Energie du Mali –Sa : Les hommes changent, le système reste

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La Société énergie du Mali (EDM) a depuis quelques semaines un nouveau directeur général. Mahamadoun Guindo hérite d’une situation difficile et structurelle. La énième, peut-on dire. Pourtant, la qualité de service de la société ne s’est pas améliorée dans le sens souhaité par les nombreux abonnés. La production est dominée par le thermique et le transport des intrants coûte très cher. L’EDM-SA doit, sous la direction de son nouveau chef, un pur produit de la société, s’organiser davantage afin de faire face à sa mission de service public.

La Société Energie du Mali (EDM) se présente aujourd’hui, aux yeux de nombreux observateurs, comme un géant aux pieds fragiles. Malgré un plan de redressement qui s’étend jusqu’en 2020, l’avenir ne s’annonce pas rose dans cette société où l’Etat malien détient 66% du capital et son partenaire, IPS-WA, 34%. Au contraire, ce plan de redressement prépare les clients d’EDM-SA à la souffrance (délestage, instabilité du réseau probabilité d’augmenter le KW en raison de la connexion au thermique)  sans aucune garantie d’amélioration au bout.

Jusque-là, on peut dire que la société EDM- SA n’est jamais parvenue à bien remplir ses trois principales missions qui sont : améliorer la qualité des prestations de la clientèle ; améliorer les conditions d’accueil de la clientèle ; étendre la desserte. L’insuffisance de l’offre est aussi liée à la limitation et à l’état très défectueux des outils de travail et surtout à l’effet Joule.

Ils sont nombreux, les abonnés de la société qui se plaignent de la qualité des services : longue file d’attente pour le paiement des factures due à l’insuffisance des guichets ou la qualité du personnel de la société ; délestages intempestifs ; releveurs incompétents ou malintentionnés… D’aucuns ont fini par surnommer l’entreprise : Energie du Mal (EDM).

Ce mal d’EDM- SA est connu de tous : instabilité du réseau, gaspillage d’électricité sur certains sites tels que les camps militaires ou cités d’officiers ; ou chez certains cadres de la société dont la plupart ne paient pas de factures (appartenance à la société oblige) ; traficotage de compteurs  d’électricité avec parfois la complicité des agents de la société ; déséquilibre permanent entre l’offre et la demande… Tout cela relève de la mauvaise gestion dont la société est victime depuis des années. Mahamadoun Guindo, nouveau directeur général de l’EDM-SA, peut-il faire espérer les uns et les autres sur une satisfaction de toute la  nation ? Sans les coudées franches du syndicat, du personnel et surtout de la tutelle, il n’a pas de remède miracle. EDM est une grande malade.

Le plan de redressement, pour la période 2014-2020, a été élaboré par des « experts » dont les recommandations pourraient beaucoup plus faire craindre le pire aux clients qu’aux responsables de la boîte qui peuvent dormir tranquille du moment où leur patrimoine, peut-être acquis aux dépens de la société, n’est pas menacé.

La principale recommandation faite est la mise en place d’un plan de communication afin de sensibiliser les populations aux reformes en cours (instabilité du réseau à cause des nouveaux essais, délestage sur deux mois et demi (mi février, mois de mars et d’avril) par rapport aux autres années ; possibilité d’augmenter le prix du KW à cause de la production thermique…)

Vu sous cet angle, le petit consommateur pourrait penser à une injustice. Si le mal d’EDM- SA, c’est sa mauvaise gestion due à la moralité de certains de ses cadres et dirigeants, pourquoi est-ce que le petit consommateur, qui n’a peut-être que son téléviseur écran 14 et deux ampoules, devrait-il payer le prix fort ?

La première recommandation devrait être la moralisation du secteur. Le changement à la tête de la boîte apportera-t-il la solution aux questions posées ? Peu de gens y croient car, l’Etat et son partenaire ont habitué les populations à ce genre de changement de directeur général ; mais le principal défi auquel le nouveau directeur général doit faire face sera toujours  la moralisation des travailleurs du secteur d’énergie avant de s’attaquer aux problèmes exogènes. Mahamadoun Guindo doit faire beaucoup attention aux nombreuses peaux de bananes qui sont déjà sous ses pieds et procéder vite et très vite au démantèlement des réseaux de gens cupides, décidés à saborder ses actions. De façon pédagogique, la vision qu’il veut donner à la société devra aboutir à un changement de comportement pour le grand bonheur des abonnés voire de tout le monde.

L’Etat se doit de continuer à apporter sa subvention à cette structure, afin d’éviter sa mort et surtout pour gagner le pari du développement économique à travers une continuité de sa mission de service public. Sans électricité, il n’y a pas de développement. C est ce que le ministre de l’Energie, Mamadou Frankaly Keïta, a compris en  portant sa confiance sur M. Guindo pour conduire le plan de redressement  2014- 2020.

Tièmoko Traoré

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