agents de EDM sont les premiers acteurs. Une gestion catastrophique mène toujours au mur!!! qu’est ce qui a été fait des rapports du Vegal, de la CASCA et autres sur l’EDM? les réajustements doivent commencer par l’EDM et ses travailleurs, qui vivent largement au dessus des moyens de l’entreprise, sans compter les camps militaires et autres qui n’ont même pas de compteurs à plus forte raison payer. L’Etat devrait parallèlement promouvoir une politique nationale d’accès des ménages à l’énergie solaire…Finalement à quoi sert le CREE???
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