A l’issue d’une visite à la centrale électrique de Darsalam avec les hommes de medias, les membres de son staff et les représentants des travailleurs, le directeur général d’EDM-Sa, M. Doroh Berthé a animé une conférence de presse lors de laquelle il a brossé les difficultés que traverse EDM-Sa, les mesures d’urgence mises en œuvre, mais aussi, le programme de coupure hebdomadaire mis en place pour mieux partager l’électricité entre les abonnés. Il avait à ses côtés son DGA, Boubacar Keita et son Directeur adjoint technique, Mahamadou Guindo.
Cette journée de mercredi dernier a commencé par une visite à la centrale électrique de Darsalam où les hommes de medias ont pu voir les travaux en cours (installation de 20 groupes électrogènes de 18 mégawatt, de transpots de 20 mégawatt, la tribune à combustible en panne…).
Ensuite, on s’est rendu à la direction de la société EDM-Sa où le directeur général Doroh Berthé a animé une conférence de presse.
Pour le DG, le sujet concernant l’énergie est sensible, complexe et très délicat.
Selon lui, il est sensible car il touche le bien-être des Maliens, étant donné que les coupures leur touchent sur le plan sanitaire, commercial…
Aussi, pour lui, il est complexe car « nous sommes dans un mixe énergétique qui, pour répondre à nos attentes, demande des planifications et des investissements ».
Certes, des investissements ont été faits, explique le DG. Mais selon lui, ils ont subi une crise car le Mali vient de sortir d’une crise qui a affecté tous les secteurs économiques et sociaux du pays. Et le secteur énergétique n’a pas été épargné car il a été fortement touché par cette crise. D’ailleurs dit-il, ses séquelles font que certaines choses n’ont pas été faites dans le temps imparti.
Le DG a aussi laissé entendre que le sujet est délicat parce que le contexte l’exige.
« Nous coupons l’électricité, qu’est-ce qu’on peut dire aux gens qui ont besoin de courant, car quoi qu’on dise, le citoyen lambda dira qu’il a besoin de son courant. Et c’est ce qui rend la chose délicate. », explique M. Berthé.
Comment s’est créé le déficit ?
Voici les explications du DG Doroh Berthé : « cela a commencé par la centrale de Manantali qui est la plus grosse centrale qui nous livre l’énergie. Sur les cinq groupes, nous avons perdu un en 2013, et les autres après. Car, cette centrale a dépassé sa décennale parce que les centrales hydro-électriques doivent être entretenues chaque 10 ans. C’est la révision décennale. Car l’alternateur et la tribune ont besoin d’être entretenus. Cela n’a pas été fait. La conséquence immédiate a été l’arrêt d’un groupe, ce qui a fait 40 mégawatt de moins. ».
Il poursuit en ces termes : « On a continué ainsi et un deuxième a déclaré des anomalies, donc il fallait limiter la charge. Ce qui fait que sur 200 mégawatt, Manantali ne donnait plus que 120 mégawatt, pour trois pays ».
Cette situation a créé un gap. Le second gap, selon lui, provient de Selingué, une autre centrale qui est également constituée de quatre groupes.
Le DG Berthé explique : « Ces quatre groupes ont dépassé totalement et de loin, la décennale. Là aussi, on a connu le même phénomène, un groupe s’est arrêté, on a commencé à le réparer. L’alternateur a été réparé mais la tribune présente des anomalies, donc on ne peut pas monter le groupe.Entre-temps, le deuxième a signalé des fuites. Jusque-là, on n’est en train de chercher des moyens pour réparer ces fuites.Donc, Selingué qui pouvait donner 44 mégawatt est tombé à 20 mégawatt. ».
Pire, explique-t-il, « la semaine dernière seulement, un groupe a fumé, donc il a fallu arrêter totalement sa production. Ce qui a amené la crise du mardi 1er au mercredi 2 avril dernier. Cela n’est pas passé inaperçu car l’ensemble de la population de Bamako l’a senti car cela a amené le déficit immédiat à 25 Mégawatt. Donc, il fallait couper tout de suite. »
Cependant dit-il, ils ont réussi à remettre les groupes en marche. Mais, il fallait limiter car de 20 mégawatt on est descendu à 14 mégawatt.
Une coupure de 4 heures le jour et de 2 heures la nuit !
Donc, il fallait urgemment se retourner vers les partenaires, dont la Côte-d’Ivoire avec laquelle, un accord a été signé il y a quelques jours. Une situation qui a un peu amorti la crise mais le déficit est resté.
En plus de cela explique le DG, à la centrale de Balingué qui est le poste le plus important dans le dispatching de l’énergie à Bamako, certains groupes étaient en cours de réparation, où un groupe a été mis en place, réduisant le déficit entre 8 à 10 mégawatt.
C’était gérable à travers des coupures tournantes sur le réseau, moins sensibles à la population, indique le DG.
Mais, la situation s’est compliquée, du côté de Boulkassoumbougou, Sangarebougou, Doumazana, Djelibougou depuis fin mars car, c’est là bas que la crise a commencé étant donné que cette zone était alimentée par la zone A (interconnexion Côte-d’Ivoire).
« Il y a eu des incidents sur ce réseau, et chaque déclenchement de la ligne 225 qui lit la Côte-d’Ivoire au Mali générait des déficits car cela déclenchait les groupes de Balingué. Alors qu’il faut au minimum 45 minutes pour pouvoir reprendre la charge, pour pouvoir rétablir le réseau dans sa configuration car il faut respecter certains indicateurs. », regrette, le DG. Qui explique que face à cette situation, ils ont jugé nécessaire de mettre en place un programme hebdomadaire de coupures afin de permettre aux populations de bénéficier de la même manière de l’énergie. Une coupure de 4 heures dans la journée et de 2 heures la nuit et par secteur.
Enfin, le DG a présenté ses excuses aux populations pour les désagréments subis par les coupures intempestives d’électricité.
G. Diarra