Pénurie d’eau et coupures d’électricité : L’incompétence de la Somagep et de l’Edm décriée !

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«L’eau, c’est la vie» et «le courant électrique, c’est la chasse aux ténèbres». Ces réalités, nos plus hautes autorités semblent les ignorer ; ou du moins, se fichent de la «gueule» de leurs concitoyens. Car, aujourd’hui au Mali, l’eau et l’électricité ne sont pas considérées comme des nécessités vitales, mais comme un luxe : ce sont désormais deux denrées rares. Et la faute incombe particulièrement aux deux structures en charge de leur gestion : la Société malienne de gestion de l’eau potable (Somagep) et l’Energie du Mali (Edm-Sa). Deux structures dirigées, fulmine-t-on, par des responsables qui ont prouvé toutes leurs limites.

 

Ce n’est un secret pour personne que chaque année, la population bamakoise est confrontée à certaines difficultés qui ont trait au ravitaillement en eau potable et en électricité. Ce phénomène qui est pratiquement monnaie-courante dans notre pays, notamment dans la capitale, s’amplifie durant les mois de canicule. Déjà, en ce début du mois d’avril, le calvaire des populations a commencé et les autorités en charge de la Somagep-Sa et de l’Edm-Sa, amorphes et apathiques, ne font que regarder ce scénario désolant comme des spectateurs dans une salle de cirque. D’où le ras-le-bol de nos compatriotes qui estiment que si cela continue, ils battront le pavé pour se faire mieux entendre. Notre enquête.

 

Commençons d’abord par la Société malienne de gestion de l’eau potable. Créée par l’ex-président Amadou Toumani Touré (ATT) pour diminuer les charges à  l’Edm-Sa qui s’occupait des deux volets eau-électricité, cette structure n’a pu rien faire de bon jusqu’à nos jours. D’aucuns estiment même qu’au lieu qu’elle soit une solution au problème de ravitaillement des populations en eau potable, elle constitue plutôt un véritable problème.

 

Pour vous en convaincre, faites un petit tour dans certains quartiers de Bamako tels que Banconi, Sikoroni, Djicoroni Para, Lafiabougou, Att-bougou, Missabougou, Yirimadio, Niamakoro, Faladié-Sénou, Sabalibougou, Daoudabougou … Dans ces quartiers populaires, pour se procurer d’un bidon de 20 litres d’eau, surtout en temps de canicule, c’est la croix et la bannière. Souvent, ils arrivent que pour avoir un peu d’eau pour la journée, des femmes qui s’attroupent autour des bornes fontaines, en viennent aux mains. Des bousculades en passant par des injures grossières et des affrontements violents, rien n’est à écarter. Souvent, les choses tournent aux drames. De ce fait, l’eau, source de vie, devient source de conflits et de déchirement du tissu social. Et d’ailleurs quel est la mission de la Somagep, si des quartiers dans la capitale n’ont toujours pas accès à l’eau potable ?

 

En tout cas, de nos jours, se ravitailler en eau potable dans certains quartiers de Bamako, est un véritable parcours de combattants. «Depuis, quelques jours, nous sommes carrément confrontés à la pénurie d’eau. Je suis dans le rang devant ce robinet depuis 16h et  jusqu’à maintenant (1 heure du matin), je n’ai pas une goutte d’eau. Je suis complètement désemparée et je ne sais pas quoi faire. Je suis obligée de patienter. Les autorités doivent vite réagir pour alléger nos souffrances, sinon à cette allure, nous risquons d’aller vers la catastrophe», nous confie Fatoumata Diallo, ménagère à Niamakoro.

 

Et à Keïta Bintou Doumbia d’Att-bougou de manifester son indignation : «Chez nous ici, nous avons un robinet, mais quand on l’ouvre, l’eau vient très faiblement et parfois, c’est carrément la coupure pour plusieurs heures.

 

Souvent, il faut se réveiller à 3h ou à 4h du matin, pour espérer avoir un peu d’eau pour la journée. C’est un problème crucial que nous vivons actuellement. Il faut que les responsables en charge de la gestion de l’eau fassent rapidement quelque chose, sinon nous serons obligés de manifester notre mécontentement dans la rue».

 

A Niamakoro, Ibrahim Barry, un jeune de 28, ne décolère pas : «Nous ne comprenons pas pourquoi cette pénurie d’eau, alors que nous avons le fleuve Niger. Que fait la Somagep ? Se pavaner à la télé en nous racontant des ragots par rapport à la distribution d’eau ? Si ceux qui sont chargés de cette distribution d’eau sont incompétents, pourquoi ne pas les remplacer par ceux qui peuvent bien remplir cette mission ?».

 

Approchés par nos soins, un ingénieur du nom de O.K. donne quelques explications : «La pénurie actuelle d’eau est due à certains travaux qu’on est en train de faire pour donner satisfaction à la population. Ce sont ces travaux qui occasionnent cette pénurie dans certains quartiers Sinon, quand ils seront terminés, il n’y aura pas de problèmes en ce qui concerne l’accès à l’eau potable, à l’exception de certains quartiers de la Commune VI du District de Bamako à cause des travaux d’extension de la route». A noter que pour nombre de nos interlocuteurs, ces explications de l’ingénieur O.K ne tiennent pas la route, étant donné que la pénurie d’eau ne date pas d’aujourd’hui ; c’est un problème auquel les populations sont confrontées tous les ans.

 

Edm-Sa, un autre maillon faible…

 

Aujourd’hui, s’il y a une société qui est indispensable pour les besoins quotidiens des Maliens, c’est bien l’Énergie du Mali (Edm-Sa). Mais, selon nos informations, ces derniers temps, elle n’assume pas ses responsabilités. Ses tares ? Incompétence et négligence de ses clients.  C’est certainement pour cette raison et pour relever le défi que le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, avait donné le portefeuille ministériel de l’Énergie et de l’Hydraulique à M. Mamadou Frankaly Keïta qui est loin d’être un inconnu au sein de l’Edm-Sa. Car, il a déjà occupé plusieurs postes clés au sein de cette structure. Mais, hélas, la déception des Maliens ne cesse d’aller crescendo.

 

En principe, on dit que l’État est une continuité. Cette assertion est parfois l’inverse dans nos différents services publics. A chaque nomination d’un ministre, on a une nouvelle équipe. Et souvent, le nouveau ministre vient, dit-on souvent, avec ses «bras droits», lesquels ne sont autres que ses parents, amis, cousins, ‘’cousines’’…Etc. Résultat : rien de potable dans l’amélioration des prestations. Avec le bombardement de Mamadou Frankaly Keïta au ministère de l’Énergie et de l’Hydraulique, nombre de Maliennes et de Maliens avaient poussé un ouf de soulagement. On s’attendait à une innovation au sein de l’Edm-Sa. Mais, le voilà, comme pour justifier son incapacité à gérer la situation, déclarer au peuple malien : «Pour la résolution du problème de l’Edm-Sa, il faut environ cinq milliards de francs Cfa».

 

Il faut cependant reconnaître que ces propos du ministre Mamadou Frankaly Kéïta avaient été tenus sous le règne de l’ex-président de la République, Alpha Oumar Konaré. Donc, Monsieur le ministre sait tout du problème de l’Énergie du Mali, c’est-à-dire, les malversations, les magouilles, les fraudes, les vols de l’électricité par des «boss» de l’Edm-Sa. Sans compter le calvaire des clients qui demandent un nouveau compteur. Ces derniers qui passent souvent plus d’une année sans recevoir leur compteur après avoir payé, alors que la durée maximum pour l’installation est de six mois. Pour preuve, les clients qui se sont acquittés de leurs droits de paiement depuis le mois de mars 2013, n’ont pas encore accès au courant chez eux ou dans leurs services. Pour ces clients, c’est un parcours de combattant qui se poursuit. Et les agents de l’Edm-Sa leur répondent parfois que les produits ne sont pas en place. Pourquoi ce manquement de produits (compteurs, câbles et autres) ?  Au ministre Mamadou Frankaly et aux responsables de l’Edm-Sa de répondre à cette question cruciale.

Seydou Karamoko KONE et Bruno LOMA

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3 COMMENTAIRES

  1. koutiala ces un cas à part surtout sincina de 05h du matin à 23 le soir pas d’eau .l’edm nous fait payer plus de deux mille francs cfa d’éclairage public on à mémé pas de lumière.

  2. Pourquoi ce manquement de produits (compteurs, câbles et autres) ?Réponse parceque ces produits ne sont pas fabriqués chez nous au Mali, il faut les importer.EDM SA et SOMAGEP, c’est la mauvaise gestion comme d’ailleurs pour les chemins de fer-la SOMIEX-Air Mali-SEPOM-SEPAMA…toujours la mauvaise gestion.Cependant, il existe aussi au niveau des comsommateurs, des gens qui volent l’électricité en trichant sur les compteurs avec ou sans la complicité des agents.
    Dernière chose, Bamako est devenue une très grande ville dont personne ne connait actuellement les limites réelles.Or chacun de nous a un village.Si ceux d’entre-nous dont la présence à Bamako n’est plus une nécéssité retournaient au village, cela facilitera le travail aux autorités et fera en même temps du bien aux “revenants” eux-mêmes car tout le monde n’est pas obligé de s’installer à Bamako (où il faut désormais tout payer et cher en plus). 😉

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