En raison des désaccords entre le ministre de l’Energie et de l’Eau, Malik Alhousseini Maïga, et les cadres de la direction générale de l’EDM autour de la gestion des ressources financières et humaines, les syndicats des travailleurs de l’EDM, de la Somagep et de la Somapep menacent d’aller en grève dès la semaine prochaine : en coupant l’eau et l’électricité aux populations.
Une grève à durée indéterminée est annoncée par les travailleurs de l’eau et de l’électricité. La raison ? Un mémorandum signé le 7 avril 2017 entre les syndicalistes et le gouvernement reste en souffrance dans les tiroirs des ministres Malik Alhousseini de l’Energie et l’Eau, et Mme Racky Talla de la Fonction publique. Pour éviter que les Maliens ne boivent la tasse jusqu’à la lie, de document devra être dépoussiéré et mis en œuvre sans délai.
En fait, les travailleurs des secteurs d’eau et électricité reprochent à leur chef du département de tutelle d’être à la base de trop de défaillances caractérisées. Il s’agirait, entre autres, de la nomination de quatre directeurs généraux en quatre ans à l’EDM, le faible taux de desserte du pays en eau et électricité, la négligence des conditions de vie et de travail des personnels, une gestion opaque des ressources financières et la politisation (voire RPM-isation) des nominations et promotions des cadres.
Le cas considéré comme un flagrant délit en date est la révocation du jeune Dramane Coulibaly au profit du nouveau DG à l’EDM. Cela risque de poser d’un autre sérieux problème à la nation. Car, si en période de canicule et de crise sécuritaire aigue, les travailleurs de l’eau et de l’électricité cessaient le travail, c’est le sort de tous les Maliens qui serait en jeu.
De cause à effet
En substance, le mercredi 14 mars dernier, le Syndicat unique des travailleurs de l’eau et de l’électricité (Suteelec) et l’Intersyndicale EDM ont tenu une assemblée générale dans l’enceinte de la direction générale de l’EDM.
A l’issue de cette AG, les délégués des travailleurs ont accusé l’actuel ministre de l’Energie et de l’Eau de tous les péchés d’Israël. Pour eux, il est à la base de toutes les défaillances que connait présentement le double secteur de l’eau et de l’électricité. De cause à effet, leur unique section syndicale projette sur place une grève pour la semaine prochaine. Selon les travailleurs de l’EDM, c’est une bataille groupée avec leurs camarades de la Somagep et de la Somapep. Car, disent-ils, les différents secteurs sont confrontés aux mêmes préoccupations.
Des revendications
Pour la petite histoire, rappelons qu’en 2017 les syndicats avaient élaboré et adressé un mémorandum au département de l’Energie et de l’Eau. Selon nos informations, le ministre Maïga leur avait fait croire que le mémorandum est déjà pris en compte dans son plan d’actions. Aussi, il n’a pas eu de succès au niveau du ministère de Travail et de la Fonction publique. Cela a provoqué l’arrêt du dialogue social en son temps.
Le Suteelec et l’Intersyndicale d’EDM réclament des efforts à l’Etat pour un meilleur accès des populations à l’eau potable et à l’électricité en améliorant le taux de desserte ; le respect et le suivi des plans d’investissement dans le cadre de la réforme institutionnelle du sous-secteur de l’eau et de l’électricité ; le réajustement des tarifs de l’eau et de l’électricité permettant de couvrir les coûts de production de l’eau et de l’électricité ; la révision à la hausse la subvention de l’Etat à l’EDM ; l’octroi d’une subvention conséquente à la Somagep pour alléger le coût de production de l’eau ; l’application d’un tarif préférentiel de l’électricité à la Somagep pour alléger le coût de production de l’eau ; la diversification des sources d’énergie pour le pays en investissant davantage dans l’hydraulique et les énergies nouvelles et renouvelables ; la stabilité dans la gouvernance des entreprises ; la présence des partenaires sociaux au sein du conseil d’administration de l’EDM ; l’application intégrale du protocole d’accord signé entre l’Etat et les travailleurs des sous-secteurs de l’eau et de l’électricité ; la résolution rapide des difficultés liées à l’environnement du site de Balingué dans le cadre du respect des normes d’hygiène, de sécurité et de santé en milieu de travail.
Le départ prématuré du DG aussi
C’est le sentiment qui prévaut dans tous les esprits. Car, les travailleurs de l’EDM, par la voix de leurs syndicalistes, ont exigé dans leur mémorandum la stabilité dans la gouvernance des entreprises. Ainsi, il a fallu que le ministre Maïga renvoie le DG Dramane Coulibaly que les syndicalistes montent au créneau pour exiger le sort réservé à leur mémorandum en souffrance chez Racky Talla de l’UM-RDA en complicité avec l’allié Malik A. Maïga du RPM. Selon les syndicalistes, la gouvernance à l’EDM avec la nomination de 4 DG en 4 ans pose de sérieux problèmes d’instabilité qui met en difficultés leur entreprise. “L’EDM-SA est devenue la poule aux œufs d’or que chaque ministre manipule à sa guise plongeant la structure dans l’instabilité en termes de résultats”, ont-ils dénoncé.
Et d’enfoncer le clou : “Concernant la subvention de l’Etat, on parle de plus de 50 milliards de F CFA quand on sait que le montant souvent dépasse à peine 30 milliards de nos francs et les frais de mission du ministère de l’Energie et de l’Eau sont souvent payés par l’EDM”, ont-ils divulgué.
Selon un vieux de la vieille, cette grève serait la troisième du secteur après celles de 1946 et sous la IIIe République du Mali.
Amaye Maki
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