Après une visite guidée de la centrale thermique de Sirakoro, sous l’égide de son chef de projet Ousmane Coulibaly, le Directeur général de d’Energie du Mali (EDM-SA) a animé une conférence de presse, le 15 avril 2022, dans la salle de conférence de la Maison de la presse. Objectifs : faire le point des difficultés d’approvisionnement en électricité imputables, selon lui, à une myriade de facteurs : vétusté des installations, absence d’investissements structurants depuis plusieurs décennies, déséquilibre entre l’offre et la demande d’énergie en période de forte consommation, difficultés de transit de l’énergie et l’interruptions de distribution du fait de la surcharge sur son réseau de distribution. A ceux-ci s’ajoute la fraude qui cause à l’EDM, selon son DG d’énormes préjudices financiers sans compter la détérioration des installations. Ainsi, sur 37 577 contrôles effectués, en 2021, environ 2181 cas d’anomalies ont été détectés dont 1206 branchements directs. Et parmi les fraudeurs figurent des récidivistes, s’est indigné le DG, en relevant qu’au moment où le taux de croissance de la demande est de l’ordre de 10 à 15%, la société EDM-SA se trouve dans une situation financière qui frôle la catastrophe. En témoigne, explique-t-il, le cumul du déficit et de la dette fournisseurs d’exploitation qui se chiffrent respectivement à 200 et 150 milliards.
En somme, la détérioration du mixte énergétique et l’augmentation de la part de l’énergie thermique (60%) auront entrainé la dégradation de la situation financière, avec comme conséquence la non mise en œuvre des plans d’entretien et de maintenance ainsi que la non réalisation des investissements d’exploitation.
EDM continue néanmoins tant bien que mal de faire face au défi de la continuité et de l’accès à l’électricité en créant les conditions d’accès, de la qualité de services et de la résilience, rassuré le DG Diarra en pointant du doigt les centrales de Sotuba et de Badala, qui offrent chacun 20 mégawatt supplémentaires. Et de mentionner, toutefois, que des problèmes de transit liés à la vétusté et à la saturation du réseau font que des zones n’ont pas accès à l’électricité même lorsque celle-ci est disponible.
Et ce n’est pas tout. C’est également au nom du défi de la continuité et de l’accès à l’électricité – et en vue de renforcer le parc de production – d’importants investissements ont été engagés pour doter l’EDM de nouvelles centrales dont celle de Sirakoro. Son opérationnalisation était prévue pour le 22 de ce mois, mais le planning de sa réalisation accuse des glissements consécutifs à des aléas exogènes : le démarrage tardif lié à certains riverains, la pandémie à coronavirus et l’engorgement de la chaine logistique qui en a résulté. A tout ceci est venu s’ajouter l’embargo dont la levée permettrait d’acheminer le restant des matériaux bloqués au port d’Abidjan et de rendre fonctionnelle la centrale de Sirakoro réalisée à 85% selon le chef du projet. Au lieu de quoi, l’ouvrage ne saurait être opérationnelle avant la fin d’année et ne pourra par conséquent contribuer à juguler le phénomène des délestages à répétition et à affranchir EDM de la dépendance des pays de la sous-région dont la Côte d’Ivoire, en deçà ses engagements contractuels de fournir 100 mégawatts au Mali,
Autre mesure brandie par le DG : la mise disposition de quatre (4) centrales dont 3 de 50 MW à Kati, Kalaban et Sikasso et une (1) de 30 MW à) Darsalam. Si la centrale de Kati est opérationnelle, un léger retard, imputable à des facteurs exogènes, frappe les autres.
Pour ce qui est des perspectives, le DG a annoncé un plan de développement quinquennal du sous-secteur de l’électricité sur la période 2022-2026. Déjà élaboré, selon ses explications, ce plan, qui accorde une part plus importante aux énergies renouvelables (hydroélectrique et solaire) ainsi que l’accès aux marchés de l’électricité de la Cedeao qui va permettre de quitter le mixte énergétique. Ledit plan, dont la mise en œuvre coutera 2 300 milliards de nos francs, prévoit également le renforcement des capacités et la restructuration des réseaux de transport et de répartition.
Amidou Keita