Energie du Mali : Vers une sortie de crise structurelle et organisationnelle

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Énergie du Mali est une société d’État créée en octobre 1960 par un consortium composé du jeune État malien, actionnaire majoritaire avec 55 % et d’autres partenaires dont l’Energie de France (EDF). Au départ et pendant longtemps, les centrales sont essentiellement hydrauliques, c’est-à-dire qu’elles étaient alimentées par l’eau, une denrée naturelle dont le Mali dispose à perte de vue. Une option salvatrice qui  a permis à l’état de garder les coûts de production assez bas.

En 1967, la première centrale hydroélectrique située à Sotuba est mise en service puis, en 1980 démarre la production d’électricité au barrage hydroélectrique de Sélingué.

En juillet 2000, EDF se retire du capital ouvrant la voie à la privatisation de l’entreprise dont les parts sont reparties entre Industrial Promotion Services (IPS West Africa), filiale de l’Aga Khan Development Network, (21 %), du Ministère des mines, de l’énergie, et des ressources en eau (40 %), et SAUR International filiale du groupe Bouygues (39 %). Dans la foulée, le premier groupe de la centrale de Manantali est mise en service en septembre 2001. Des décennies durant, 60% de l’énergie provenait de l’hydraulique.

En 2005, l’un des associés en l’occurrence SAUR se désengage d’EDM et vend ses parts à IPS qui monte à 34 % et au Ministère de l’Energie qui passe à 66 %. Avec un tel pourcentage d’actions pour l’état, la compagnie connaît une nouvelle avec toujours le statut de Société anonyme d’économie mixte. L’un des défis permanents de la société demeure la croissance démographique galopante. Ainsi, de 2000 à 2010, la demande a doublé. De 2010 à nos jours, elle a encore à nouveau. Aussi, chaque année, ce sont en moyenne 60.000 nouveaux demandeurs d’énergie qui attendent d’être satisfaits. Or, pendant de longues années, la nationale d’électricité ne réalise aucune infrastructure pour répondre à la forte demande qui, chaque année, va crescendo. Pour atténuer la pression, l’état adopte des solutions d’urgence qui consistent à installer quelques centrales thermiques qui consomment des quantités énormes de carburant. Malgré tout, les besoins restent encore largement en attente. L’EDM entreprend donc de louer des groupes auprès de sociétés privées dont les factures élevées doivent être réglées quel que soit le niveau d’utilisation par l’EDM. Ce qui va rendre la note encore plus salée pour l’énergie du Mali qui, finalement se retrouve à injecter 60% de son chiffre d’affaire dans cette consommation d’hydrocarbures.

Le nouveau DG, Dramane Coulibaly hérite donc d’une situation extrêmement difficile. Du temps où l’énergie du Mali était à 60% hydraulique, la situation s’est dramatiquement inversée. Aujourd’hui, c’est plutôt le thermique qui occupe 60% de cette production qui creuse dangereusement les fonds de la société avec l’augmentation des prix d’hydrocarbures. L’existence d’impayés dont certains datent de 20 ans, l’assainissement des finances, la promotion des ressources humaines de qualité, la proximité vis-à-vis de la clientèle, la réalisation de centrales hydrauliques en vue de redonner à la société toutes ses capacités de production et d’autonomie financières, telle est la ligne suivie par l’actuel Directeur Général.

 Z.M.K

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6 COMMENTAIRES

  1. Très ravi pour votre réponse.
    Je précise la 1ère question: quelle est la 1ère centrale hydraulique lors de la création de l’EDM en 1960?
    NB: Sotuba en 1967 d’après l’article.
    Respectueusement.

  2. Très bonne analyse au moins voici un journaliste qui fait des recherches pour informer mais malheureusement dans ce pays les n’aiment pas l’information mais plus tôt le dénigrement à partir d’aujourd’hui je commence à croire au journal l’indicateur

  3. La premier centrale est la centrale de Sotuba qui date des années 1960 avec une production de 6MW mais bien avant il y avait la centrale de Félou qui date de 1945 et qui produisait 0,6 MW

  4. Bonjour Mr Z.M.K,
    Prière de vérifier vos informations:
    – Quelle la première centrale hydraulique du mali en 1960?
    – La répartition du capital IPS ( 21%) qui rachète la part de SAUR (39%) et monte à (34%)Comment?
    – L’existence d’impayés dont certains datent de 20 ans; j’espère bien que ces impayés ont été apurés?
    Fraternellement je vous demande de bien vouloir nous donner des précisions sur ceux.

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