S’il suffisait de quelques mandats de dépôts pour mettre fin à la corruption et à la gabegie financière au Mali, alors on est loin d’être sorti de l’auberge. Il faut s’attaquer au système à l’origine du fléau
Bamako broie le noir depuis une bonne période et pas que la seule capitale. Le drame se manifeste à maints égards à l’échelle nationale. Au grand dam des entreprises dans toutes leurs composantes, de la production à la distribution. Tous souffrent, car même ceux qui ont des moyens de production autonomes d’électricité voient leurs charges s’alourdir.
Aux grands maux, les grands remèdes. Le président de la transition, Colonel Assimi Goïta, mise sur le levier de la justice pour sévir. L’élan de la justice est certes à saluer. Il permet de prouver aux Maliens que ceux qui se pensent se rendre importants dans la société en volant le denier public ne restent pas toujours à couvert et impunis. Sauf que quelques mandats sur quelques dossiers ne sauraient suffire. Il faut aller jusqu’au bout pour trancher le nœud gordien, nettoyer les écuries d’Augias. Il faut même s’attaquer au système qui favorise ces incartades pour espérer mettre fin au calvaire des Maliens.
Il faut des solutions pérennes qui rendent impossibles ces abus de quelques maliens au détriment de leurs compatriotes. Voilà ce qui doit mobiliser l’intelligence au haut degré de l’Etat. Car, il ne faut plus chercher aussitôt à réprimer les faits sans supprimer le système qui favorise les faits. Comment faire en sorte que non seulement il n’y ait plus de corrompus, mais qu’il n’y ait plus de système qui favorise ou permette la corruption ? Car il ne faut pas qu’après quelques arrestations, on soit encore confronté aux mêmes maux.
Cela interroge certes les textes en vigueur, mais interpelle surtout les administrations techniques comme le Pôle économique, le Centre national de traitement des informations financières (Centif), le bureau du vérificateur général (Bvg), la Direction Générale de l’Administration des Biens de l’Etat (Dgabe), la Section des comptes à la Cour suprême… Si ces structures aussi coûteuses à l’Etat du Mali que nécessaires pour sa survie existent, elles doivent s’investir à s’adapter aux exigences et réalités du pays. Pour être plus dans l’anticipation que dans le rétrospectif. Pour dissuader les prédateurs par leurs actions.
L’ouverture de ce dossier qui a déjà permis de mettre sous le verrou des hommes d’affaires, des agents et hauts cadres de l’EDM n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. On aura du mal à avoir l’électricité, à voir le Mali mieux gouverné dans tous ses compartiments si l’on s’attaque toujours aux conséquences sans casser les causes. La justice ira-t-elle jusqu’au bout ?
A suivre…
Ousmane Tangara