Détournement de 85 millions FCFA à EDM-SA : Les jeux troubles du contentieux juridique

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La disparition de 85 millions F CFA à la société EDM-SA à Markala ravive en ce moment les convoitises à la direction centrale  du service à Bamako. Une affaire qui rappelle tristement celle du night-club « Evasion» au milieu des années 90.

Ca se passe à EDM – SA, Markala où 85 millions F CFA ont mystérieusement disparus des caisses. Banal, serait-on tenté de dire au regard de la dimension de la gabegie financière dans notre pays. Les rapports de contrôle et d’audit ne font-ils pas régulièrement cas de détournement, de manque à gagner et autres graves manquements à l’orthodoxie financière?

Il s’agit donc d’un fait presque endémique avec une tendance à la banalisation. Et le phénomène est exacerbé par des dessous juridico-juridiques.

L’affaire remonte à  2001. Suite à une enquête diligentée par la direction d’EDM S.A, les contrôleurs mettront à jour «un manque à gagner» de 85 millions F CFA. Toute chose qui conduisit à l’arrestation du chef de Centre Kalilou Touré. Restait même à faire toute la lumière sur l’affaire et surtout, permettre à la société EDM S.A de rentrer dans ses dus. Là commence le business ! Explications !

Savez-vous, soit-dit en passant, pourquoi l’Etat malien perd généralement ses procès face à ses commis ou à tous particuliers? Eh bien, parce que ses services du contentieux entretiennent très souvent des accointances avec les accusés, voire les inculpés, leurs conseils, et les magistrats. Après tout, c’est l’Etat providence qui paye ! Il est alors très souvent condamné pour ce faire. Ne reste plus aux protagonistes qu’à se partager le butin… Il s’agit d’une autre forme de transaction qui a tendance à se généraliser au même titre que les autres marchés douteux.

A titre illustratif, l’Etat malien a payé plus de 100 milliards F CFA à l’issue des procès truqués du genre, de 1997 à nos jours.  C’est le business et la chasse gardée des contentieux de l’Etat. Ils ont, pour ce faire,  leurs propres réseaux d’avocats, d’experts et de magistrats. Et depuis un certain temps, le phénomène gagne les sociétés anonymes et entreprises privées.
A propos d’EDM S.A, la société a engagé une procédure en bonne et due forme afin de rentrer dans ses dus.  Normal ! Mais voilà que le service du contentieux choisit expressément un autre créneau dont la fiabilité est loin d’être garantie. En clair, la direction d’EDM-S.A craint, à juste raison de perdre son procès et par devers, ses 85 millions F CFA à travers des manœuvres douteuses de son service du contentieux.

Il ne s’agit nullement de préjugés contre cette structure. Ce service a plusieurs fois donné un aperçu de sa réputation.  L’affaire du night-club « Evasion» et bien d’autres l’attestent.

Au milieu des années 90, un incendie ravagea cette boite très de nuit très prisée, faisant d’importants dégâts matériels. Les causes du sinistre furent attribuées à la société EDM laquelle paya les dommages. Le service du contentieux dénonça par la suite des manœuvres entre le promoteur de la boîte et le directeur d’EDM. Ce dernier, Harouna Diakité fut interpellé et incarcéré. Mais à la suite de son procès, il fut innocenté et libéré. Pour sa part, la société EDM fut condamnée à lui payer plusieurs centaines de millions F CFA pour préjudices causés.

Un véritable gâchis
En somme, la méfiance de la direction d’EDM – sa se justifie amplement. Son service juridique n’a pas bonne presse. Il traîne dans son sillage beaucoup d’autres affaires douteuses qu’on aura certainement l’occasion d’évoquer.  En attendant, et pour leur défense, les responsables de cette structure (le contentieux), évoquent maladroitement l’appartenance ethnique des membres de la Direction pour sortir le chef de centre, M Kalilou Touré du trou.
Trop léger comme argument de l’avis de la direction dont le seul et unique objectif de rentrer dans ses dus. Et ce n’est pas trop demander !

A suivre
B. Diarrassouba

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